De mémoire de rédacteur, on n’a jamais passé d’article du Grand continent sur E&R. Voici donc un extrait d’une charge (nucléaire) anti-Poutine, comme il se doit pour un think tank très euromondialiste.
Pour vous donner un aperçu des inspirateurs de la chose, nous citerons Wikipédia :
Les articles sont écrits par de jeunes chercheurs et universitaires. La revue publie aussi des discours, leçons, entretiens mais aussi des œuvres littéraires inédites de décideurs politiques, experts, artistes dont : Carlo Ginzburg, Pamela Anderson, Henry Kissinger, Laurence Boone, Louise Glück, Pascal Lamy, Mireille Delmas-Marty, Toni Negri, Olga Tokarczuk, Thomas Piketty, Élisabeth Roudinesco, Mario Vargas Llosa.
Il s’agit bien de la Pamela Anderson que tout le monde connaît.
En lançant pour la première fois sur l’Ukraine jeudi 21 novembre un missile balistique à portée intermédiaire capable de transporter une ogive nucléaire, Poutine a pleinement fait entrer la rhétorique nucléaire dans sa guerre contre l’Ukraine et l’Europe. Le lendemain, au cours d’une allocution télévisée, le président russe a haussé d’un cran supplémentaire ses menaces à destination de l’Occident. Nous le traduisons — et commentons son intervention ligne à ligne.
Jeudi 21 novembre, le président de la Fédération de Russie a prononcé une courte allocution dont on retient (outre le fait inexpliqué que ses mains soient restées absolument immobiles devant lui durant près de huit minutes, ce qui n’a pas manqué de susciter quantité de théories sur une éventuelle maladie ou sur l’usage de l’intelligence artificielle) essentiellement les menaces adressées à l’Occident en réplique à l’usage inédit, par l’Ukraine, de missiles longue portée en direction du territoire russe.
Le président Biden a, comme on le sait, autorisé l’Ukraine à employer contre la Russie des missiles dont la portée de 300 kilomètres permet d’atteindre une série de villes russes telles que Smolensk, Tula ou Voronej. Les autorités ukrainiennes n’ont pas manqué d’en faire immédiatement usage, en visant des cibles militaires dans les régions de Briansk et de Koursk avec les missiles américains ATACMS et les fusées britanniques Storm Shadow. La Russie y a répliqué en dévoilant une nouvelle arme de son arsenal : le missile balistique hypersonique Oreshnik (« Noisetier »), à portée intermédiaire, qui a frappé l’usine Pivdenmash de Dnipro, d’où sortent notamment les missiles de croisière Neptune.
Les principaux soutiens du Kremlin ont aussitôt laissé éclater leur joie. Margarita Simonjan, rédactrice en chef de Russia Today et de l’agence de presse Sputnik, s’est ainsi exclamée :
« Voilà deux ans qu’on me demande quand et comment tout cela finira, et deux ans que je réponds : quand, je ne le sais pas, mais cela se terminera par un ultimatum de missiles ».
Ramzan Kadyrov, chef de la République tchétchène, a quant à lui ajouté que l’usage du missile Oreshnik pourrait forcer les pays occidentaux à se mettre à la table des négociations, tout en appelant le Kremlin à montrer à la face du monde toute la puissance des dispositifs russes à longue portée, afin que l’Ukraine et l’Occident « tressaillent de peur ».
Pendant ce temps, des « experts » et des « journalistes » russes débattaient de cette nouvelle sur la chaîne NTV et en profitaient pour digresser sur la possible désignation par Trump de Boris Epshteyn comme négociateur pour la régulation de la guerre en Ukraine, se lançant dans une hallucinante séquence antisémite.
Pendant de très longues minutes, le présentateur Andrej Norkin et ses invités se sont demandé si l’on ne pouvait « vraiment pas se passer des Epsteins » et autres « Shapiros » (au pluriel), tout en élaborant sur les différences entre « les Epsteins » d’Ukraine, va-t-en-guerre incorrigibles et « les Epsteins » de Russie, autrement raisonnables, avant de conclure que Boris Epshteyn « trouverait un accord » puisque, « avec ces gens-là, on peut s’entendre », sachant qu’ils ne sont pas « arc-boutés sur la morale et les principes ».
Nous sommes au seuil de la guerre nucléaire — structurellement et indéfiniment depuis que l’arme nucléaire existe — et l’offensive idéologique est menée à grands coups de saillies culturalistes et antisémites, tandis que l’opinion publique européenne, loin de « tressaillir » comme le voudrait Kadyrov, continue pour l’essentiel à regarder ailleurs.
Le discours de Vladimir Poutine en Français
Je souhaite informer les effectifs militaires des Forces Armées de la Fédération de Russie, les citoyens de notre pays, nos amis de par le monde, et tous ceux qui persistent dans l’illusion d’imposer une défaite stratégique à la Russie, des derniers événements en cours sur le terrain de l’opération militaire spéciale, en particulier à la suite des attaques ayant visé notre territoire au moyen d’armes à longue portée de fabrication occidentale.
Les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN, qui poursuivent l’escalade du conflit provoqué par l’Occident lui-même en Ukraine, avaient précédemment annoncé qu’ils autorisaient le recours à leurs systèmes d’armement à longue portée et de haute précision pour des frappes visant le territoire de la Fédération de Russie. Tous les experts le savent, et nous l’avons d’ailleurs régulièrement répété de notre côté : l’usage de ces armements est impossible sans la participation directe de spécialistes militaires venus des pays qui les manufacturent.
Ce 19 novembre, six missiles tactiques ATACMS de fabrication états-unienne et, deux jours plus tard, une attaque combinée de missiles Storm Shadow et de systèmes HIMARS, respectivement d’origine britannique et états-unienne, ont frappé des objectifs militaires sur le territoire de la Fédération de Russie, en l’occurrence dans les régions de Briansk et de Koursk. Depuis ce moment précis, et conformément à nos avertissements passés, le conflit régional ourdi par l’Occident en Ukraine a acquis une nouvelle dimension, de caractère global. Nos systèmes de défense aérienne ont contrecarré ces attaques : aussi, nos ennemis n’ont pas atteint leurs objectifs.
L’incendie qui s’est déclenché dans le dépôt de munitions de la région de Briansk, causé par des chutes de débris de fusées ATACMS, a été maîtrisé sans causer de victimes ni de destructions sévères. Dans la région de Koursk, l’attaque a visé l’un des postes de commande de notre groupe « Nord ». Malheureusement, cette attaque et les ripostes anti-aériennes ont, cette fois-ci, entraîné des morts et des blessés parmi les effectifs de sécurité du site et le personnel de service. Toutefois, le personnel de commandement et le personnel opérationnel n’ont pas subi de pertes et continuent à diriger les opérations de nos troupes, déterminées à éliminer et repousser hors de la région de Koursk les unités militaires ennemies.
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