Controversé, il fera une rude concurrence au canal de Panama, s’il voit le jour.
Le premier coup de pioche a été donné, lundi, à l’embouchure du fleuve Brito, sur la côte ouest du Nicaragua, pour le creusement d’un corridor interocéanique. S’il voit le jour, il fera une rude concurrence, à partir de 2020, à son voisin du Nord largement saturé, le canal de Panama, qui a fêté cette année ses cent ans. Le président Daniel Ortega et le magnat chinois Wang Jing, patron du Hong Kong Nicaragua Development Investment (HKND), ont inauguré ensemble le chantier, donnant corps à ce qui apparaissait il y a encore quelques mois au mieux comme une chimère, au pis comme une imposture. Sur le papier, les chiffres font tourner la tête : la voie maritime traversera l’isthme sur 278 kilomètres – trois fois la longueur du canal de Panama – pour rejoindre Punta Gorda, côté Caraïbes. D’une largeur de 230 à 530 mètres, il ouvrira le passage à des porte-conteneurs de 250 000 tonnes, mesurant jusqu’à 450 mètres de long.
Impact environnemental
Le projet prévoit en outre la construction de deux ports en eau profonde, d’une voie ferrée, d’un oléoduc, d’un aéroport et de zones franches. L’aménagement a été confié, sans le moindre appel d’offres, au Chinois Wang Jing , qui a fait fortune, selon Bloomberg, dans les mines et est propriétaire de la société de télécommunications Xinwei. Ce richissime et discret entrepreneur, qui a prévu d’investir dans ce chantier titanesque 40 milliards de dollars (29,5 milliards d’euros), soit plusieurs fois la richesse du pays, a promis de donner du travail à des milliers d’ouvriers, qui s’affaireront sur le chantier au cours des cinq années de construction. Nul ne sait, cependant, ce que la concession rapportera vraiment à moyen terme au Nicaragua.