Avant, les sionistes de gauche et de droite mettaient en scène des proxies, c’est-à-dire des intermédiaires du pays dans lequel s’exerçait leur diaspora ; aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup d’agents médiatiques qui veulent se brûler la réputation pour jouer à Démocratie sioniste, cette pièce de théâtre qui ne fait d’ailleurs plus recette dans les médias mainstream. L’audience de ces derniers est en chute libre, c’est 5 à 10 % chaque année des téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs qui lâchent télés, radios et journaux pour aller rejoindre l’information réellement pluraliste de l’Internet. De plus, sur le Net, on choisit son camp, si camp il y a. Pas besoin de gober la soupe quotidienne des JT et autres canaux de propagande insipides et surtout, imbuvables.
Chaque semaine, la chaîne du groupe Canal+ CNews organise un débat intitulé Ça se dispute, un titre trompeur hérité de la chaîne d’infos continues i>Télé, qui s’est effondrée sous le poids de sa bien-pensance, une bien-pensance socialo-sioniste, précisons-le. Elle a d’ailleurs été lancée par le socialo-sioniste Bernard Zekri, figure de l’infotainment de Canal.
Ayant compris la leçon qui se résume en un petit proverbe : « sionisme trop évident n’est pas populaire », voire très impopulaire, les dirigeants de CNews ont préféré jouer sur les deux tableaux, non pas la gauche et la droite, mais la gauche sioniste et la droite sioniste. Pour les sionistes, on le sait, c’est la même chose, du moment que ça fracture une opinion, qui est alors plus facilement manipulable.
C’est pourquoi, fort logiquement, l’arbitre du débat, Patrice Boisfer, qui est de la même couleur que Christine Kelly dans Face à l’info, la tribune permanente de Zemmour sur la même chaîne (nous n’en tirons aucune conclusion d’ordre ethnico-social), se retrouve avec les deux tendances du moment, mais sans masques ni proxies ; des tendances lourdes incarnées par l’avocat Gilles-William Goldnadel, figure du national-sionisme, pourfendeur de l’antiracisme à l’ancienne (36 ans d’âge), celui de la gauche caviar, et par le conseiller socialiste de l’ombre Julien Dray, l’homme justement de l’ingénierie SOS Racisme, qui était alors incarnée par des Noirs et des Arabes (Harlem Désir et les chanteurs).
Aujourd’hui, à part le pauvre Dominique Sopo, le dernier prisonnier ou le dernier à avoir compris l’entourloupe, tous les Noirs et les Arabes conscients ont fui la maison SOS, cette ambassade du sionisme en banlieue.
Certes, SOS a fait des petits, on pense au très communautaire Bondy Blog (soutenu par Libération, repris récemment par le trotskiste Olivennes, l’homme de réseaux), ou au trublion Yassine Belattar, qui oscille entre humoriste et influenceur au service de l’Élysée. Un job de Monsieur Banlieues qui lui est passé parce qu’il y a beaucoup de coups à prendre à faire l’Arabe de service, un rôle tenu auparavant par Jamel, qui a lui aussi assez mal fini. Sa carrière d’humoriste est à l’arrêt (l’antiracisme primaire ne paye plus sur scène), et sa carrière politique n’a jamais décollé, comme quoi le principe communautaire en politique n’est pas un gage de réussite en France. Et c’est tant mieux.
Après ces préliminaires un peu longuets, passons au plat principal, le duel intracommunautaire Goldnadel/Dray. Naturellement, on pourrait écrire à l’avance le texte des deux comédiens : Goldnadel est pour l’ordre, la répression des Noirs en particulier, des banlieues insoumises ou antisionistes en général, il est contre l’État Macron, qu’il trouve affaibli justement par l’antiracisme qui empêche de ratonner. En face, on ne présente plus Julien Dray, qui est pour l’égalité, l’antiracisme et la République, ces miroirs aux alouettes destinés à se remplir les urnes et les poches.
3’26 – Goldnadel : « Entre une ministre de la Justice qui envoie un bristol à la famille Traoré qui ne veut même pas le recevoir, ce qui est extraordinaire, et qui explique que l’émotion qui a eu lieu sur le parvis du Palais de justice peut parfaitement excuser le fait qu’on ne respecte pas une manifestation interdite, ce qui est le contraire de la justice imperméable aux pressions, et effectivement, un ministre de l’Intérieur que j’ai appelé un “ministre de l’Inférieur”, qui d’une part veut effectivement mettre un genou à terre, d’autre part parle de “soupçons avérés”, un magnifique oxymore, et qui lui aussi parle de l’émotion, et la tolérance zéro c’est uniquement pour les flics, mettez-vous à la place des flics, mettez-vous à la place des citoyens, mettez-vous à la place des justiciables, et mettez-vous aussi à la place des gamins des banlieues à qui on persuade évidemment que tous les flics français sont des racistes et qui sont bien obligés d’y croire ! »
Deux choses : quand Goldnadel dit que « la question de l’antiracisme rend fou périodiquement » et surtout que les pressions sont contraires à la justice, il faut lui rappeler son intense lobbying en vue de faire rejuger (et condamner lourdement, on l’imagine) les auteurs des meurtres de Sarah Halimi et Mireille Knoll, deux faits divers qui arrivent hélas tous les jours mais qui intéressent particulièrement la communauté juive.
Depuis que ces affaires ont été jugées, et que leurs auteurs ont été considérés comme n’ayant pas toute leur tête, l’avocat proche de Meyer Habib qui est lui-même proche de Netanyahou n’a de cesse de critiquer les condamnations et de mettre la pression sur la Justice pour provoquer un second procès, où les deux crimes seraient requalifiés en crimes antisémites. Pour avoir enfin la jurisprudence dont rêve le CRIF, et que l’antisémitisme entre dans le droit pénal français. Ce ne sera alors plus un délit de presse, mais un crime.
Deuxième chose, SOS Racisme a toujours curieusement séparé le racisme de l’antisémitisme, l’antisémitisme étant visiblement un racisme supérieur, plus grave parce que touchant des Français qui ont beaucoup souffert (ou disons plus que les autres). Sinon, pourquoi hiérarchiser les racismes, ce qui est déjà la définition du... racisme ? Et que dire du racisme israélien inscrit dans la loi (du Talion), avec ses citoyens de premier et ses citoyens de second ordre, les seconds étant privés de droits fondamentaux ?
Tout ceci, l’avocat pourtant pro-israélien omet de le dire, mais c’est de bonne guerre... civile en France, pourrait-on ajouter.
En face, Julien Dray est tout sauf en guerre contre Goldnadel, qui a des convictions opposées, en théorie seulement. On devrait assister à un débat droite/gauche dur, mais le créateur de SOS Racisme et fomenteur de troubles dans les lycées (et les banlieues) est d’accord avec Goldnadel sur la faillite de l’État, et de son autorité.
Logique : les deux tendances ont pour objectif l’affaiblissement de l’État français (et donc de la France) mais par des méthodes différentes, l’un par le moyen du pouvoir profond et des réseaux occultes, l’autre par l’antiracisme sociétal. Julien Dray, qui trouve la situation actuelle ubuesque – on est pourtant dans la droite ligne du terrorisme antiraciste – travaille depuis 1984 à un affaiblissement de l’institution policière face à la délinquance, et à sa conséquence inévitable, l’écroulement de la justice. Il ne fallait pas, en plus du chômage de masse qui allait frapper les banlieues industrielles, leur imposer en plus la matraque de l’État... D’où la désertion de l’État dans les banlieues et l’explosion de la délinquance. Un calcul socialiste désastreux, dont tout le monde, et ses responsables en premier, se lave les mains.
Dray, qui joue les surpris et qui parle de « panique » de l’exécutif, a bien été à l’origine de la manœuvre qui a conduit à la catastrophe actuelle.
Un culot monstre
Chaque fois que les deux duellistes jouent les innocents, on se doit de rappeler leur responsabilité dans la situation anarchique présente. Exemple.
7’09 – Dray : « Ça tombe pas du ciel tout ça, moi je suis d’accord. Il y a dans le débat politique français aujourd’hui quelque chose qui ronge la République, c’est le débat racialiste. C’est le communautarisme, c’est tout ça, c’est-à-dire l’importation du modèle américain, avec tous ses vices, dans la société française. C’est-à-dire au moment où il faudrait au contraire plus de République, plus d’égalité, plus de justice, plus d’universalisme, c’est ça qu’on est en train de vivre... »
Incroyable, le Baron noir, roi des combines et de la subversion, qui a été à l’origine de la fracturation du peuple français entre racistes (le FN) et antiracistes (le PS) dans les années 80, à l’origine du communautarisme donc, vient nous dire d’abord que c’est de la faute des Américains, et qu’il faut encore plus de « République », d’« égalité »...
On le voit, de chaque côté de l’arbitre, on ment par omission et on met ses responsabilités dans la situation actuelle sous le tapis, à ceci près que la tendance nationale-sioniste, qui serait la solution au chaos actuel, est incarnée par le sauveur (au sens cerisien) Goldnadel, qui vient de la même maison-mère que Dray, qui lui est à l’origine du chaos et incarnait l’ancien sauveur.
On vous la refait, ou c’est clair pour tout le monde ?
7’31 – Goldnadel : « Oui enfin Julien, permettez-moi de vous le dire... »
Dray : « Tout est permis. »
Goldnadel : « J’te vouvoie, paraît que c’est ainsi qu’il faut faire. »
Boisfer : « À la télé. »
Goldnadel : « Moi je veux faire, et ça s’adresse à toi, le procès d’un antiracisme professionnel... »
Le débat n’est pas terminé mais ce lapsus filé sera notre mot de la fin. Car dans un faux débat de deux comédiens, que vaut une analyse sérieuse ?