« A été achevée le 12 janvier dans la soirée la libération de la ville de Soledar, qui est importante pour la poursuite des opérations offensives. » (Ministère de la Défense russe)
D’un côté, le ministère de la Défense russe affirme que « la conquête de Soledar est achevée » ; de l’autre, via CNN, le camp américain annonce que « les Ukrainiens sont toujours aux abords de Soledar ». Enfin, côté ukrainien, on clame que « le moral des unités de première ligne reste élevé » (selon Le Monde qui s’appuie sur le témoignage d’un capitaine des forces spéciales ukrainiennes).
Pas besoin de savoir lire entre les lignes, le groupe Wagner a bien pris cette ville stratégique. Les médias français essayent désormais d’opposer les forces armées russes aux groupes de mercenaires.
Soledar est située à 15 km au nord de Bakhmout, le principal objectif actuel des Russes. Prendre Soledar, c’est couper le ravitaillement ukrainien de Bakhmout. À 2’19, Pujadas détaille la stratégie russe sur l’axe Soledar-Bakhmout.
Pour soutenir une armée ukrainienne en grande difficulté, les Américains ont promis des AWACS qui donneront bien sûr les positions russes aux Ukrainiens. Mais cela ne changera pas la guerre au sol, et le différentiel d’artillerie : les Ukrainiens manquent de chars, et ceux qu’ils utilisent sont de vieux modèles soviétiques (T-64). D’où le message sur Telegram (!) d’Andriy Yermak, le chef de cabinet de Zelensky :
« Pour gagner cette guerre, nous avons besoin de matériel militaire supplémentaire, de matériel lourd. Notre coopération avec nos alliés se poursuit et tout ce que je peux dire maintenant, c’est que nous avons commencé à obtenir de l’équipement lourd. »
Ils réclament surtout des chars Leopard 2 aux Allemands, qui ne sont pas chauds pour entrer dans la danse. Scholz a calmé ses généraux otanophiles, mais cela n’empêche pas la Finlande et la Pologne de proposer une partie de cet équipement de pointe (acheté aux Allemands) à leur voisin ukrainien, ce qui les découvrirait en cas d’extension du conflit...
Les Ukrainiens manquent de tout, de chars donc, de pièces d’artillerie, de pièces de rechange et de munitions. On ne parle plus des drones turcs et des canons français depuis des semaines, peut-être ont-ils été engloutis dans le chaudron du front. Cela n’empêche pas la France de vendre ses Caesar à travers le monde : quatre contrats viennent d’être signés par Nexter (le producteur national) avec la Belgique, la République tchèque, la Lituanie et évidemment la France, puisqu’il faut bien remplacer ceux qu’on a donnés à Zelensky.
Emmanuel Todd a raison de voir une guerre à la fois économique et idéologique dans le conflit Occident/Russie. La Russie – comme la Chine – fonde sa puissance sur la production industrielle, à l’inverse des nations occidentales engagées dans ce conflit, à part l’Allemagne et, dans une moindre mesure, les États-Unis. Et dans une guerre longue, c’est la capacité de production liée à un esprit patriotique qui décide du vainqueur.