Depuis la convention de la droite, les sorties de Zemmour, la tuerie de la préfecture, la question du voile, l’agression de Narbonne, les médias mainstream sont en pleine crise d’islamomania. Et au-dessus de ces vagues médiatiques déchaînées, que voit-on apparaître dans la course aux municipales 2020 ? Un parti ouvertement musulman ! Quel timing ! Quelle séquence qui s’inscrit dans un bel agenda !
Ce mouvement est porté par Naguib Azergui, que les uns présentent comme un « opportuniste » communautaire, les autres (et surtout lui) comme un authentique candidat « laïc et républicain ». Il n’y avait pas meilleur moment pour se faire une pub d’enfer. Voyons d’abord ce que dit cet homme...
L’interview de Naguib Azergui le 24 mai 2019 sur Oumma :
Naguib Azergui sur RT le 4 janvier 2019 :
Passons maintenant aux réactions des médias mainstream avec l’analyse de l’équipe d’Yves Calvi sur RTL le 20 octobre 2019 :
Et c’est au détour d’une phrase d’Olivier Bost (à 1’18) que l’on comprend le malaise des médias mainstream : le mot maudit est lâché !
« Il explique que son ambition n’est pas de passer de la République à la charia, nous voilà presque rassurés, il assure qu’il est républicain et laïc mais il est aussi anti-impérialiste, antisioniste et anticolonialiste, beaucoup de mots qui amènent souvent à un seul, l’antisémitisme. »
Oh le bel aveu en creux que l’entité israélienne est impérialiste, sioniste et colonialiste !
On voit bien avec cet exemple, que Naguib Azergui soit un candidat sérieux ou pas, opportuniste ou pas – mais qui n’est pas opportuniste dans la vie politique ? C’est quand même le b.a.-ba de ce boulot ! – que le mot qui terrifie les plateaux c’est antisioniste. Et c’est là où se joue la plus belle imposture du jeu politique : les partis dominants en France, ainsi que les médias du même nom, même s’ils ne dominent plus grand-monde – disons qu’ils conservent à défaut d’une puissance de conviction la puissance économique –, sont tous plus ou moins sionistes dans l’âme.
Vous ne verrez pas le mot sioniste dans les statuts ou les objectifs avoués de ces partis, mais ils seront tous « pour » la sécurité d’Israël et « contre » l’antisémitisme, c’est la définition contemporaine de l’alignement sur le pouvoir profond, qui lui est évidemment d’obédience sioniste.
L’immense hypocrisie de tous ces représentants du Système médiatico-politique consiste donc à dénoncer le danger du communautarisme musulman et de taire, par terreur, le communautarisme sioniste qui les anime, qui les surveille, qui les dirige.
Après, que Naguib Azergui fasse 0,3 % ici ou 15 % là n’a pas d’importance : sa présence dans les médias dominants est là pour inquiéter l’électeur et détourner son attention sur un mouvement sans aucun pouvoir, qu’il soit matériel, médiatique ou humain. Mais s’il n’a pas de pouvoir, il a une fonction importante dans le jeu des ingénieries politiques : celui d’épouvantail.
Désormais, l’épouvantail est en place, la manip des municipales 2020 peut commencer !
Petit clou pour la fin de notre analyse avant d’envoyer l’article de francetvinfo, l’interview de Patrick Haddad, maire PS de Sarcelles, qui donne son point de vue à LCI sur l’UDMF :
« Le vote musulman n’existe pas » : sur le terrain,
les listes communautaristes aux municipales ne trouvent pas d’écho
La polémique lui a donné un coup de projecteur inespéré. Une apparition dans un sujet du 20 Heures de France 2, une interview en face-à-face avec Jean-Jacques Bourdin dans la matinale de BFMTV... Depuis quelques jours, Nagib Azergui, le président et fondateur de la très confidentielle Union des démocrates musulmans français (UDMF), multiplie les apparitions médiatiques. Ce parti créé en 2012 est au centre de toutes les attentions depuis que plusieurs ténors de la droite alertent sur la possible présence de listes « communautaristes » lors des élections municipales de mars 2020, et réclament leur interdiction pure et simple.
« L’islam politique est en train de s’implanter. Jamais ça ne doit avoir lieu en France. Il faut empêcher ces listes par tous les moyens juridiques », a demandé le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, le 19 septembre lors de l’émission Vous avez la parole.
Un message entendu par le patron des sénateurs du parti Les Républicains, Bruno Retailleau, qui a annoncé dans Le Journal du dimanche le dépôt d’une proposition de loi pour interdire les candidatures de « tous ceux qui portent les revendications d’une partie de la population à raison de son appartenance religieuse ou ethnique ».
« Nous sommes un mouvement républicain et laïc »
À travers les déclarations de ces élus de droite, c’est bien l’UDMF qui est visé. L’Union des démocrates musulmans de France est-elle pour autant un parti « communautariste » ? La réponse n’est pas simple. Le qualificatif est en tout cas rejeté en bloc par son fondateur. « Nous ne sommes ni des imams ni des muftis. Nous sommes un mouvement républicain et laïc », assure à franceinfo Nagib Azergui, qui se défend d’être le représentant d’un « islam politique ».
« Il faut arrêter de penser que l’on veut faire le “grand remplacement” de la République par la charia. » (Nagib Azergui)
Quant à la présence du mot « musulman » dans le nom de son parti, Nagib Azergui dresse un parallèle avec le Parti chrétien-démocrate fondé par Christine Boutin, « un parti d’opinion qui se base sur un héritage culturel et historique » et favorable à « une laïcité respectueuse ». Dans ses professions de foi, l’UDMF parle bien sûr de la « lutte contre l’islamophobie », son principal cheval de bataille, mais aussi de finances publiques, d’éducation ou d’écologie.
- Capture d’écran du clip de campagne de l’UDMF avec son président Nagib Azergui, lors de la campagne des élections européennes de mai 2019
Depuis sa création, le parti a sensiblement édulcoré son discours, comme le note sur son blog le journaliste Laurent de Boissieu. A priori, rien dans les positions affichées aujourd’hui par l’UDMF ne tombe sous le coup de la loi. « Nous n’avons pas vu d’antisémitisme ou d’appels à la haine, mais nous restons vigilants », indique à franceinfo un conseiller ministériel. En l’état, le gouvernement ne soutiendra pas la proposition de Bruno Retailleau.
« Il paraît difficile d’interdire ce type de listes car personne ne se dira ouvertement communautariste. En revanche, on croit beaucoup au combat démocratique, dans les urnes, à la loyale. » (Un conseiller ministériel)
Le combat dans les urnes, c’est justement ce à quoi l’Union des démocrates musulmans de France se prépare pour les prochaines élections municipales. Le parti envisage de se présenter dans une cinquantaine de communes en France. De grandes métropoles comme Paris, Lyon, Marseille ou Nice et des villes de banlieue (Gennevilliers, Les Mureaux, Joué-lès-Tours, Vaulx-en-Velin...). Nagib Azergui affirme sans rire que l’UDMF a de bonnes chances d’accéder au second tour dans nombre d’entre elles. D’ailleurs, les menaces d’interdiction auxquelles le mouvement fait face seraient, d’après lui, le fait de politiciens qui « ont peur pour leurs places et ne seront peut-être pas au deuxième tour en 2020 ».
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Sur le terrain, l’UDMF semble totalement inconnue du microcosme politique local, y compris dans ses supposés bastions.
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Lors des dernières élections européennes, l’UDMF avait in extremis été autorisée à déposer une liste, après un refus pour vice de forme. Un peu moins de 30 000 voix (soit 0,13%) s’étaient portées sur elles au niveau national, mais avec des pointes au-dessus de 5 % dans une dizaine de communes.
À Maubeuge (Nord), l’UDMF a même recueilli 40% des voix dans l’un des bureaux de vote. Un pourcentage à relativiser puisqu’il ne représente, en nombre de voix, que 70 personnes.
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« L’interdiction est toujours un aveu d’échec »
Dans les villes où l’UDMF a connu une petite percée aux élections européennes, aucun des élus interrogés par franceinfo ne plaide pour une interdiction de ce type de listes. [...] « L’interdiction est toujours un aveu d’échec », soutient Raphaël Cognet à Mantes-la-Jolie, « pas inquiet » de l’existence de ce parti.
« Ceux qui croient pouvoir capter un électorat sur une base religieuse se trompent, car le vote musulman n’existe pas ! Certains votent à gauche, d’autres à droite, certains même à l’extrême droite... » (Raphaël Cognet)
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