Quelques semaines ? Quelques années ? Difficile de dire combien de temps il faudra à la zone euro pour exploser. Mais depuis deux ans, mois après mois, la situation se tend davantage et tous les éléments du scénario se réunissent pour précipiter la chute de notre tour de Babel monétaire.
L’Italie et la Grèce en première ligne
Certains évoquent le fait que la France pourrait être le prochain maillon faible de la zone euro. Mais ce pronostic semble vain car l’Italie tombera avant, et avec elle, l’ensemble de cette construction baroque et artificielle qu’est la monnaie unique. En effet, la hausse des taux italiens menace dangereusement cet édifice fragile. Le cap des 7%, qui avait provoqué les plans grecs, irlandais et portugais a été franchi brièvement la semaine dernière.
Pire, les capitaux commencent à fuir l’Italie, comme ils le font en Grèce. Reuters a annoncé que pas moins de cinq milliards d’euros avaient quitté le pays le mois dernier, les agents économiques voulant se protéger d’une éventuelle dévaluation. Pas moins de 25% des capitaux auraient fui en seulement deux ans, affaiblissant dramatiquement le pays, qui ne peut pas se protéger du fait des traités européens. Encore un élément qui rapproche le cas de la Grèce de celui de l’Argentine…
Les forces de rappel existent encore
Malgré tout, l’installation à la tête de ces deux pays de deux eurocrates, comme l’a souligné Coralie Delaume, indique que les dirigeants de l’Europe ne veulent pas mettre fin à cette expérimentation monétaire ratée. A priori, l’ancien vice-président de la BCE en Grèce et l’ancien commissaire européen ne sont pas là pour détruire ce qu’ils ont construit mais plutôt là pour s’assurer que les politiques suivies à Athènes et Rome seront conformes aux directives européennes.
En outre, l’Italie a trois mois devant elle sans refinancement majeur de sa dette. Mais ce sera autre chose de février à avril avec plus de 100 milliards à lever. En outre, certains analystes soulignent que l’Italie peut supporter des taux plus élevés que la Grèce, le Portugal et l’Irlande du fait de la plus longue maturité de sa dette et de ses déficits, assez bas. Enfin, la BCE peut acheter la dette italienne et calmer la spéculation. C’est elle qui a fait repassé les taux sous les 7%.
L’Europe dans l’impasse
Malgré tout, ce ne sont que des pis-aller. En effet, l’Allemagne est extrêmement réticente au rachat des dettes publiques des pays européens. Non seulement elle y voit un risque d’hyperinflation comparable à celle qu’elle a connu au sortir de la première guerre mondiale. Mais en outre, elle y voit une forme d’aléa moral puisque ce sont les pays les moins vertueux qui en profiteraient, une sorte de prime au vice qu’un pays qui a fait beaucoup d’efforts ne peut accepter.
Mais la potion amère demandée par les instances européennes pour remettre de l’ordre dans les finances publiques est absurde. La cure d’austérité détruit la croissance des pays européens, compliquant le retour à l’équilibre des budgets nationaux, provoquant de nouveaux plans d’austérité, comme on l’a vu en Grèce ou au Portugal de manière violente, ou plus récemment en France, de manière plus modérée. Bref, pour essayer de sauver l’euro, les dirigeants européens saignent les peuples.
Il semble qu’il faudra aller jusqu’au bout de l’absurde et de la régression sociale pour provoquer un sursaut des peuples. A défaut d’un référendum, la Grèce pourrait bien être le terrain d’une révolte démocratique lors des élections législatives qui devraient se dérouler en février 2012.