Francis Kalifat, le président du CRIF – le Conseil représentatif des institutions françaises, pour être réaliste –, a convoqué Fabrice Fries, le PDG de l’Agence France-Presse. On ne refuse pas une convocation du CRIF, sinon on peut avoir des ennuis. Imaginez un directeur de l’AFP qui oserait diffuser une information considérée comme antisioniste sur le Proche-Orient... Impensable. Une piqûre de rappel sioniste n’est jamais inutile.
L’entretien a eu lieu « la semaine dernière », selon l’article paru sur le site du CRIF en date du 14 mai 2019. C’est flou, ça n’a pas l’air officiel mais c’est très sérieux : Kalifat a passé ses consignes à la 3e agence de presse du monde, l’air de rien. Et on vous le donne en mille, il s’agissait de réorienter les dépêches dans un sens encore plus israélo-compatible.
Car une image d’Israël dégradée dans l’opinion (c’est encore possible ?), ça peut mener à des crimes antisémites, si si :
« Au cours de l’entretien, le Président du Crif a exprimé son inquiétude d’une lecture parfois tendancieuse du conflit israélo-palestinien par l’AFP, ayant notamment des conséquences directes sur l’antisémitisme en France.
Le Président de l’AFP a expliqué les modes de fonctionnement de l’Agence, le Président n’étant pas en charge de la rédaction.
Francis Kalifat a néanmoins présenté et remis au président de l’AFP plusieurs cas d’analyse de dépêches AFP qui pourraient entraîner des répercutions violentes voire des agressions antisémites. Il a cependant tenu à souligner la différence entre l’analyse politique du conflit et des reportages à caractère tendancieux et parfois fallacieux d’événements liés au conflit.
Fabrice Fries a montré une attention pour les analyses présentées, et propose d’organiser un entretien avec les responsables de rédaction de l’Agence. »
On sent que le pauvre Fries, tout énarque sorti dans la botte qu’il est, n’a pas pu résister longtemps à l’« inquiétude » du calife de France. Il a beau avoir probablement expliqué qu’une dépêche est une dépêche, un fait un fait, qu’il n’était pas en charge de la rédac mais de la gestion de la maison, qui a déjà du mal à survivre dans un environnement économique difficile, et pour cause, la propagande se vend de plus en plus mal, et ne parlons pas de la propagande sioniste !, rien n’y a fait, donc, Fabrice s’est retrouvé à devoir convoquer les responsables de rédaction de l’Agence pour leur délivrer le brief, que disons-nous, l’injonction communautaire.
C’est ça le problème des postes à responsabilités pour nos brillants hauts fonctionnaires : on sacrifie sa jeunesse à bosser comme un dingue, on réussit le concours de l’ENA, on choisit la Cour des comptes, on navigue à la tête des plus beaux fromages de la République, on profite du Système et un jour, plaf, la convoc du pouvoir profond, qui t’engueule comme une merde. Tout ça pour ça, aurait dit Lelouch.
La « vérification de l’information »...
La suite de l’article du CRIF nous a fait découvrir un nouvel euphémisme. Mais d’abord, le texte sirupeux plein de bons sentiments déontologiques :
« La vérification de l’information est au cœur de la mission et des pratiques de l’AFP, pionnière des agences mondiales d’information, depuis ses débuts il y a plus de 180 ans. En établissant aujourd’hui un site consacré au fact-checking, l’Agence répond à la multiplication des fausses informations sur tous les supports.
Sur ce site, les journalistes de l’AFP démontent factuellement des mensonges et des demi-vérités. Ils fournissent aussi le contexte sans lequel une information manque de sens, voire conduit au contresens. Leur travail, qui vise la neutralité et l’absence de préjugés, peut également aboutir à confirmer la véracité d’informations jugées douteuses par une partie du public. »
C’est bien ça, « la vérification de l’information », c’est le passage de la Censure qui repère et corrige tout ce qui peut déranger le pouvoir profond, à savoir le CRIF, qui en est le représentant légal.
Ne manquez pas le portrait du vaincu, Fabrice Fries, sur le site de l’Acrimed, dont voici un extrait :
« Fabrice Fries patron de l’AFP, un scandale ?
La réponse est dans la question. À bien des égards, cette fausse élection fait écho à la nomination de Sibyle Veil à la tête de Radio France, dont le “projet stratégique” partage, avec celui de Fabrice Fries, un amour inconsidéré pour le privé, la novlangue managériale, les méthodes marketing et la rigueur budgétaire. L’arrivée de ces personnages aux postes de direction de deux maisons-clés du secteur médiatique témoigne d’une prise en main inquiétante de l’information par des hérauts du management. Dénués de tout sens de service public comme de tout attachement au journalisme en tant que mission d’intérêt public, ces deux spécimens de l’entreprise accompagnent, par leurs “visions”, le délabrement du paysage médiatique et noircissent davantage le devenir de l’information et de ses conditions de production. »
La nomination de Fries témoigne d’une prise en main inquiétante de l’info par les hérauts du management, c’est un fait.
On vient d’assister en direct et de manière incroyablement officielle à la prise en main encore plus inquiétante de l’info par les hérauts du lobby sioniste.
Cependant, quand on sait que l’AFP est la descendante d’Havas qui a été la première agence d’information privée française... sioniste, on se dit que la boucle est bouclée.