La France est championne de la pauvreté avant redistribution. Une fois les transferts effectués, le taux de pauvreté tombe à un peu plus de 14 %. Preuve de l’efficacité de la politique de redistribution. Mais cette politique, écrit Pierre Cahuc, ne traite pas les inégalités de manière structurelle, elle ne fait que les compenser.
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Explosion des inégalités
[...] la France est le pays où le taux de pauvreté avant impôts et transferts (mesuré par la proportion de personnes dont le revenu primaire est inférieur à 60 % du revenu médian) est le plus élevé. Il atteint 41 % en 2016. Il est de 10 points plus élevé qu’aux États-Unis ! Mais la France est aussi le pays qui réduit le plus le taux de pauvreté grâce à la fiscalité, puisqu’il tombe à 14,3 % après impôts et transferts, soit une chute de 27,2 points.
Malgré cet effort en matière de redistribution, d’autres pays font mieux que la France en termes de pauvreté.
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Des dysfonctionnements bien identifiés
Ainsi, le problème essentiel de la France est d’être la « championne » de la pauvreté avant redistribution des revenus. Cette situation résulte de la conjonction de plusieurs dysfonctionnements bien identifiés : un marché du travail qui exclut de l’emploi les personnes les moins productives ; un système éducatif qui reproduit voire accroît les inégalités sociales ; une formation professionnelle particulièrement inefficace ; une grande difficulté à évaluer et éliminer un ensemble de dispositifs coûteux qui ont tendance à enfermer des publics dans la précarité plutôt qu’à leur mettre le pied à l’étrier.
La redistribution, malgré son ampleur considérable en France, ne fait que pallier ces dysfonctionnements, elle ne les corrige pas. Seules des réformes structurelles, maintes fois évoquées, de notre marché du travail et de nos systèmes de formation et d’éducation sont susceptibles d’éradiquer les racines profondes des inégalités dont souffrent les plus démunis d’entre nous.
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