L’humoriste sera de passage au Théâtre de Beaulieu, les 24 et 25 janvier prochain. Prudence, du côté des autorités. Bonne stratégie ?
Pas une pub sur les murs, pas une annonce dans les journaux. Pourtant, depuis hier, les fans de Dieudonné ont commencé à se ruer sur les tickets de son prochain spectacle, La Bête immonde, qui sera joué à Lausanne le 25 et 25 janvier, au Théâtre de Beaulieu, ainsi que le 27 janvier à Fontainemelon (NE). Présent chaque année au Théâtre de Marens de Nyon (VD) depuis 2011, l’humoriste a donc cette fois opté pour une salle pouvant accueillir 1800 personnes, au cœur de la capitale olympique, comme le souligne La Liberté. Prix des places : de 59 à 95 francs.
En février dernier, son passage à Nyon avait mis la Municipalité sur les dents, en raison des nombreuses polémiques entourant son spectacle Le Mur, jugé antisémite par le pouvoir français, ainsi que son fameux geste de la « quenelle ». Après avoir finalement joué Asu Zoa, une version « soft » du Mur, Dieudonné s’en était tiré sans la moindre plainte, bien que son spectacle ait été enregistré par les autorités.
« Ne pas en faire une victime »
À nouveau dans le collimateur de la justice française après avoir ironisé sur la décapitation de James Foley, comment « Dieudo » sera-t-il accueilli à Lausanne ? Le syndic Daniel Brélaz opte pour une stratégie très paisible :
« Je ne suis pas fan de Dieudonné moi-même, mais il n’y a pas de raison de l’interdire a priori. Il n’a pas reçu de blâme éternel. Si la Police du commerce de Lausanne, qui est plutôt prudente, a donné son accord, c’est qu’il n’y a pas de motifs lourds pour l’empêcher de venir. »
Et de préciser que la question d’autoriser ou non le spectacle n’est pas remontée jusqu’à lui.
Pas de combat de boxe Brélaz vs Dieudonné à l’horizon, donc :
« En se faisant passer pour une victime, cet humoriste a réussi a constamment accroître son audience, à tel point qu’il n’a plus besoin de promotion. Nous n’allons pas lui faire ce plaisir. »
Si le spectacle « dérape », le syndic avertit cependant que l’artiste aura bien du mal à se produire à nouveau dans sa ville.
Un spectacle à nouveau sous surveillance
« Nous sommes convaincus que les autorités lausannoises et vaudoises auront à cœur de désapprouver, comme démocrates, la venue d’un antisémite et de s’assurer que les propos tenus lors de ces spectacles sont conformes à la législation », réagit pour sa part Johanne Gurfinkiel, de l’organisation de lutte contre l’antisémitisme CICAD. Cette dernière se réserve la possibilité d’assister à l’une ou plusieurs représentations.
« Quant à son public, je ne peux croire à son incrédulité ou son ignorance tout comme je déplore une certaine presse qui continue de le qualifier d’“humoriste controversé”. »
Accueillir « Dieudo », une déchéance pour ce lecteur :
Qu’en pensez-vous ?
Pourquoi le Théâtre de Beaulieu a dit oui
Lysander Jessenberger, directeur Communication : « Il est vrai que la question de l’accueillir ou non s’est davantage posée que pour d’autres artistes. Au final, nous avons obtenu les garanties que nous avons demandé, tant du point de vue de la sécurité que de la conformité du spectacle avec la loi. Nous avons donc accepté de louer la salle à Dieudonné. »