Huit ans après la proclamation de son indépendance dans l’euphorie générale, le Kosovo, théâtre ces derniers mois d’interruptions de sessions parlementaires avec du gaz lacrymogène et de violences dans la rue, laisse l’impression d’un État qui ne fonctionne pas.
Pour Albin Kurti, fer de lance de l’opposition et leader des récentes manifestations contre le pouvoir, des mesures radicales sont nécessaires pour « sauver » le Kosovo.
« Nous agissons ainsi parce que ce pays est confronté à (...) un grand danger », explique à l’AFP M. Kurti, récemment remis en liberté après avoir été détenu en raison de son rôle dans les manifestations.
Depuis octobre, M. Kurti et ses collègues élus de l’opposition ont multiplié les interruptions de séance parlementaire en lançant du gaz lacrymogène dans l’hémicycle, paralysant de fait ses travaux.
Au sommet de la liste de leurs griefs : un accord de « normalisation » des relations avec la Serbie, conclu par Pristina et Belgrade sous la houlette de l’Union européenne.
Celui-ci prévoit notamment la mise en place d’une association des municipalités serbes au Kosovo, pour donner davantage de droits à cette minorité. Mais, selon ses détracteurs, il permettra à la Serbie d’avoir une mainmise sur les municipalités concernées.
Une nouvelle manifestation contre l’accord est prévue mercredi, jour de l’indépendance.
Pour les sympathisants de l’opposition, cependant, cette question n’est que le catalyseur d’un ras-le-bol beaucoup plus large.
« Le Kosovo n’est pas ce dont nous avons rêvé », dit à l’AFP Petrit Ramadani, 32 ans, cadre dans le secteur informatique, « nous sommes totalement déçus ».