La crise qui frappe l’Italie touche aussi le Nord très industrialisé et traditionnellement prospère qui est "au bord du précipice économique", a affirmé jeudi le patron des patrons Giorgio Squinzi (photo ci-dessus).
Si le Nord s’effondrait, "il entraînerait à sa suite tout le pays qui retournerait en arrière de 50 ans et serait exclu de l’Europe qui compte", a déclaré M. Squinzi en ouverture de l’assemblée annuelle de la Confindustria, l’organisation patronale italienne, à Rome.
Le patron des patrons italiens s’est dit très préoccupé aussi par la poussée du chômage (11,5% et 38,4% chez les actifs de 15-24 ans).
"Le manque de travail est la mère de tous les maux sociaux", a souligné M. Squinzi en appelant à affronter ce problème "sur le plan structurel et de façon équilibrée en intervenant à la fois sur les coûts, la productivité et la réglementation". Selon lui, "les entreprises sont prêtes à soutenir l’action du gouvernement par des investissements et des embauches".
Il a souhaité que le gouvernement dirigé par Enrico Letta qui est le premier de l’après-guerre à rassembler la gauche et la droite, ait "devant lui le temps de mettre en œuvre les politiques nécessaires". Le patronat voudrait en particulier "une fiscalité qui soutienne, qui crée de la richesse et la distribue, qui soit transparente et respectueuse des droits des citoyens et des entreprises".
Selon lui, la relance de l’économie italienne doit "avoir comme pilier porteur la politique industrielle".
Le président du Conseil Enrico Letta assistait à cette réunion et a estimé qu’il faut "redonner la priorité à l’industrie" dans les économies européennes.
"On a pensé en Italie et en Europe pouvoir se passer de l’industrie, faisant de la croissance sans industrie ou en laissant la tête ici et en envoyant le reste ailleurs", a expliqué M. Letta.
Mais cette phase s’est terminée "par des résultats non positifs : l’UE a perdu son leadership". Selon lui, l’Europe doit être la force de propulsion pour atteindre de "grands objectifs comme porter le PIB de l’industrie manufacturière à 20% du total en 2020".
M. Squinzi a aussi évoqué "le drame" du secteur de la construction "une crise si profonde que nous demandons à vous, Monsieur le président (du Conseil) une intervention spéciale pour sauver ce volant fondamental de l’économie".
Le patron des patrons a aussi évoqué la nécessité de contrecarrer "la troisième vague de menace de credit crunch (réduction radicale des crédits alloués par les banques)", illustrée par le fait que le stock de crédits accordés a chuté de 50 milliards d’euros ces 18 derniers mois alors qu’"un tiers des entreprises ont des liquidités insuffisantes par rapport à leurs besoins d’activité".