Le Hamas a organisé dimanche une parade militaire massive dans la ville de Gaza, à l’occasion du 27e anniversaire de sa fondation.
À travers la ville de Gaza, des centaines d’hommes armés appartenant aux Brigades Izz-Din al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, ont défilé dans les rues principales, portant des lance-roquettes de fabrication artisanale et déployant une multitude d’armes. Des milliers d’habitants ont également afflué pour manifester leur soutien.
Pour la première fois, les combattants d’al-Qassam sont apparus avec des drones fabriqués dans le territoire assiégé et que le groupe a utilisés pendant la guerre de 51 jours contre Israël cet été, pour saisir et diffuser des clips vidéo au-dessus des villes israéliennes. L’intégralité des Brigades al-Qassam, y compris la défense aérienne, la marine, les équipes de construction des tunnels et encore d’autres, ont pris part à la marche anniversaire.
Abu Obaida, le porte-parole d’al-Qassam, est apparu en public lors de l’événement et a remercié la République islamique d’Iran ainsi que la Turquie et le Qatar pour leur soutien jamais démenti à l’égard du Hamas. Il a également averti Israël que si la situation ne s’améliorait pas et si blocus n’était pas été levé - comme convenu dans le cessez-le feu de cet été - le Hamas riposterait.
« Cette explosion n’est pas dans l’intérêt d’Israël » a-t-il dit.
Le Hamas n’acceptera rien de moins que la reconstruction complète de la bande de Gaza et « nous resterons avec vous [les habitants de Gaza] dans la bataille de la construction » a-t-il ajouté, tout en soulignant que la volonté du Hamas de résister ne sera jamais prise en défaut.
Le Hamas a également affiché des portraits de Mohammed Deif, le fondateur de la branche militaire qui a été pris pour cible par l’armée israélienne pendant la guerre. On ne sait pas s’il a été tué, blessé ou s’il est sorti indemne de l’attentat israélien, tandis que sa femme et ses deux jeunes enfants sont morts dans l’explosion.
Les médias israéliens ont été rapide pour qualifier la parade de « propagande » et d’acte de « guerre psychologique ».
Pendant la guerre de cet été, le Hamas a tiré des centaines de missiles sur Israël et a réussi à atteindre des cibles plus au nord que jamais. Dans cette attaque, environ 2 160 Palestiniens - la plupart des civils - ont été été tués et 11 000 blessés, selon les Nations Unies. Il ya eu [chiffres officiels] 70 tués du côté israélien, quatre étant des civils et le reste des soldats civils. Le journal israélienl Maarif a rapporté à ce propos la semaine dernière que 500 soldats israéliens avaient subi un handicap physique dans la guerre [ce qui signifie 500 tués et blessés - NdT].
« Le Hamas a été en mesure d’arrêter les ambitions de l’entreprise sioniste et de ce fait, celle-ci est aujourd’hui sur le point de s’effondrer et de disparaître », a déclaré Abou Obaida.
Au plus fort des combats cet été, le Hamas a laissé entendre qu’il avait capturé un soldat israélien, tandis qu’Israël a reconnu que le corps d’un autre soldat israélien avait été saisi pendant les combats.
Les deux côtés ont déjà procédé à des échanges de prisonniers, bien que les députés israéliens aient pris de multiples initiatives cette année pour empêcher de nouvelles libération de prisonniers palestiniens.
Cependant, Abu Obaida a souligné à la foule qu’une libération de prisonniers devrait bientôt se produire - et non à un moment dicté par les Israéliens.
« Les mains qui ont voté pour approuver la loi [interdisant les transferts de prisonniers] seront celles qui l’annuleront », a-t-il dit.
En 2006, le Hamas avait capturé le soldat israélien Gilad Shalit lors d’un raid transfrontalier et avait réussi à obtenir un échange de prisonniers en 2011, libérant ainsi 1027 prisonniers très majoritairement palestiniens.
Le Hamas, depuis sa création en 1978, a été étiqueté comme « organisation terroriste » par l’occupant israélien et la plupart de ses alliés occidentaux. Il a été fondé par son chef spirituel, le cheikh Ahmed Yassine, lui-même assassiné dans un raid aérien de l’armée israélienne ainsi que plusieurs autres dirigeants du Hamas en 2004.
Malgré tous ces meurtres, le mouvement a continué à renforcer son soutien populaire et en 2006 il a réussi à obtenir la majorité des voix dans les élections à Gaza - une évolution qui a provoqué une grave rupture avec la direction de l’organisation rivale du Fatah, basée à Ramallah.
Cependant, le mouvement qui voyait les Frères musulmans égyptiens comme son allié idéologique et stratégique, s’est retrouvé sur la défensive depuis que le président [dictateur] égyptien Abdel Fattah al-Sisi a lancé une vague de répression sur les partisans des Frères musulmans et d’autres groupes d’opposition.
Khalil Al-Haya, un dirigeant du Hamas et membre du Conseil législatif palestinien, a également parlé devant la foule.
« Ce déploiement de force que vous voyez n’est dirigé que vers l’ennemi sioniste », a-t-il dit, tout en soulignant que le Hamas aiderait à libérer non seulement Gaza, mais aussi la Cisjordanie et Jérusalem, la ville revendiquée par les deux parties comme la capitale qui leur revient.