L’émergence de classes moyennes en Chine et en Inde ne peut consoler les classes moyennes occidentales dont les revenus stagnent. Premières accusées : les élites.
Pour comprendre une question économique, rien ne vaut un bon graphique. En janvier 2015, Paul Krugman, prix Nobel d’économie et chroniqueur au New York Times avait choisi celui de « l’Éléphant » comme meilleur graphique de l’année. Il a été réalisé par Branko Milanovic, ancien directeur de la recherche économique auprès de la Banque mondiale, et circule entre économistes depuis que celui-ci a publié en avril son livre Global Inequality. Ce graphique illustre « tout simplement » les effets de la mondialisation entre 1998 et 2008 sur la population… mondiale. On peut en distinguer quatre.
Un recul de la pauvreté dans le monde. Les revenus des 2 % les plus pauvres ont ainsi augmenté de 20 %, tandis que ceux des 30 % les plus pauvres ont augmenté entre 20 % et 50 % ;
L’émergence d’une classe moyenne asiatique. Sur le graphique, les revenus médians ont progressé de 80 %. Or, la quasi-totalité des personnes se trouvant autour du revenu médian mondial sont originaires de Chine et d’Inde.
Un enrichissement important des plus riches – c’est la trompe de l’éléphant – dont les revenus ont progressé de… 70 %. « Ceux-là ont été protégés de la pression de la mondialisation parce qu’ils travaillent souvent dans des secteurs bien rémunérés non soumis à cette concurrence internationale... », a expliqué Branko Milanovic dans une interview donnée à Atlantico.
La stagnation des classes moyennes et populaires des vieux pays industrialisés. Les revenus situés ente le 80 et 85e centiles n’ont pas bougé. Cela concerne des gens dont 70 % sont situés dans les pays de l’OCDE. On peut donc dire que la mondialisation s’est faite au détriment des classes moyennes occidentales.
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Confirmation avec le ressenti des populations occidentales surtout européennes, que les gouvernements refusent de considérer, et l’article qui suit sur le libre-échange et ses effets sur les gens.
La méfiance grandit vis-à-vis de la mondialisation
Mauvaise passe pour le libre-échange : l’échec des négociations entre l’Union européenne et le Canada illustre une nouvelle fois la méfiance grandissante suscitée par la libéralisation des échanges et, plus généralement, par la mondialisation économique.
Malgré sept ans de tractations entre Ottawa et Bruxelles, le traité Ceta pourrait ne jamais voir le jour après avoir été rejeté vendredi par la Wallonie, région francophone de Belgique.
Négocié depuis moins longtemps, le traité transatlantique (TTIP) entre les États-Unis et l’UE n’est pas mieux emmanché : les ONG en Europe y voient le cheval de Troie d’une dérèglementation généralisée et la France souhaite l’arrêt pur et simple des discussions.
Quant au Partenariat transpacifique (TPP) réunissant douze pays de la région Asie-Pacifique, il a été signé mais sa ratification n’est pas pour demain. Les deux candidats à la Maison Blanche Hillary Clinton et Donald Trump ne veulent pas en entendre parler.
Le constat s’impose : un quart de siècle après l’effondrement du bloc soviétique et la brusque accélération des échanges mondiaux, l’élan vers l’abolition des frontières économiques semble s’essouffler. « C’est le résultat de plusieurs décennies d’incapacité des dirigeants politiques à prendre au sérieux les inquiétudes suscitées par le commerce international », assure à l’AFP Edward Alden, expert au Council on Foreign Relations de Washington.
Depuis plusieurs années, la libéralisation des échanges et la suppression progressive des droits de douane sont accusées d’avoir précipité la désindustrialisation et les délocalisations d’emplois vers des pays à faible salaires, au détriment des travailleurs peu qualifiés des pays riches. « La réaction violente (contre le libre-échange) a été causée par le manque d’attention porté à ces perdants de la mondialisation », assure M. Alden.
Ancienne négociatrice du Canada à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), Debra Steger y voit également une tendance grandissante à rejeter les difficultés économiques sur des éléments étrangers. « Les gens rejettent la responsabilité sur les immigrés, sur des biens qui arrivent dans leur pays », dit-elle à l’AFP. « Ils incriminent quelque chose qui vient de l’extérieur et oublient l’impact des changements technologiques ou des mauvaises mesures prises dans leur pays. »
Effrayés par le vote britannique en faveur du Brexit et le succès des discours protectionnistes de Donald Trump, les grands dirigeants économiques du globe ont récemment tenté de rectifier le tir.
Réunis en octobre à Washington, les ministres des Finances du G20 ont ainsi admis en choeur que la croissance n’était pas « équitable » et appelé de leurs voeux une mondialisation « différente ».
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