Le Premier ministre britannique Boris Johnson a ordonné l’envoi de deux navires de guerre autour Jersey pour répondre à une menace de blocus du port principal de l’île, accusée de restreindre injustement l’accès à ses eaux par des pêcheurs français.
Le 5 mai, le Royaume-Uni a annoncé qu’il enverrait deux navires de patrouille autour de l’île de Jersey, dans la Manche, à moins de 30 kilomètres des côtes du Cotentin. Il s’agit d’une mesure de « précaution », alors que des pêcheurs français menacent de bloquer le port de l’île dans le cadre d’un conflit sur les droits de pêche, conséquence du Brexit.
L’impasse entre Jersey et Paris concernant l’octroi de droits de pêche aux navires français dans les eaux de l’île a pris une nouvelle tournure cette semaine lorsque des pêcheurs français ont menacé de bloquer Saint Helier, le principal port de cette île anglo-normande. En réponse, le Premier ministre britannique Boris Johnson a ordonné l’envoi de deux navires de guerre de patrouille dans la zone, à la suite de discussions avec les responsables de Jersey.
« Le Premier ministre a souligné son soutien indéfectible à Jersey. Il a déclaré que tout blocus serait totalement injustifié. Par mesure de précaution, le Royaume-Uni va envoyer deux patrouilleurs pour surveiller la situation », a fait savoir Londres dans un communiqué le 5 mai. Après avoir discuté de l’éventualité d’un blocus avec le ministre en chef de Jersey, le sénateur John Le Fondré, et le ministre des Affaires étrangères de cette dépendance de la Couronne britannique, Ian Gorst, Boris Johnson a appelé à une désescalade urgente des tensions autour de l’île et a exhorté toutes les parties à engager le dialogue. Sur Twitter, Ian Gorst a déclaré « continuer travailler en étroite collaboration avec le gouvernement britannique afin de résoudre les défis actuels de manière diplomatique et d’éviter toute escalade inutile ».
Une nouvelle réglementation post-Brexit qui a mis le feu aux poudres
Les pêcheurs français ont menacé de bloquer le port principal de l’île – qui reçoit une grande partie de ses fournitures essentielles par voie maritime – afin de couper les livraisons qui y sont effectuées si leurs droits de pêche ne sont pas accordés. La France accuse les autorités de Jersey de bloquer injustement l’accès des navires français à ses eaux, et la dispute s’est enflammée la semaine dernière après l’entrée en vigueur d’un nouveau régime réglementaire post-Brexit.
Le 6 mai au matin, plus d’une cinquantaine de bateaux de pêche français ont mis leur menace à execution, se réunissant devant Saint-Hélier et certains bateaux bloquant le port, selon l’AFP. Les pêcheurs français se plaignent d’avoir des difficultés à obtenir de nouvelles licences pour pêcher dans les eaux britanniques depuis le Brexit. La ministre française de la Mer Annick Girardin a fait valoir que les nouvelles licences comportent des conditions imposées unilatéralement, telles que la limitation du temps passé dans les eaux de Jersey. « Nos voisins imposent des critères n’appartenant pas à l’accord post-Brexit Le droit est formel, les conventions doivent être respectées », a-t-elle déclaré.
Les autorités de l’île maintiennent qu’elles ne font qu’appliquer les règles convenues par Londres et Bruxelles, ajoutant que certains des navires français n’ont pas fourni les documents nécessaires au renouvellement de leurs droits de pêche. L’île a déjà accordé l’accès à ses eaux à 41 bateaux français. Dix-sept autres n’ont pas obtenu les licences nécessaires. Les tensions ne font que s’accroître ces derniers jours : la France a menacé de couper l’électricité de l’île, les autorités de cette dernière qualifiant cette menace de « disproportionnée ».
En 2019, Jersey a reçu 95 % de son énergie de la France via des câbles sous-marins. Paris a également prévenu pouvoir être « un partenaire brutale et difficile » si ses bateaux n’obtenaient pas l’accès aux eaux de pêche. Londres a fustigé ces déclarations comme étant « surprenantes et décevantes, surtout de la part d’un voisin proche ».