Pour la première fois de sa courte histoire, l’organisation État islamique (EI) s’en prend à Israël.
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Si, pour l’heure, l’attaque n’a pas été revendiquée par l’EI, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est montré intransigeant : « Nous ne laisserons pas des éléments de Daech ou tout autre élément hostile utiliser le prétexte de la guerre en Syrie pour s’établir à nos frontières ».
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Le calife autoproclamé de Daech Abou Bakr Al-Baghdadi a beau avoir juré de s’emparer de la ville sainte, jamais son organisation ne s’était jusqu’ici attaquée à l’État hébreu ou à ses intérêts. « Derrière sa propagande, Daech n’a jamais considéré Israël comme une cible prioritaire », rappelle l’islamologue Mathieu Guidère, directeur du département d’études arabes à l’université de Paris-8. « Ses premiers ennemis sont les chiites et l’Iran, qu’il accuse de massacrer les sunnites. Puis viennent les monarchies du Golfe, en tête desquelles figure l’Arabie saoudite, accusées de répandre une fausse image de l’islam. Et enfin les Occidentaux, notamment les membres de la coalition internationale anti-EI ».
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Pourtant, il y a à peine un an, en pleine Intifada des couteaux, Abou Bakr Al-Baghdadi avait rappelé dans un enregistrement audio que l’EI « n’avait pas un instant oublié la Palestine », promettant d’en faire un « cimetière pour les juifs ». Or, aucune attaque palestinienne contre des citoyens israéliens n’a depuis été revendiquée par Daech, cela, bien que 250 Palestiniens ou Arabes israéliens aient rejoint les terres du califat en Irak et en Syrie. « Il n’y a pas d’attentat, car il n’y a pas de cellule liée à Daech en Israël », affirme Ely Karmon, chercheur en problématique stratégique et en contre-terrorisme au centre interdisciplinaire de Herzliya (Israël). « Et les quelques groupes qui opèrent à Gaza n’ont pas été reconnus par Daech et s’attaquent au Hamas. »
Outre l’efficacité des services de renseignements israéliens, l’absence d’attaque djihadiste dans l’État hébreu s’explique également par l’éloignement géographique des frontières du « califat » de Daech, qui se cantonne au centre et à l’est de la Syrie, et n’est donc pas frontalier avec Israël.
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« Le principal ennemi d’Israël reste l’Iran – et ses alliés », rappelle l’islamologue Mathieu Guidère. « Ainsi, lorsqu’il intervient contre le régime syrien, l’État hébreu devient l’allié objectif de la rébellion anti-Bachar el-Assad. Mais cela ne signifie en aucun cas qu’il existe une véritable alliance entre ces deux acteurs », insiste le chercheur.
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Dans une interview au magazine Foreign Affairs en janvier 2015, Bachar el-Assad évoquait cette blague, en vogue selon lui en Syrie : « Comment pouvez-vous prétendre qu’Al-Qaïda ne possède pas de force aérienne ? Ils ont Israël ». Et d’ajouter, sans rire : « Ils (les Israéliens) soutiennent les rebelles en Syrie. C’est très clair ».