Philippe Lévy, professeur des Universités, chef de Service à l’Hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine), résume en une lettre au Parisien – Aujourd’hui en France l’état désastreux de l’hôpital (public, s’entend).
Il faut lire ce constat alarmant en entier, car nous sommes tous concernés. Il y a désormais une santé pour les riches et une santé pour les pauvres chez nous, un vrai recul par rapport aux décennies passées. Le libéralisme, qui n’est pas nommé dans cette alerte, est pourtant à l’origine de nombre des dysfonctionnements de l’AP-HP. La responsabilité du politique, soumis aux pressions de la santé privée (assurances, groupes pharmaceutiques ou cliniques), est indéniable.
Les choix politiques récurrents qui fragilisent l’Assistance publique servent objectivement les intérêts de l’hospitalisation privée. L’hôpital public est bien malade du libéralisme.
De tous les centres hospitalo-universitaires (CHU) et de la majorité des centres hospitaliers généraux s’élève la même plainte. L’épuisement du personnel, la perte de sens et – c’est nouveau – l’insécurité des soins y sont décriés. L’AP-HP est emblématique car c’est le plus grand établissement hospitalier d’Europe. Je souhaite par ces quelques lignes lancer une alerte de plus afin que le grand public perçoive les enjeux de ce qui est en train de se dérouler.
Le personnel non médical – infirmier(e) s, aide-soignant(e) s, psychologues… – est écrasé en raison de salaires de misère, de plannings sans cesse modifiés, de l’impossibilité de se loger à proximité des hôpitaux, de la destruction des équipes attachées à un service, ne permettant pas une formation adéquate ni la transmission du savoir ni la solidarité. Les infirmières n’ont plus les moyens d’accomplir leurs tâches dans le temps imparti… On doit fermer des lits par secteurs entiers, restreignant les capacités d’accueil. Il n’y a plus d’assistantes sociales pour accompagner la prise en charge des patients précaires.
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Les rapports avec les directions sont de plus en plus difficiles. Elles ne sont plus au service des équipes médicales, c’est l’inverse. Il nous faut remplir des objectifs, expliquer des déficits, signer des contrats qui n’engagent que le corps médical. Il y a à l’AP-HP un administratif pour deux médecins…
On le comprendra, le problème de l’hôpital ne se limite pas aux urgences. C’est être aveugle que de le croire, de le dire, voire de le clamer. Voilà, mesdames et messieurs les futurs usagers, rapidement brossé le paysage dévasté de ce qui est fait de l’hôpital public censé pourtant assurer les soins au plus haut niveau de tous, pauvres comme riches, et assurer la recherche d’excellence et la formation. Nous sommes à un point de non-retour où l’hôpital public va s’effondrer comme une barre obsolète de banlieue sous le regard avide de l’hospitalisation privée. Le corps médical et paramédical ainsi que la population doivent dire stop et se lever. Plus que temps !
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Le déficit chronique de l’hôpital public est présenté sous l’angle d’une mauvaise gestion par l’ex-journaliste de RTL Elizabeth Martichoux. Notez le sponsor de l’émission de service public : une mutuelle privée !
Un an plus tôt, Envoyé spécial traitait le sujet de manière plus politique :