La Corée du Sud et les États-Unis ont entamé lundi leurs annuels exercices militaires conjoints, selon l’armée sud-coréenne, alors que Pyongyang a déjà prévenu que ces manœuvres ne feraient qu’aggraver les tensions dans la région. Quelque 50.000 soldats sud-coréens et 17.500 militaires américains participent à l’exercice militaire dit Ulchi Freedom Guardian (UFG). Largement fondé sur des simulations par ordinateur, il se déroule en Corée du Sud et doit durer deux semaines.
La presse sud-coréenne a rapporté que Washington envisageait d’abandonner son projet initial de déployer deux porte-avions près de la péninsule dans le cadre de cet exercice. Mais le chef du Pentagone James Mattis a démenti dimanche que Washington ait cherché à apaiser Pyongyang en diminuant le nombre de soldats américains participant à l’UFG, qui étaient au nombre de 25.000 l’an dernier. Leur nombre a été réduit « à dessein afin de parvenir aux objectifs de l’exercice », a-t-il déclaré.
L’édition 2017 de ces manœuvres, présentées comme purement défensives, survient dans un contexte de tensions exacerbées et de guerre rhétorique entre Washington et Pyongyang.
Pyongyang a testé deux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) en juillet, des essais qui semblent mettre à sa portée une bonne partie du continent américain. En réaction, le président américain Donald Trump a menacé de déchaîner « le feu et la colère » sur le Nord. À quoi Pyongyang a répliqué en promettant de tirer une salve de missiles à proximité du territoire américain de Guam, dans le Pacifique. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a mis ce projet sur pause mais prévenu que sa mise à exécution ne dépendait que du comportement de Washington.
Malgré les tensions, un climat de sérénité à Pyongyang
En annonçant le 15 août 2017 qu’il renonçait – tout au moins pour l’instant – à procéder à des exercices de tir de missiles à proximité de l’île américaine de Guam, le Maréchal Kim Jong-un de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a permis de faire baisser d’un cran les tensions autour de la péninsule, ce qui a été salué même par le président américain Donald Trump comme une décision « sage ». De l’avis des experts occidentaux, les tensions avaient atteint leur point de paroxysme depuis 1994. Cette volonté de désescalade n’apparaît cependant pas nécessairement partagée par toutes les parties, puisque les exercices militaires annuels américano-sud-coréens Ulji Freedom Guardian, dénoncés par Pyongyang comme la préparation d’une invasion militaire, commencent comme prévu le 21 août 2017.
Des Nord-Coréens vaquant à leurs occupations et profitant du 15 août, jour de la libération de l’occupation japonaise et qui est férié dans l’ensemble de la péninsule coréenne : l’atmosphère n’était pas celle d’une veillée d’armes à Pyongyang. Les mesures de sécurité n’étaient pas non plus particulièrement renforcées lors de notre visite de la DMZ, le 18 août – mais celle-ci intervenait, il est vrai, trois jours après les déclarations des autorités nord-coréennes affirmant attendre avant de procéder à des exercices balistiques à proximité de Guam, siège d’une importante base militaire américaine dans le Pacifique.
Comment expliquer une telle différence de traitement médiatique avec l’Occident, où d’aucuns étaient prompts à voir la crise dégénérer en conflit ouvert très rapidement ? Car les exercices militaires américano-sud-coréens sont tout aussi proches de la RPD de Corée que le serait de Guam un tir de missile nord-coréen. Si l’on considérait qu’il y avait une menace dans les deux cas, celle-ci serait alors équivalente tant pour la RPD de Corée que pour les États-Unis
Si les Nord-Coréens, toujours prêts à faire face à une attaque, affichaient le calme des vieilles troupes, la vérité est que la RPDC, disposant à présent d’une dissuasion nucléaire complète (la miniaturisation des têtes nucléaires étant maîtrisée selon la plupart des experts occidentaux), se trouve au contraire plus en sécurité qu’auparavant, l’histoire récente faisant apparaître que jamais une puissance nucléaire n’attaque une autre puissance nucléaire. L’écart entre le traitement médiatique en Occident et en RPDC peut alors s’expliquer par le fait que, désormais, la Corée du Nord est désormais en capacité de faire face à une invasion étrangère – quand les États-Unis découvrent au contraire que leur territoire n’est plus sanctuarisé.
Les échanges qu’a eus la délégation de l’AAFC en RPDC, notamment avec le département des relations internationales du Parti du travail de Corée, confirment que les autorités nord-coréennes se préparent à toute éventualité – aujourd’hui comme hier et demain – tout en voulant préserver la paix et la stabilité. Il y a là la base d’un accord global. Mais les États-Unis et leurs alliés sauront-ils saisir cette opportunité, ou continueront-ils sur le chemin des sanctions et de l’escalade ? Dans l’immédiat, le maintien des exercices militaires Ulji Freedom Guardian n’apparaît pas comme le signal d’une volonté de reprendre le dialogue et de signer – enfin – un traité de paix en lieu et place de l’accord d’armistice de 1953. Il est plus que temps de garantir la paix et la prospérité en Corée et en Asie du Nord-Est.
(Source : amitiefrancecoree.org)