La taxe sur les dépôts bancaires prévue dans le plan de sauvetage de Chypre négocié avec l’UE, qui touche durement les avoirs russes dans l’île, casse l’image d’une Europe civilisée et devrait provoquer un rapatriement des capitaux russes en Russie, estimait lundi la presse à Moscou.
La situation autour de Chypre montre que les déclarations sur l’économie européenne plus développée et civilisée que celle de Russie ne sont qu’un mythe, écrit le quotidien pro-gouvernemental Izvestia.
L’annonce de la taxe est un acte barbare de type soviétique, estime l’expert Pavel Medvedev, cité par le journal.
Seuls les bolcheviks pratiquaient de telles choses pendant la guerre ! Aucun autre pays au seuil d’une faillite n’a jamais agi de la sorte, s’indigne également le milliardaire Alexandre Lebedev, cité par Izvestia.
Même si les Russes payent toutes ces taxes, ils ne travailleront plus avec Chypre (...) et la fuite des capitaux va être colossale, affirme M. Lebedev, actionnaire d’Aeroflot et propriétaire des journaux britanniques Evening Standard et The Independent.
La nationalisation chypriote va provoquer le rapatriement (en Russie) des capitaux russes, a résumé Izvestia.
Que doivent faire ceux qui ont placé leurs avoirs à l’étranger ? Les transférer en Russie, car la situation en Europe empire et les mesures de l’UE deviennent de plus en plus draconiennes, estime de son côté le quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda.
Pour le président de l’Association des banques de Russie Gareguine Tossounian, cité par le quotidien, cacher son argent à l’étranger est la plus grande bêtise, car le rouble est l’une des devises les plus stables depuis des décennies. Et les banques (russes) aussi.
L’agence Moody’s a estimé à 19 milliards de dollars (14,6 milliards d’euros) au 1er septembre 2012 les seuls avoirs de sociétés russes placés à Chypre. S’y ajouteraient 12 milliards de dollars d’avoirs de banques russes dans des établissements chypriotes, selon la même source.