La semaine passée, une salve de 5 missiles tirée par des drones américains a tué une vingtaine de combattants islamistes qui se trouvaient alors dans une maison du village de Spinwam, dans la zone tribale pakistanaise du Nord-Waziristan, où ont trouvé refuge les militants du mouvement taleb pakistanais, ainsi que ceux du réseau Haqqani, actif dans l’est de l’Afghanistan.
La veille, dans le district du Bas Dir, coincé entre la vallée de Swat et la frontière afghane, 16 membres des forces de sécurité pakistanaises ont été tués par un groupe d’environ 200 taliban.
Cela étant, le rythme des raids menés par les drones a baissé d’intensité au cours de ces dernières semaines. Le dernier bombardement dans le Nord-Waziristan, avant celui de la semaine dernière, remontait au 17 mars dernier. Lors de cette attaque, 39 personnes, présentées comme étant des civils et des informateurs de l’armée pakistanaise, avaient perdu la vie, ce qu’avait valu des protestations d’Islamabad auprès de Washington.
Depuis, les autorités pakistanaise ont demandé à leurs homologues américaines de réduire les effectifs de la CIA dans le pays. Cette requête faisait suite, aussi, à l’affaire Raymond Davies, un sous-traitant de la centrale de renseignement américaine qui, dans le cadre d’une enquête sur le mouvement terroriste Lashkar-e-Taïba, avait abattu deux personnes. Emprisonné dans un premier temps, il avait été libéré le mois dernier après le paiement d’un « dédommagement » de 2,3 millions de dollars aux familles des victimes.
Quoi qu’il en soit, la baisse de la fréquence des raids menés par les drones Predator de la CIA s’explique sans doute par l’abandon de cette dernière de la base de Shamsi, qui, située dans le Balouchistan, avait été mise à sa disposition par le gouvernement pakistanais au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.
« Oui, je peux confirmer que la base de Shamsi n’est plus utilisée par les Etats-Unis et que les 150 agents américains qui y étaient stationnés sont partis » a ainsi affirmé un responsable du renseignement militaire pakistanais à NBC, le 23 avril.
Il est désormais vraisemblable que les drones impliqués dans la dernière frappe au Nord-Waziristan aient été mis en oeuvre depuis une base située près de Jalalabad, en Afghanistan.
Même si les autorités pakistanaises ont souvent critiqué les raids des drones américains, il n’en reste pas moins qu’ils les ont aidées quand il était question de viser les dirigeants du mouvement taleb pakistanais, responsable d’une vague d’attentats meurtriers depuis juillet 2007. Le dernier en date, commis ce jour, a tué 4 officiers de marine et blessé 50 marins à Karachi. La veille encore, un bus a été attaqué dans le Balouchistan. Bilan : 13 morts.
Reste que, malgré les attentats quasi quotidien perpétrés au Pakistan, l’opinion publique pakistanaise est foncièrement hostile aux raids des drones américains. Ainsi, Imra Kahn, le chef d’un parti politique, a pris la tête d’une contestation visant à faire cesser ce genre d’opération. « Nous bloquerons les convois de l’Otan de Karachi à Khyber si les attaques de drones ne cessent pas d’ici un mois » a-t-il ainsi prévenu.