Installé dans un théâtre du sud de Londres, "Mazi Mas" est un restaurant qui se veut féministe : en cuisine, sept femmes-chefs immigrées y mitonnent l’authentique cuisine de leur pays, trouvant ainsi un emploi autrement inaccessible et leur place dans la société britannique.
L’analyse économico-humanitaire de E&R
Sans vouloir jouer les rabat-joie, il se trouve que la plupart des réfugiés(e)s qui trouvent du boulot, en trouvent principalement dans le premier secteur employeur de clandestins : la restauration (et l’hôtellerie, accessoirement). Et il y a de quoi faire : la France est peuplée de 78 000 restaurants et gargotes , du triple étoilé au food-truck à pizzas.
Ainsi, à Paris, où 5000 établissements nourrissent les 2,2 millions de Parisiens (dont 500 000 actifs sur les 1 600 000 actifs parisiens), augmentés des travailleurs de banlieue (un bon million donc) et des touristes (60 000 étrangers solvables en situation régulière – on préfère préciser –différents par jour en moyenne, soit 22 millions par an), la moindre descente des services de l’Etat ou de la Mairie provoquerait un envol de drôles d’oiseaux multicolores.
Oui mais voilà, commerce oblige, la France a besoin de ces clandestins-là. Objectivement, elle n’a pas besoin de ceux qui ne travaillent pas, les inactifs comme disent les capitalistes précieux, ou les inutiles, comme disent les vilains fascistes. Oui mais voilà, quand on travaille, même au black, on ramène en douce sa femme (si on ne la trouve pas sur place), et éventuellement ses enfants, au compte-goutte, un par un, par le Migroduc qui passe sous la Méditerranée (en voie de construction, histoire de mettre un terme aux noyades), ou alors on fait des enfants, qui deviennent automatiquement français par le droit du sol, et l’on devient soi-même français par la même occasion.
À quand un Code du Travail Précaire ?
Après ces questions brûlantes, les professionnels savent qu’employer un clando, si ça ne rapporte pas énormément, ça coûte en tout cas moins cher. Le problème, en France, d’un point de vue économique, ce sont les charges écrasantes pour les petits établissements, qui « obligent » à tourner un peu la loi, ou les lois. On dit toujours que les Français sont truqueurs, malins, obsédés par le système D. Oui mais faut voir dans quel entrelacs de lois, de décrets, d’alinéas ! Un étouffoir d’activité, voilà ce qu’est la loi française. On ne tape pas sur le sacro-saint Code du Travail, qui protège les employés « officiels », c’est-à-dire en CDI ou CDD.
Mais les autres, qui sont de plus en plus nombreux ? Les précaires, les indé(pendants), les temps partiel, les auto-entrepreneurs, les saisonniers, les TIG, les corvéables ? Le Code du Travail est très bien, d’un point de vue syndical, mais il date. Soit on le modernise, soit on le retaille un peu sur les bords, afin de faire entrer tout le monde. Parce qu’il y a du monde qui frappe à la porte !
Mara Klein, responsable du projet : « Le multiculturalisme est extraordinaire ! »
(Surtout quand ça rapporte, en fric et en image, NDLR)
En tous les cas, derrière ce joli coup de com de la jolie Mara Klein (le premier qui sort une vacherie...), les réfugiées qui font la tambouille aux Londoniens, on leur souhaite de bien s’intégrer, de gagner leur vie mieux que dans leurs pays respectifs, et de faire plein de bons petits citoyens – blancs ou pas – de Sa Majesté.
On peut rêver, non ?