Le nouveau stade de Wembley, à Londres, a une capacité de 90.000 places. Ce qui est désormais largement suffisant pour permettre à la British Army d’inviter la totalité de ses soldats professionnels à assister à une rencontre de l’équipe d’Angleterre de football.
Et encore, il y aura encore de la place puisque ses effectifs seront ramenés à 82.000 hommes dans le cadre du plan « Army 2020″, qui prévoit de recourir à 30.000 réservistes.
Cela étant, il n’y a rien de bien nouveau car cette réduction drastique des effectifs était annoncée. Ce qui était attendu, en revanche, c’était le nouvel ordre de bataille de la British Army et les noms des unités appelées à disparaître ou à fusionner. Et la liste a été rendue publique le 5 juin.
Comme les décisions prises outre-Manche pourraient constituer une source d’inspiration pour les responsables français, il est toujours utile de voir comment les Britanniques compter réorganiser leurs forces terrestres. Et cela d’autant plus que la France et le Royaume-Uni, qui ont sensiblement le même nombre d’habitants, ont eu en commun, du moins jusqu’ici, des ambitions proches en matière militaire ainsi que des contraites similaires, avec par exemple la nécessité de protéger des territoires outre-Mer.
Ainsi, 23 unités sont concernées par ces nouvelles coupes. Pour la Cavalerie, le Queens Royal Lancers et le 9th/12th Royal Lancers, tous les deux spécialisés dans la reconnaissance, vont fusionner. De même que les 1st et 2nd Royal Tank Regiments.
Pour le Corps of Royal Engineers (Génie), la saignée va être douloureuse avec la perte de 5 unités, dont le 24 Commando Engineer Regiment, les 25 Engineer Regiment, 28 Engineer Regiment et 38 Engineer Regiment ainsi que le 67 Works Group.
L’Infanterie ne s’en sortira pas mieux, avec 6 bataillons appartenant à des régiments prestigieux qui seront concernés soit par une dissolution, soit par une réduction d’effectifs, de même que le Royal Logistic Corps (RLC), avec 6 unités qui seront rayées de l’ordre de bataille à partir de 2014.
Les artilleurs ont quant à eux limité la casse, avec seulement deux unités appelées à disparaître d’ici 2015. L’une, le 39 Regiment Royal Artillery, est dotée du système MLRS, tandis que l’autre, le 40 Regiment Royal Artillery, met en oeuvre l’obusier L118 Light Gun.
Egalement touché par les restructurations, l’Army Air Corps, c’est à dire l’équivalent de l’ALAT en France, va fusionner 2 régiments avant octobre 2015. Enfin, le 7th Signal Regiment, dont la spécialité est d’assurer les communications en opérations extérieures, sera dissout et le 101 Force Support Battalion sera transformé en unité de réserve.
Pour résumer, afin de réduire ses effectifs de 20.000 hommes, la British Army a donc recours à des dissolution d’unités, notamment pour le Royal Logistic Corps (RLC), à des fusions ou à des diminutions de format de plusieurs régiments.
Cela étant, cette restructuration est dure à faire avaler aux personnels des forces terrestres britanniques au point que le chef de corps du Royal Regiment of Fusiliers, le Brigadier David Paterson, s’en est ému dans un courrier adressé à son chef d’état-major en estimant que ces coupes n’étaient pas militairement « sensées ».
Considérant que le monde reste instable, Jim Murphy, qui est en charge des affaires militaires au Parti travailliste, a estimé que « ce plan visant à faire la plus petite ‘army’ depuis la guerre des Boers est une réponse totalement inadéquate », et cela d’autant plus que, selon lui, ces coupes sont les plus importantes, en proportion, que celles opérées par les pays alliés au Royaume-Uni.
« Avec des coupes de 20.000 hommes, il est inconcevable qu’il n’y aura pas d’impact sur la projection de forces » a-t-il encore déclaré. « Je crois en l’effet dissuasif de l’armée britannique et de sa capacité à se déployer, mais pour que cela soit efficace, il faut à la fois de la flexibilité et de la durabilité. Ces plans peuvent fournir aux forces de la flexibilité, mais il n’est pas certain qu’ils leur donneront de la durabilité » a-t-il ajouté. « Ce n’est pas juste une ‘Army’ plus petite, c’est aussi une ‘Army’ moins puissante dans une nation moins influente » a-t-il ajouté.
Ce constat est partagé par l’UK National Defence Assocation, dont le porte-parole a déclaré que « ces coupes sont dangereuses étant donné qu’elles peuvent être interprétées comme une aveu du gouvernement que nous ne pouvons plus jouer un rôle influent sur la scène mondiale ». Et d’ajouter que « l’intention du gouvernement de combler quelques lacunes dans nos capacités militaires en étendant le rôle d’une ‘Army’ territoriale est désespérément irréaliste ».