Pour le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, il s’agit de « la seule manière de préserver la cohésion et les valeurs de l’Union européenne ».
La Hongrie est dans le viseur de l’Union européenne, et notamment du Luxembourg. Les prises de position du premier ministre conservateur, Viktor Orban ne semblent pas plaire au chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn. « Ceux qui, comme la Hongrie, bâtissent des clôtures contre des réfugiés de guerre, qui violent la liberté de la presse ou l’indépendance de la justice, devraient être temporairement, voire même définitivement, exclus de l’UE », a-t-il déclaré mardi dans une interview au quotidien allemand Die Welt.
Le ministre a fait d’abord allusion aux clôtures barbelées érigées par la Hongrie à sa frontière avec la Serbie et la Croatie, en juillet et septembre 2015. Concernant la liberté de la presse, le pays est classé 67e sur 180 au classement Reporters sans frontières 2016 (la France est 45e). Côté indépendance de la justice, le gouvernement mené par Viktor Orban exerce un pouvoir autoritaire avec une forte pression sur les institutions. Un haut magistrat, Andras Baka, avait été mis à l’écart en 2015 sans contrôle judiciaire après des critiques sur des réformes. Il a remporté son procès devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en juin.
« Nous savions déjà que Jean Asselborn était une personne peu sérieuse », a réagi le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto dans un communiqué. « Il vit à quelques kilomètres de Bruxelles, c’est un homme frustré et arrogant. Il parle d’exclure la Hongrie de l’UE mais il s’est lui-même exclu du cercle des politiciens sérieux. En bon nihiliste, il travaille de manière infatigable à la destruction de la culture et de la sécurité européennes », a-t-il ajouté. Car pour Asselborn, exclure ce pays est « la seule manière de préserver la cohésion et les valeurs de l’Union européenne », jugeant que l’UE ne « peut tolérer un tel comportement ». « Les Hongrois ont le droit d’exprimer leur opinion, et de décider avec qui ils veulent vivre et avec qui ils ne veulent pas vivre. Et ce droit, ni les bureaucrates de Bruxelles ni le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères ne peut leur enlever », a rétorqué Szijjarto.