Ginette O’Crassie est une diariste et philosophe alter-féministe catholique qui se définit comme « Penseuse et panseuse des plaies faites aux femmes. »
Née en 1960 à Belfast en Ulster, Irlande, elle est la fille de l’activiste de l’Irish Republican Army.IRA, Colleen O’Crassie, et du Français Célestin Mangbo-Efoulou originaire de Yaoundé au Cameroun. C’est lui qui a élevé Ginette à Pantin à la mort de sa mère tuée en 1973 dans l’explosion d’une bombe qu’elle destinait à des paramilitaires anglais.
Son grand-père, révolutionnaire irlandais qui a collaboré avec les nazis contre l’Empire Britannique, s’est engagé en 1943 dans la Waffen SS et a été pendu à Nuremberg.
Bien que fervente catholique, et restant opposée à l’impérialisme britannique, cette tâche sombre dans sa généalogie, l’a poussé vers un dualisme métaphysique. _ Elle a publié : Gaz de ville et chambre d’agriculture, Le Nauséabond, L’Incitation à la Haine, Racisme, Sexisme et Nosophobie, Populisme agricole et avortement industriel, Le Manifeste du Parti Jeune-filliste (En collaboration avec Philistine Stringulat). Récemment : Ni Start-up ni Teup, mais Insoumise.
Bien que FiFi, Ginette a rejoint au second tour des élections présidentielle la collaboration En Marche, face à « l’hydre nazie renaissante ».
Supportrice de Dieudonné M’Bala, qui lui rappelle feu son père, elle « apprécie le très nécessaire et impeccable travail » de Marion Sigaut. Interrogée par Vincent Lapierre sur ses possibles affinités électives avec Égalité & Réconciliation, elle a répondu : E&R ? pourquoi pas, s’il n’y avait pas Félix Niesche ! »
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Boursouflé d’avoirs, le PD-LR(e m) [1] vient de prouver le néant de l’être, et d’abord du sien.
On aurait tort de le sous-estimer.
D’abord parce qu’il est devenu PDLR et PDLR est un genre qui n’est pas donné à tout le monde, même si c’est donné par une infime minorité, un micro-électorat.
Jupiter tout gonflé à l’hélium médiatique, depuis qu’il est descendu de l’Olympe pour les Champs-Élysées, sa parole tonne comme la foudre, et mobilise les hagiographes et les casuistes du marigot.
Récemment ils ont daubé sur cette allégorie ferroviaire : « Dans une gare vous croisez des gens qui réussissent et d’autres qui ne sont rien. »
Et la Favorite du Roi Soleil qui croise des jambes qui réussissent à n’être pas rien, en sera l’illustration.
To have or not to have that is the question
La Parabole de la Gare est plus macrocosmique qu’il n’y paraît.
Des amis insoumis s’en sont indignés, incapables d’en saisir la portée philosophique, le PDLR est abrégé de philosophie, on l’oublie trop, et ses paroles hermétiques sont souvent des paraboles qui méritent l’herméneutique.
Je vous propose de réfléchir à la parabole ferroviaire sous l’angle strictement métaphysique.
Pour la pensée commune le contraire des gens « qui réussissent » ce sont des gens « qui ne réussissent pas ».
Le scandale vient de ce que le PDLR oppose ceux qui réussissent à ceux « qui ne sont rien ».
C’est ici que le métaphysicien transparaît.
Car selon Lui : n’être rien = ne pas réussir.
Et réussir à quoi ? À créer une « start-up », c’est-à-dire à « se faire de la thune comme une "teup" », comme le dit un rappeur célèbre.
Mais quand n’être rien = ne pas réussir à avoir, n’est ce pas le plus génial réductionnisme métaphysique ? Puisque l’être devient l’avoir.
« Avoir ou ne pas avoir telle est la question ».
Et n’est-ce-pas, dans un autre ordre d’idée, la plus parfaite, la plus définitive réfutation de l’antisémitisme ?
Réfléchissons : J’ai, donc je suis ; Habeo ergo sum.
Je n’ai pas beaucoup de voix mais j’en ai, donc je suis PDLR.
T’es plus vide intérieurement qu’une grosse Teup, mais tu as une startup ? Tu es !
L’être te seras donné en dividende.
Tout le monde est au courant de la récente démission du Chef d’État Major des Armées (CEMA).
Mais bien peu savent que le PD-LR(em) a dit au CEMA désarmé : « Général, vous êtes trop indiscipliné, votre place n’est pas dans l’Armée. Mettez-vous donc à votre compte : achetez-vous un lot de djihadistes bien barbus et quelques caisses de grenades et de kalachnikov, et créez une Starteupe ! Les petits ruisseaux font les grandes rivières de sang, voyez le Bataclan, une bonne petite affaire d’hémoglobine, qui nous a rapporté un état policier. »
Avoir c’est être en possession de l’être, c’est l’ayant en tant que l’étant.
Et l’ayant en layette qui commence d’avoir est une start-up, une jeune pousse, littéralement.
Gare à toi, toi qui n’a rien, tu es Ni-ente, néantisé !
Aux prolétaires (ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre sur le marché de l’avoir) de répondre : « Nous ne sommes rien, soyons tout ! »
L’avoir et le néant
Nous l’avons vu, l’Être c’est l’Avoir.
Or Dieu c’est l’Être, donc Dieu c’est l’Avoir absolu.
Dieu n’est pas, Dieu a ! Qu’a Dieu ?
– Il nous a, nous, qui avons.
En tout cas il a ceux qui ont. Et seuls ceux qui ont ont Dieu, ils sont ses élus.
La mort n’est plus le non-être mais le non-avoir.
Le néant c’est de ne rien avoir, de ne rien posséder.
Et le mort, le pauvre mort, est vraiment le plus pauvre et le plus misérable :
« Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s’égoutter les neiges de l’hiver
Et le siècle couler, sans qu’amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille. » [2]
Le Mort est le looser absolu. Il n’a plus rien. Il a tout perdu.
Comme elle est dure pour les possédants la pensée de la mort. Ne plus rien avoir un jour, pour toujours.
Tout laisser aux autres ! Quelle banqueroute ! Se remettre, soi, dans la libre circulation ontique !
« Qu’est-ce donc que ma substance, ô grand Dieu ? J’entre dans la vie pour en sortir bientôt ; je viens me montrer comme les autres ; après, il faudra disparaître. Tout nous appelle à la mort : la nature, presque envieuse du bien qu’elle nous a fait, nous déclare souvent et nous fait signifier qu’elle ne peut pas nous laisser longtemps ce peu de matière qu’elle nous prête, qui ne doit pas demeurer dans les mêmes mains, et qui doit être éternellement dans le commerce : elle en a besoin pour d’autres formes, elle la redemande pour d’autres ouvrages. » [3]
Mazarin dans ses somptueux appartements du Louvre apprenant par son médecin qu’il ne lui reste qu’un mois à vivre, s’écrie dans un râle : « Il faudra quitter tout cela ! »
Eh oui ! Abandonner les ors, les bijoux, les tableaux, les splendeurs, pour quatre planches, un linceul et de la vermine.
Devenir plus misérable que le plus misérable haillonneux !
On pense tout de suite à Shakespeare. (Enfin moi j’y pense)
Last scene of all,
That ends this strange eventful history,
Is second childishness and mere oblivion,
Sans teeth, sans eyes, sans taste, sans everything [4]
Mes sœurs, mes frères, depuis la Grande Parabole de la Gare on ne devra plus dire Untel n’est plus, mais Untel n’a plus.
Il ne faudra plus dire Nos chers disparus, mais Nos dépossédés. (Et pas chers du tout puisqu’ils ne valent plus rien.)
Exemple, au hasard, Simone n’a plus. Si ce n’est des millions de larves.
Sa carcasse est retournée éternellement dans le commerce. Puisse son Ombre rester dans le Schéol.
Avoir ou ne pas avoir d’enfants.
Le JOB de Simone Weil
Puisque qu’une Simone n’a plus, donc plus rien à dire, lisons d’une autre Simone, cette incompréhensible prière :
« Mon Dieu accorde-moi de devenir rien. À mesure que je deviens rien, Dieu s’aime à travers moi. Dieu est tout, mais non en tant que personne. En tant que personne, il est rien ».
D’où l’antijudaïsme forcenée de cette gnostique chrétienne :
« Les Hébreux, ayant refusé la révélation égyptienne ont eu le Dieu qu’ils méritaient : un Dieu charnel et collectif qui n’a parlé jusqu’à l’exil à l’âme de personne. Parmi les personnages des récits de l’Ancien Testament, Abel, Enoch, Noé, Melchisédech, Job, Daniel seuls sont purs.
Il n’est pas étonnant qu’un peuple d’esclaves fugitifs, conquérants d’une terre paradisiaque aménagée par des civilisations au labeur desquelles ils n’avaient eu aucune part et qu’ils détruisirent par des massacres — qu’un tel peuple n’ait pu donner grand-chose de bon. Parler de « Dieu éducateur » au sujet de ce peuple est une atroce plaisanterie.Rien d’étonnant qu’il y ait tant de mal dans une civilisation – la nôtre – viciée à sa base et dans son inspiration même par cet affreux mensonge.
La malédiction d’Israël pèse sur la chrétienté. Les atrocités, l’Inquisition, les exterminations d’hérétiques et d’infidèles, c’était Israël. Le capitalisme, c’était Israël, notamment chez ses pires ennemis.Il ne peut y avoir de contact « personnel » entre l’homme et Dieu que par la personne du Médiateur. En dehors du Médiateur, la présence de Dieu à l’homme ne peut être que collective, nationale. Israël a simultanément choisi le Dieu national et refusé le Médiateur ; il a peut-être tendu de temps à autre au véritable monothéisme, mais toujours il retombait, et ne pouvait pas ne pas retomber, au Dieu de tribu. »
Vous comprendrez mieux, je pense, pourquoi nous avons écrit que la géniale thèse jupitérienne de l’étant en tant que l’ayant, fondait la plus radicale réfutation de l’antisémitisme.
Et puisque JOB trouve grâce aux yeux de Simone Weil ouvrons La Bible à JOB 3. Au lieu de l’horreur de la mort, on y lit la désolation de vivre, la soif du non-être plutôt que la faim de l’avoir :
11 Pourquoi ne suis-je pas mort dans le ventre de ma mère ? Pourquoi n’ai-je pas expiré au sortir de ses entrailles ?
12 Pourquoi ai-je trouvé des genoux pour me recevoir, Et des mamelles pour m’allaiter ?
13 Je serais couché maintenant, je serais tranquille, Je dormirais, je reposerais,
14 Avec les rois et les grands de la terre, Qui se bâtirent des mausolées,
15 Avec les princes qui avaient de l’or, Et qui remplirent d’argent leurs demeures.
16 Ou je n’existerais pas, je serais comme un avorton caché, Comme des enfants qui n’ont pas vu la lumière.
17 Là ne s’agitent plus les méchants, Et là se reposent ceux qui sont fatigués et sans force ;
18 Les captifs sont tous en paix, Ils n’entendent pas la voix de l’oppresseur ;
19 Le petit et le grand sont là, Et l’esclave n’est plus soumis à son maître.
20 Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, Et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme,
21 Qui espèrent en vain la mort, Et qui la convoitent plus qu’un trésor,
22 Qui seraient transportés de joie Et saisis d’allégresse, s’ils trouvaient le tombeau ?
23 À l’homme qui ne sait où aller, Et que Dieu cerne de toutes parts ?
24 Mes soupirs sont ma nourriture, Et mes cris se répandent comme l’eau.
25 Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; Ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint.
26 Je n’ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, Et le trouble s’est emparé de moi. [5]
Que la paix soit avec vous.