La petite analyse d’E&R
Ces groupes jihadistes, basés dans le Sinaï, qui fait le tampon entre l’Égypte et Israël, et qu’Israël a annexé depuis 1967 (avec une récupération égyptienne progressive après 1973, puis 1977 et les accords de Camp David), pourquoi n’attaquent-ils pas Israël, leur ennemi – théorique – déclaré ?
La sanctuarisation des frontières israéliennes étonne dans le conflit du Moyen-Orient, jamais éteint depuis 70 ans. Et même si Israël a miné sa bande du Sinaï avec des têtes nucléaires, cela n’empêcherait pas des incursions terrestres et tactiques de la branche jihadiste occupant ce désert. De plus, pourquoi l’armée israélienne, qui a la maîtrise du ciel par les radars et avions dans cette zone (son armée « sécurise » officiellement une partie du désert), n’intervient-elle pas pour réduire ces poches islamistes ? Elle qui est si prompte à lancer des raids de « représailles » anti-Hamas ou anti-Hezbollah sur Gaza... On attend, sans trop y croire, les explications de nos « experts » en géopolitique du Moyen-Orient.
Voici un extrait de Wikipédia sur l’enjeu politique du Sinaï :
« En août 2013, l’une des revendications du nouveau mouvement Tamarod (« rébellion ») en Égypte, qui est pour une grande part à l’origine de la destitution du président Morsi le 3 juillet 2013, aurait demandé un référendum pour, entre autres, annuler les accords de Camp David afin de redonner sa souveraineté au pays. Ils estiment qu’Israël et les forces internationales installées dans la partie nord-est du Sinaï empêchent l’armée égyptienne de lutter efficacement contre les bandes armées et le terrorisme13. »
Devant ce paradoxe, connaissant les montages israéliens, on est en droit de se demander si une agitation « islamiste » plus ou moins artificielle dans la partie nord-est du Sinaï ne serait pas entretenue pour affaiblir politiquement le pouvoir du voisin égyptien, tout en démonétisant à l’avance un pouvoir basé sur l’islam, comme ce fut le cas avec celui de Morsi et des Frères musulmans. En d’autres termes, les islamistes du Sinaï affaiblissent le pouvoir du Caire, le rendant moins dangereux pour Israël. Et tout ça sans coup férir pour l’État hébreu.
Alors, les islamistes du Sinaï, ennemis subjectifs, mais alliés objectifs d’Israël ?
Le désert où s’est écrasé l’avion à destination de Saint-Petersbourg est connu pour abriter des groupes jihadistes, affiliés à Al-Qaïda.
Le désert du Sinaï est une vaste péninsule de l’est de l’Égypte devenue de plus en plus instable en raison de la présence de jihadistes ayant fait allégeance à l’État islamique (EI) et de tribus hostiles au pouvoir. C’est là que s’est produit le crash de l’Airbus A321 russe. Le Sinaï est une péninsule semi-désertique d’environ 60 000 km2 située dans l’est de l’Égypte, prise en tenaille entre le Canal de Suez à l’ouest et Israël et la bande de Gaza à l’est. Ses côtes sur la Mer Rouge accueillent des stations balnéaires, dont la plus réputée est Charm el-Cheikh, à l’extrême-sud, loin cependant du bastion de l’EI, la province du Nord-Sinai.
Sa position géographique stratégique a influé sur le sort de la région depuis des décennies. L’accord de paix signé en 1979 entre Israël et l’Egypte a été assorti du retrait des blindés de l’armée égyptienne de la péninsule. La présence d’Israël à la frontière de l’Égypte et la question de la Palestine ont été à la base des revendications de groupes jihadistes actifs dans la péninsule. Les bédouins du Sinaï ont nourri des rancœurs contre les autorités égyptiennes dont la présence se matérialisait par les contrôles de police. De nombreux bédouins disent être traités comme des sous-citoyens auxquels l’État accorde peu de droits. Les écoles, l’état des routes, les coupures d’électricité sont les griefs qui reviennent le plus souvent dans la bouche des habitants.
D’autres stations balnéaires visées par des attentats
Selon plusieurs experts, cet abandon et la rancoeur qu’elle a provoqué chez les bédouins seraient l’une des bases de l’implantation de groupes jihadistes dans la péninsule, la nébuleuse Al-Qaïda à la fin des années 2000 puis le groupe Etat islamique (EI) récemment. Entre 2004 et 2006, une vague d’attentats avait visé les principales stations balnéaires du Sinaï, Charm el-Cheikh, Dahab et Taba, faisant de nombreuses victimes. Après 2011, cette péninsule devient plus volatile en raison du flottement sécuritaire qui accompagne la révolution égyptienne et ses conséquences politiques. Mais c’est bien à l’été 2013, après la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi que les attaques se multiplient dans la péninsule du Sinaï.