Ce que l’on pourrait appeler le « sionisme rose », le « pink zionism » après le pinkwashing, semble avoir de beaux jours devant lui.
La construction de camps géopolitiques antagonistes sur la base d’un clivage « gay friendly or not » nous est détaillée par Jean Birnbaum :
« Le soupçon a surgi de l’intérieur et c’est de l’intérieur qu’il prolifère maintenant. Un soupçon d’autant plus douloureux qu’il a été formulé de façon spectaculaire par Judith Butler, icône mondiale du mouvement LGBT (lesbien, gay, bi et trans). Le 19 juin 2010, lors de la Gay Pride de Berlin, la philosophe américaine a semé le trouble en refusant tout net le Prix du courage civique que les organisateurs s’apprêtaient à lui remettre. Elle, l’égérie de la théorie queer, a alors proclamé que la lutte contre l’homophobie avait dégénéré en action xénophobe et même raciste. "Nous sommes enrégimentés dans un combat nationaliste et militariste", a-t-elle lancé devant une foule médusée. Depuis lors, parmi les militants et les chercheurs, les questions se bousculent : le mouvement LGBT est-il rongé par l’"homonationalisme" ? Est-il devenu la lessiveuse d’un nouveau nationalisme qu’il viendrait "blanchir", à tous les sens du terme ? Autrement dit, ses revendications sont-elles instrumentalisées par les hérauts d’un Occident qui mène ses opérations militaires (en Orient) et ses descentes policières (en banlieue) au nom de la démocratie sexuelle ? (…) Dans cette hypothèse, la France deviendrait à son tour l’un des champs de bataille du front "homonationaliste". Chacune et chacun serait alors sommé de choisir entre deux camps : celui des homophobes et celui des xénophobes. Car telle est bien l’alternative infernale où nous enfermerait ce que certains nomment déjà le clash sexuel des civilisations. »
Pendant les guerres mondiales du 20ème siècle, les banquiers cosmopolites qui finançaient tous les belligérants utilisaient les médias pour construire les ennemis en produisant de l’homogénéité cognitive dans chaque camp, de sorte à fabriquer le consentement de chacun à l’agression de l’autre.
Aujourd’hui, dans cette perspective de construction de deux camps antagonistes, le sionisme rose cherche à faire croire qu’Israël est forcément dans le camp du Bien puisqu’on y prend le parti des minorités et de la liberté individuelle :
« La preuve, dira un propagandiste, les homosexuels et les femmes sont libres chez nous ! » (même si les femmes ne sont pas une minorité). « Et voyez ces pays comme l’Iran, où les homosexuels sont persécutés et la sexualité des femmes est réprimée ! Ne faudrait-il pas déclarer la guerre à ces dictatures islamiques pour libérer les gays et les femmes du régime infâme qui les menace, et qui nous menace également par ricochet ? »
Le but de ce management des perceptions consiste à fabriquer la perception d’une menace à partir de rien. De fait, l’Iran ne représente aucun problème rationnel à aucun niveau objectif. Il faut alors inventer de toute pièce le « casus belli » en communiquant sur des points de détail apolitiques tels que la liberté sexuelle individuelle.
Ce faisant, on participe à la montée de l’insignifiance et du hors-sujet en politique, comme dirait Castoriadis, puisque, faut-il le rappeler, le fondement du geste politique consiste toujours à soumettre la liberté individuelle à l’intérêt collectif et à son ordre, à rebours complet du mouvement dépolitisant de l’individualisme libéral-libertaire. Le sionisme rose devra en outre passer sous silence le programme raciste et machiste de stérilisation des femmes juives d’origine éthiopienne mené en Israël en toute impunité, de même que ses alliances géopolitiques avec d’authentiques dictatures islamiques répressives des femmes et des gays tels que l’Arabie saoudite ou le Qatar.
Pour conclure par la France : quelle que soit sa finalité ultime, la récupération d’un combat moral en faveur de certaines minorités alors qu’on en assassine d’autres, voire qu’on assassine la majorité, est à l’ordre du jour dans notre pays depuis Mai 68, et surtout depuis les années 1980. Les persécutions hétérophobes et christianophobes vont redoubler en France dès que la loi sur le « mariage pour tous » sera votée. Il faut donc s’organiser mais sans perdre de vue que ce n’est qu’un élément d’un arsenal dirigé contre l’espèce humaine dans sa globalité. Après les hétérosexuels ou les chrétiens, le transhumanisme visera aussi les homosexuels, les athées et les autres religions. Aujourd’hui, ce sont peut-être des alliés du Pouvoir, mais demain ce seront ses nouvelles cibles. Gardons la main tendue et travaillons sans relâche à leur faire comprendre qu’ils ne seront pas épargnés par la véritable stratégie à l’œuvre, celle du mondialisme, du capitalisme tout-puissant et de l’automatisation robotique et cybernétique généralisée.