Ce patriotisme intransigeant qui nous anime est l’autre face de notre internationalisme. Nous ne partageons pas le point de vue de ceux qui estiment que la nation est un « concept dépassé ».
La nation, au contraire, est une réalité encore jeune, riche de potentialités pour une part encore étouffées sous la domination de classe de la grande bourgeoisie. En outre, quoi qu’on en ait, c’est dans le cadre national que se déroule d’abord les combats de classe.
Et puis ce n’est pas simplement affaire d’idées : nous aimons notre pays, nous luttons pour qu’il soit plus libre, plus heureux et, lorsque nous parlons de lui, le lyrisme nous vient facilement.
Chaque peuple est ainsi. Et lorsqu’on attente à sa liberté, à son indépendance souveraine, il se dresse et combat. Le parti communiste a toujours été, sera toujours à l’avant-garde de cette lutte-là.
Faut-il rappeler sa participation à la lutte contre l’envahisseur hitlérien et ses soixante-quinze mille morts pour la libération de la France ?
Faut-il rappeler son opposition au fameux Plan Marshall qui sous couvert de l’ « aide » américaine à l’Europe, inaugura cette longue période où les ministres français se succédaient à Washington pour y prendre les ordres ?
Aujourd’hui, de la même façon, nous disons un Non clair et résolu aux ambitions de l’impérialisme américain dont la main mise économique sur notre pays n’est déjà que trop pesante.
Nous voulons passionément, nous voulons absolument une France indépendante aujourd’hui et demain.
Nous voulons une France qui reprenne la tête haute, sa place dans la marche au progrès, et qui soit présente dans tous les grands domaines de la création humaine, une France libre, forte et heureuse.
Il n’y a pas un seul de nos militants que cette passion n’anime.
Georges Marchais, Le défi démocratique, Grasset, Paris, 1973, pp. 215-216.