Après qu’un sergent-chef de l’Autorité Palestinienne a été abattu, alors qu’il avait ouvert le feu sur trois soldats israéliens et les avait blessés à un poste de contrôle dimanche, le principal quotidien israélien a décrit l’incident comme le « scénario catastrophe que redoute tant Israël depuis des mois ».
Israël a depuis bouclé pour une durée indéterminée le secteur de Ramallah en Cisjordanie occupée, où s’est déroulé l’incident.
L’incident va creuser le fossé existant entre les dirigeants politiques d’Israël et son armée, qui n’ont pas réussi à trouver un consensus sur la façon de réagir à la forte escalade depuis quatre mois d’une confrontation meurtrière sans fin entre Palestiniens et soldats et colons israéliens.
« Le salaire du terroriste lui vient de l’Autorité Palestinienne – ses dirigeants sont derrière les incitations à la terreur contre Israël », a déclaré dimanche Benjamin Netanyahou.
« Abbas n’a pas condamné l’attaque perpétrée par ses hommes. Tandis qu’Israël combat le terrorisme, la communauté internationale doit mettre un terme à l’hypocrisie et exiger de l’Autorité Palestinienne qu’elle cesse les incitations qui attisent les flammes du terrorisme », a ajouté le premier ministre israélien.
L’incident mortel de dimanche s’est déroulé à Beit El, colonie juive près de Ramallah, siège de l’AP.
Construite en terre palestinienne, Beit El abrite l’administration civile israélienne, bras administratif de l’occupation militaire, et son bureau de district. C’est le lieu de fréquentes confrontations avec de jeunes Palestiniens protestant à la fois contre l’occupation israélienne et la coordination sécuritaire entre l’AP et Israël.
Les forces de sécurité de l’AP ont parfois dispersé manu militari ces manifestations, et Israël a tiré à balles réelles sur de jeunes manifestants à Beit EI, faisant deux morts, dont un enfant.
M. Netanyahou a déjà accusé les médias d’incitation et le dirigeant de l’AP Mahmoud Abbas d’être responsable des attaques présumées de colonies de peuplement et de postes de contrôle, tandis que l’armée israélienne et les services de renseignement réaffirment qu’il est essentiel de poursuivre la coordination sécuritaire avec l’AP pour empêcher une nouvelle escalade de la violence.
Majid Faraj, directeur du Service des Renseignements Généraux de l’AP, s’est récemment vanté à Defense News que depuis octobre, l’AP a « empêché 200 attaques contre des Israéliens, confisqué des armes et arrêté une centaine de Palestiniens ».
Le gouvernement israélien a confirmé cette affirmation à Haaretz, qui a précisé que « la plupart des arrestations concernaient des agents du Hamas, que l’AP redoute tout autant qu’Israël ».
Un agent de l’AP ouvre le feu sur des soldats
Des témoins ont décrit l’attaque de dimanche à Ma’an News Agency, disant qu’ « un véhicule palestinien s’est approché d’un poste de contrôle israélien et s’est arrêté pour inspection. Lorsqu’un soldat israélien s’est approché de la vitre du conducteur, celui-ci a ouvert le feu, tirant aussitôt sur le soldat ».
Deux des trois soldats blessés seraient dans un état grave, tandis que le troisième n’a été que légèrement blessé, d’après le service des urgences médicales israéliennes, Magen David Adom.
L’agent palestinien abattu a été identifié comme Amjad Sukkar, 34 ans et père de quatre enfants, vivant dans le secteur de Naplouse au nord de la Cisjordanie.
Le poste militaire israélien où Amjad Sukkar aurait tiré sur des soldats avant d’être tué est connu des Palestiniens comme le poste de contrôle des VIP, étant donné que seules des personnes autorisées peuvent le franchir. Sukkar, chauffeur et garde du corps du procureur général de l’AP, aurait été en possession d’un laisser-passer lui permettant d’emprunter ce poste.
Il n’est pas le premier membre des forces de sécurité de l’AP – qui sont entraînées et armées sous l’égide des EU et de l’Union Européenne, et ont collaboré avec Israël lors d’exécutions extrajudiciaires de dirigeants politiques et de la résistance armée à Gaza – à avoir été abattu lors d’une attaque présumée de soldats ces dernières semaines.
Comme l’a rapporté Defense News le mois dernier, Mazen Oraibi, « agent sous le commandement de Faraj, a été tué par des soldats israéliens après qu’il aurait ouvert le feu à un poste de contrôle avec son arme légale blessant deux personnes. » La publication a ajouté qu’Oraibi était un membre de la famille de Saeb Erekat, négociateur en chef avec Israël pour l’AP.
Haaretz a souligné dimanche que MM. Sukkar et Oraibi « occupaient tous deux des fonctions nécessitant une accréditation des services de renseignement de l’AP. »
Le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme a rapporté qu’après qu’Oraibi était mort des soldats lui ont tiré dans la tête à bout portant.
Assassinats ciblés
Plus de 100 Palestiniens dont 25 enfants, et 25 Israéliens ont été tués dans des attaques de Palestiniens et des attaques présumées contre des Israéliens en Cisjordanie et en Israël entre le 1 octobre et le 25 janvier, selon le groupe de surveillance des Nations unies OCHA. Des dizaines d’autres Palestiniens ont été tués alors qu’ils participaient à des manifestations ou se trouvaient dans les parages de mouvements de protestation.