La présidente du Medef estime que des décisions en faveur de la compétitivité doivent être prises d’urgence.
LE FIGARO : Quel est votre diagnostic sur l’économie française ?
Laurence PARISOT : Nous savons tous que la situation économique est gravissime. Moi-même, je disais avant l’élection que la situation était préoccupante. Mais aujourd’hui, nous sommes passés d’un avis de tempête à un avis d’ouragan. Certains patrons sont en état de quasi-panique.
D’un côté, le rythme des faillites s’est accéléré durant l’été et aucun secteur d’activité n’affiche de prévisions autres que pessimistes jusqu’à la fin de l’année. Et par ailleurs, nous assistons à une défiance généralisée des investisseurs, résidents comme non-résidents.
Lorsque, pour investir, ils ont le choix entre plusieurs pays, les grands investisseurs étrangers excluent maintenant la France d’emblée. Dans ce contexte qui devient réellement dramatique, chacun doit prendre la mesure de l’urgence des décisions.
LE FIGARO : Justement, qu’attendez-vous du rapport que doit remettre Louis Gallois au gouvernement au sujet de la compétitivité ?
Laurence PARISOT : Je ne peux préjuger du contenu final du rapport mais une chose est certaine : la déception des patrons sera immense si un homme tel que Louis Gallois, qui fut un très grand chef d’entreprise et capitaine d’industrie, ne montre pas comment créer un véritable sursaut, ce que l’on appelle un choc de compétitivité.
Il y a dix ans, l’Allemagne était l’homme malade de l’Europe et si nous ne faisons rien, bientôt ce sera au tour de la France.
LE FIGARO : Louis Gallois a plusieurs fois milité pour un choc de 30 à 50 milliards afin de réduire le coût du travail. Partagez-vous son diagnostic ?
Laurence PARISOT : 30 milliards d’euros, ce serait le minimum pour réduire l’écart avec l’Allemagne. Or il est possible de financer une telle somme sans pénaliser le pouvoir d’achat des salariés. Nous avons baptisé la double hélice le système qui permettrait de le faire : nous proposons d’agir simultanément sur quatre paramètres.
D’un côté, on baisserait à la fois les charges patronales et les charges salariales. De l’autre, on augmenterait légèrement la CSG et la TVA hors produits de première nécessité.
Cette hausse des impôts indirects serait compensée par les deux premières baisses de cotisations. Peut-être faudrait-il prévoir des ajustements spécifiques pour les non-salariés ou les retraités qui, eux, n’en bénéficieraient pas. Nous sommes sur le point de demander officiellement au Haut Conseil du financement de la protection sociale de mesurer par des simulations précises l’impact de nos propositions.
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