L’équipe de campagne d’Obama table sur la possibilité de convaincre une majorité d’électeurs que sa politique a permis une reprise lente, mais constante, de l’économie et que sa réélection est nécessaire pour éviter un retour à l’époque de George W. Bush.
Au cours de sa récente tournée des Etats fortement contestés d’Ohio et de Pennsylvanie, Obama a reconnu que « c’est dur pour vous » en terme du chômage, mais tout en insistant que les dernières statistiques économiques indiquent « un pas dans la bonne direction ». Mais on voit mal en quoi les chiffres du chômage pour juin, même truqués, pourraient indiquer un pas positif. Le rapport officiel du Bureau des statistiques du Travail (BLS) fait état de 80 000 emplois créés en juin, dont 25 000 étaient temporaires, c’est-à-dire mal rémunérés et à court terme, alors que le taux de chômage officiel s’est maintenu à 8,2 %.
Mais ces chiffres « officiels » ne présentent qu’un tableau partiel, comme l’admet le BLS. Celui-ci calcule plusieurs ensembles de données, mais d’habitude les plus précises ne sont pas commentées dans le domaine public. Pourtant, elles montrent le véritable état désastreux de la population active des Etats-Unis.
Prenons par exemple le taux U-6. A la différence du taux « officiel », qui ne considèrent comme sans emploi que ceux qui recherchent encore un emploi et bénéficient d’allocations chômage, le taux U-6 prend en compte ceux qui aimeraient travailler à temps plein, mais ne trouvent qu’un emploi à temps partiel, et ceux qui ont abandonné les recherches, c’est-à-dire les chômeurs de longue durée n’ayant plus droit aux allocations. Si le taux officiel fait état de 12,7 millions de sans emploi (8,2%), le taux U-6 met ce chiffre à 22,8 millions, soit 14,5% de la population active.
Et même le taux U-6 sous-estime les sans emploi, dans la mesure où il ne tient pas compte des jeunes en fin d’études qui n’ont jamais travaillé, ni ceux qui continuent leurs études faute de trouver un emploi. Selon Leo Hindry de la New America Foundation – auparavant un ardent défenseur d’Obama – le nombre de chômeurs s’élève en réalité à 28,1 millions, ou 17,3 %.
On constate que seulement 58,6% des adultes américains gagnent un salaire. Les Etats-Unis comptent aujourd’hui cinq millions d’emplois de moins qu’en 2008, l’année de l’élection d’Obama, dont 590 000 de moins dans la production industrielle et 1 049 000 dans le bâtiment ! Les nouveaux chiffres de juin 2012 font aussi ressortir un déclin de plus de la production industrielle et une toute petite amélioration dans le bâtiment.
Les jeunes sont particulièrement frappés. Le taux de chômage des jeunes adultes dans les zones urbaines varie de 35 à 50 %. Pour ce qui est des Afro-Américains, le taux de chômage est passé officiellement de 13,6% à 14,4% en juin.
Et pourtant, un Obama en campagne se félicite des « pas dans la bonne direction » ? Et affirme toujours que les problèmes sont la faute à George W. Bush ? Ceci explique, en partie, pourquoi tant d’élus démocrates abandonnent Obama. Mais cela ne résoudra rien en soi, puisque Mitt Romney est soutenu par beaucoup des mêmes intérêts de Wall Street ayant mis Obama à la Maison Blanche.