Il y en a bien un. Laissez-nous vous raconter la belle histoire de Sylvester, le vrai, pas sa marionnette des Guignols.
Sylvestre est né avec une malformation du visage due à un accouchement difficile, d’où ces yeux de chien battu. Mais le petit Rital se battra toute sa vie, et réussira un jour, sans faire partie de la grande famille du cinéma, à y entrer, mais par la petite porte, et toujours en forçant le cadre. Il placera son scénario d’un jeune boxeur pauvre dans un quartier pauvre. Le premier Rocky est né, et à l’instar du premier Rambo, c’est avant tout un film social, et un bon film social. Eh merde, Le Monde dit comme nous.
Les Américains ne sont pas très doués dans ce genre (social), mais quand ils s’y mettent, c’est en général efficace, c’est moins chiant qu’un Dardennes. Et Rocky, le rêve américain difficile à atteindre, ça a touché le cœur des gens, qui ne sont pas tous milliardaires, blonds, souriants et élancés. Venice, Miami, la Grande Pomme, c’est la carte postale. Chez nous on la Côte d’Azur, qui cache bien nos cités pourries dans lesquelles, d’ailleurs, les touristes ne vont jamais, no go zone !
L’histoire commence donc mal pour Stallone, qui cachetonne partout où il peut, mais il n’a pas les codes. Alors il écrit son scénario, comme un fou, même s’il ne sait pas écrire. Mais il force son écriture, l’épure, et va faire le tour des producteurs pour tourner Rocky. Le scénar est si bien ficelé que les investisseurs sentent le bon coup. Mais voilà, Sylvester, baptisé « Sly » par la presse populaire après son succès, veut non seulement être le scénariste, mais il veut le rôle-titre !
S’engage alors une bataille autour de ces fonctions, car Hollywood ne plaisante pas avec les postes. On vous passe les détails, Sly réussit à jouer et tenir son texte avec un budget hyper réduit, une misère. Tant pis, c’est son film. En passant, il obtient 75 000 dollars d’un certain Irwin Winkler, et vous verrez que ça a son importance. Ah, on voit dans la salle que des petits malins ont déjà compris, mais chut, ne dites rien aux autres, ici, on ne spoile pas.
Dans son contrat, Sly accepte évidemment le pognon d’Irw, sinon il ne peut pas assister au premier coup de manivelle, mais il cède une partie de ses droits, non seulement sur Rocky, mais aussi sur une série possible : bingo, avec les 6 Rocky, il y aura aussi les 3 Creed ! La sage de boxe revient aujourd’hui à, tenez-vous bien, accrochez vos ceintures, mettez vos masques, voilà, à la bagatelle de 1,7 milliard de dollars. Oui, vous avez bien lu, Irw en 46 ans a fait une culbute de 22 000 fois sa mise (même si les dollars de 1976 ne sont pas ceux d’aujourd’hui, mais on ne va pas chipoter) !
Pour rigoler un peu, illustrons cette affaire avec un autre texte traduit par un site chelou :
Sylvester Stallone était l’écrivain et la star du film à succès de 1976 Rocheux et ses 5 suites, mais il ne possède aucun des droits sur sa création. La star d’action demande au producteur Irwin Winkler de lui donner « ce qu’il reste de [his] droits de retour », un « sujet douloureux », dit Stallone, « me ronge l’âme ».
« Après qu’IRWIN ait contrôlé ROCKY pendant plus de 47 ans, et maintenant CREED, j’aimerais vraiment avoir au moins un peu CE QU’IL RESTE de mes DROITS, avant de le transmettre UNIQUEMENT à VOS ENFANTS – je crois que ce serait un geste JUSTE de ce 93 gentleman d’un an », Stallone a légendé un dessin « très flatteur » via Instagram dimanche de Winkler avec une lame dépassant de sa bouche et un corps qui ressemble à un serpent.
Rocheux, c’est Rocky, hein. On n’a pas traduit la page du National Enquirer (au-dessus de la traduction pourrie), mais disons que dedans, on y trouve « bloodsucker », suceur de sang et autres amabilités.
Vous l’aurez compris, une histoire similaire arrivera aux Inconnus qui, quand ils n’étaient rien, ont signé pour un peu d’argent – c’est bien naturel pour des artistes fauchés –, un contrat qu’ils ont fini par regretter. Le pire, c’est que dans cette affaire, Lederman, leur producteur et manager, ne les a pas escroqués, il a juste eu le nez fin et a fait une bonne affaire. Qui d’autre aurait parié sur ce trio incertain ?
C’est pourquoi, après des décennies de combat judiciaire, les trois ne pourront ou ne voudront plus jouer ensemble (d’où ces duos dans le trio) sous peine de reverser une bonne partie des droits à l’ami Paul.
« On a été naïfs, on a été trois jeunes cons avec un requin »
Si Paul Lederman ne remet pas en question le talent artistique des Inconnus, il dénonce toutefois leurs qualités humaines, expliquant qu’« il y a des gens qui sont des génies mais qui sont humainement à chier ». « Je ne veux pas faire de règlement de compte. Je regrette de les avoir rencontrés parce que humainement, j’avais eu la chance d’avoir des artistes comme Claude, comme Coluche, comme Thierry, qui ont été merveilleux et là je suis tombé sur des gens qui humainement n’ont pas été à la hauteur. Peut-être que je n’ai pas été à la hauteur non plus », a-t-il déclaré au micro de Benjamin Petrover. (Ozap)
Lederman a aussi découvert et couvé Coluche, une autre poule aux œufs d’or.
Le Wikipédia français ne nous disant pas qui est Irwin, oh les cachottiers, on a été traduire le Wiki américain, avec Google.
Winkler est né dans une famille juive de New York, de Sol et Anna Winkler. Ayant grandi à Coney Island, l’un de ses premiers emplois a été de faire un tour pare-chocs sur la promenade. Winkler a obtenu son diplôme d’études secondaires tôt et est entré à l’Université de New York, mais ne se sentait pas à sa place parmi les étudiants plus âgés et plus matures, dont beaucoup étaient d’anciens soldats de la Seconde Guerre mondiale qui étaient entrés à l’université sous le G.I. Facture. Au début de la guerre de Corée, il s’est porté volontaire pour rejoindre l’armée et a été stationné en Louisiane pendant deux ans. Après avoir terminé son service, Winkler est retourné à l’Université de New York et a ensuite obtenu un diplôme en littérature américaine en 1955.
Oh, un diplôme de littérature, tout s’explique !