À l’approche de la manifestation du 20 juin organisée par Civitas, nous avons souhaité un entretien avec Alain Escada.
MPI : Civitas appelle à une manifestation en soutien aux chrétiens persécutés le 20 juin prochain à Paris et vous affrétez des bus à partir de différentes villes. Pourquoi maintenant ?
Alain Escada : Civitas avait déjà organisé une manifestation en soutien aux chrétiens d’Orient. Nous avions aussi co-organisé une conférence de Sœur Agnès-Mariam de la Croix, venue de Syrie nous parler de la situation vécue dans ce pays. Mais, chaque jour, les nouvelles sont plus mauvaises encore. La chute de Palmyre, l’extension de l’État islamique, l’allégeance de différents groupes – dont Boko Haram – au calife auto-proclamé,… Et rien ne vient endiguer ce phénomène, bien au contraire. Trop de mensonges et de manipulations entourent cette actualité. Il faut se mobiliser et parler vrai.
Le 20 juin, Civitas et bien d’autres organisations vous appellent à manifester. Pour la modique somme de cinq euros, nous proposons des départs en car à partir de plusieurs grandes villes. Les places sont limitées et il ne faut pas tarder à s’inscrire. Il n’y a pas d’excuse pour ne pas venir montrer sa solidarité avec ceux qui sont persécutés.
Votre manifestation ne se limite pas à un soutien aux chrétiens d’Orient persécutés. Pourquoi ?
Devant le drame qui se joue, les mots ne suffisent pas. On ne peut s’apitoyer sur les sort des chrétiens d’Orient et d’Afrique persécutés par ceux qui se réclament d’un califat islamique sans chercher à agir pour mettre fin à cette abomination.
Il y a plusieurs façon d’agir. Nous pouvons, nous devons devrais-je même dire, parce que c’est un devoir pour tout chrétien d’Occident solidaire de ses frères d’Orient et d’Afrique, prier pour eux. Nous pouvons aussi contribuer à une aide médicale et humanitaire en soutenant des associations qui œuvrent là-bas.
Mais il faut aussi poser des actes politiques et rompre avec l’hypocrisie ambiante qui consiste à faire semblant de croire que l’Etat islamique est né spontanément et qu’une coalition internationale tente véritablement de détruire militairement cet État islamique.
L’État islamique a été voulu par un axe Arabie Saoudite-Qatar-Koweït-Turquie-États-Unis-Israël, dont l’ambition était de renverser Bachar el-Assad en Syrie. Mais la Syrie a mieux résisté que ce qui était prévu par ces apprentis-sorciers. Et les chrétiens d’Orient – et d’Afrique puisque l’influence du califat s’étend jusqu’au Nigeria – sont les victimes collatérales de cette géopolitique insensée, qui persiste à imposer un nouvel ordre mondial qui profite toujours aux mêmes. Les chrétiens ne sont d’ailleurs plus les seuls à souffrir de cette folie meurtrière puisque des yézidis, des musulmans chiites, alaouites et sunnites figurent également parmi les victimes des sbires de cet État islamique.
Vous réclamez donc des sanctions contre l’Arabie Saoudite. Contre ce pays uniquement ?
Il faut un commencement. Je viens de vous dire qu’il s’agit d’un axe Arabie Saoudite-Qatar-Koweït-Turquie-États-Unis-Israël. Commençons par désigner l’Arabie Saoudite que même le journal Le Monde qualifiait de « promotrice acharnée de l’extrémisme islamique [1] ». Ses frappes contre le Yémen facilitent l’extension d’Al-Qaïda sur place. Un ancien expert de l’Agence internationale de l’énergie atomique a même accrédité la thèse qu’un F-16 – probablement prêté par Israël à l’Arabie Saoudite – aurait largué une bombe à neutron sur le Yémen. Mais François Hollande, comme Sarkozy précédemment, se prosterne devant les monarchies du Golfe et leurs pétro-dollars. La diplomatie française négocie en ce moment une vingtaine de méga-contrats avec l’Arabie Saoudite (armement, énergie, aéronautique, transport, santé,…) pour un montant total de plusieurs dizaines de milliards d’euros. De quoi atténuer tous les scrupules de la classe politique UMPS. L’Arabie Saoudite va financer l’achat d’avions Rafale par l’Égypte. Le Qatar a également commandé vingt-quatre avions Rafale.
Nous appelons à sanctionner l’Arabie Saoudite mais il faut aussi sanctionner le Qatar et le Koweït. C’est Le Figaro qui écrivait [2] :
« Dans le minuscule émirat pétrolier du Koweït, les financiers du djihad sont bien connus (…) Cet allié des États-Unis reste la plaque tournante du financement international de la “guerre sainte” (…) de Daech, du Front Al-Nosra. »
Il faut donc aussi dénoncer le rôle de nos gouvernants. Ils sont co-responsables et ce doit être dit !
Pour réserver votre place dans les bus à destination de Paris, rendez-vous sur medias-press.info (en bas de l’article).