La triste réalité est qu’hélas aucun individu d’importance en Libye ne prend le gouvernement d’union nationale soutenu par les pays occidentaux au sérieux – bien que le Royaume-Uni et l’Amérique continuent de prétendre qu’il existe réellement.
Karl Marx avait remarqué que l’histoire se répète, la première fois, c’est une tragédie et la seconde une farce. Cette célèbre observation décrit parfaitement les interventions récentes de l’Occident en Libye.
Cela fait cinq ans que le Royaume-Uni et la France ont pris la décision commune de chasser Mouammar Kadhafi, entraînant un effondrement politique et l’émergence d’un espace dépourvu de gouvernement, contrôlé par des milices. Ce fut une tragédie.
À la fin de l’année dernière, le Royaume-Uni et la France sont intervenus à nouveau. Agissant par l’entremise des Nations unies, nous avons contribué à évincer le gouvernement élu par voie démocratique en Libye, dirigé par Abdullah al-Thani.
Le malheureux al-Thani a dûment été écarté et un nouveau Premier ministre basé à Tripoli a été installé et désigné leader du Gouvernement d’union nationale (GNA). Malheureusement, c’est cette intervention qui a transformé l’histoire en farce.
Sarraj est un homme honnête qui a été contraint à son poste par les États-Unis. Toutefois, il n’a aucune expérience politique. D’après ce que j’ai pu voir, ce n’est que rarement qu’il voyage vers l’est de la Libye en sa capacité de Premier ministre.
Son assignation ne dépasse pas les limites de la base navale de Tripoli où (sagement) il préfère séjourner lorsqu’il se rend dans le pays qu’il est censé gouverner. De manière générale, il préfère (encore plus sagement) organiser ses réunions en dehors de Libye, la plupart du temps à Tunis.
Un manque de légitimité
On ne peut pas reprocher à Sarraj d’éviter sa Libye natale, dont certaines régions demeurent incroyablement dangereuses. Certaines milices libyennes cherchent à acquérir une certaine légitimité internationale en reconnaissant officiellement le GNA, mais en pratique, elles font comme s’il n’existait pas. D’autres milices ne s’en soucient pas du tout.