Le Figaro, c’est ce quotidien de droite bourré de suppléments prestigieux : Madame Figaro, Le Figaro Magazine, plus les extensions internes comme Le Figaro littéraire (qui a bien changé), Santé, le Figaroscope (disparu depuis 2022)... Un navire amiral, et plein de croiseurs autour.
Dernier croiseur en date repéré par notre aviation, mais qui n’est curieusement pas répertorié par la direction, Le Figaro-Tsahal, qui existe mais pas sous forme de supplément identifiable. Le Figaro-Tsahal est inclus dans les pages – on dira même fondu – de manière furtive, pour reprendre le thème cher à Lucien Cerise. Malheureusement, c’est aussi furtif que lourd, comme le montre l’article suivant :
L’article étant payant, nous allons vous le résumer, en respectant l’auteur de ce publirédactionnel pro-israélien, un certain et désormais célèbre Hugues Maillot.
L’intro est sans fard :
Le Figaro a recueilli le témoignage de Moshe, 23 ans, durant une permission de 48 heures. Il raconte les combats et son « puissant désir de vengeance ».
Voilà qui va faire plaisir à Zemmour & Goldnadel, qui aimeraient bien que la chasse aux combattants du Hamas arrive un peu chez nous, comme l’explique Riton à Ripoline de Mauvaise Herbe :
"C'est toujours les Thomas qui tombent et les Chahid qui les tuent"
Eric Zemmour, Président de Reconquête, est l'invite d'Apolline de Malherbe dans le #FaceAFace. #ApollineMatin pic.twitter.com/nOy83AkBVE
— RMC (@RMCInfo) November 30, 2023
Il n’y va pas avec le dos de la cuillère à couscous, le Z ! Devant la furia (pourtant sioniste) de RMC, il montre une paire de couilles grosses comme la lâcheté des gars du Hamas. C’est ce que raconte Moshe, qui est frustré de ne pas avoir pu, avec sa compagnie, tuer plus de lâches.
En pénétrant dans la bande de Gaza, la brigade Guivati avait pour feuille de route de « purifier » la ville de Beit Hanoun, porte d’entrée du nord-est de l’enclave. Et trois objectifs : éliminer les terroristes, détruire les maisons piégées et découvrir les entrées des tunnels. Les otages ? « Ce n’était pas mes affaires, tranche Moshe. Mon but était de tuer le plus de terroristes possible. » Son escouade en a éliminé seulement six. Le soldat ne parvient pas à cacher sa frustration, inhérente à toute armée régulière engagée dans une guerre asymétrique. « Il n’y a pas de vrais combats car les terroristes du Hamas sont lâches, fulmine Moshe. Ils sortent des tunnels à trois ou quatre, tirent et retournent se cacher. » Les combattants islamistes utilisent surtout des kalachnikovs, mais aussi des missiles antichars. La méthode est sournoise mais efficace : plus de 70 soldats israéliens sont morts dans la bande de Gaza depuis le 27 octobre. Dans l’absolu, ce bilan demeure faible. Mais il est d’ores et déjà supérieur à celui de 2014, date de la dernière (et de la plus meurtrière) opération terrestre de Tsahal dans la bande de Gaza, qui avait duré un mois et dix-huit jours.
Pour info, la trêve a cessé ce 1er décembre 2023, et les combats ont repris. L’aviation israélienne continue d’écraser les immeubles de Gaza sous les bombes, histoire de préparer la reconstruction pour de futurs colons.
Des prisonniers ont été échangés, et la presse occidentale, donc française, s’est étranglée parce que le Hamas était en train de « gagner la guerre de l’image », sous-entendu, ces salauds ont volé l’image positive des juifs-victimes.
Des otages israéliens ont donc été échangés contre des prisonniers palestiniens, mais c’est un donnant-donnant de façade.
Alors que 117 Palestiniens étaient libérés ces 3 derniers jours, l’armée israélienne en kidnappait 116 autres en Cisjordanie.
Netanyahu dynamite ainsi tout échange futur de prisonniers.
C’est dire à quel point le sort des otages israéliens lui importe.pic.twitter.com/PdSerHBmyI
— Claude El Khal (@claudeelkhal) November 27, 2023
Le Figaro-Tsahal en vidéo (cliquez pour voir)
Le Figaro-Tsahal a aussi rediffusé la bande-annonce – en allemand ! – du film Tsahal (1994), de Claude Lanzmann.
À l’époque, il y a 30 ans, la Shoah servait encore d’excuse aux exactions de l’armée israélienne. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus compliqué.