Le prix Nobel de physique 2022 a été attribué au Français Alain Aspect, à l’Américain John F. Clauser et à l’Autrichien Anton Zeilinger, a annoncé mardi 4 octobre l’Académie royale des sciences.
Les trio de septuagénaires est récompensé pour ses découvertes sur l’intrication quantique, un mécanisme où deux particules quantiques sont parfaitement corrélées, quelle que soit la distance qui les sépare, a annoncé le jury Nobel.
La mise en évidence de cette étonnante propriété a ouvert la voie à de nouvelles technologies dans l’informatique quantique et des communications ultrasécurisées, ou encore les capteurs quantiques ultrasensibles qui permettraient des mesures extrêmement précises, comme celle de la gravité dans l’espace.
Cette mécanique déroutante était prédite par la théorie quantique. Pourtant, même Albert Einstein n’y croyait pas : deux particules jointes au départ – comme pourraient l’être des jumeaux – pouvaient garder la marque de leur passé commun et avoir un comportement semblable, à distance.
Affilié à l’université française de Paris-Saclay et à École polytechnique, Alain Aspect est âgé de 75 ans tandis que John Clauser a 79 ans et Anton Zeilinger, de l’université de Vienne, en a 77.
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On trouvera un portrait scientifique détaillé du chercheur sur le Journal du CNRS, où l’on peut lire notamment ceci :
« Je suis une très bonne illustration du stéréotype français, celui du jeune provincial qui quitte son petit village de Gascogne pour monter à la capitale », s’amuse Alain Aspect, assis à son bureau de l’Institut d’optique d’Orsay. Fasciné dès l’âge de dix ans par ses brefs mais intenses contacts avec la science et la technologie – « Je ne faisais alors aucune distinction entre les deux » se souvient-il – le jeune adorateur de Jules Verne en redemande, plus que ne peut lui offrir sa région agricole. En attendant, il démonte entièrement son premier vélo et d’autres objets techniques pour en comprendre les rouages : « J’avais parfois du mal à reconstituer ce que je désossais », avoue-t-il en riant.
Cette trajectoire de jeune provincial talentueux qui « monte à la capitale » pour exprimer tout son potentiel fait immanquablement penser au parcours de Jean Frêne (80 ans cette année), que rien ne semblait destiner à un autre chemin que celui de ses camarades de l’époque. Il avait d’ailleurs déjà commencé à travailler à la ferme quand les tests passés à l’armée, lors des trois jours, vont changer sa vie, le conduire au bac, aux études supérieures grâce à une bourse d’État, puis à la recherche scientifique comme physicien, ce qu’il ignorait encore quand a été réalisé ce reportage, qui nous fait toucher du doigt une France qui n’est plus.