Un nouveau clou planté dans le cercueil du pétrodollar : Gazprom accepte désormais les paiements de ses livraisons de pétrole en roubles et en yuans.
Il y a quelques mois, lorsque la Russie a annoncé la signature du fameux contrat énergétique avec la Chine, considérée comme le Saint Graal, certains analystes furent déçus d’apprendre que malgré le fait que cet accord avait pour objectif de libérer le monde du pétrodollar, la Russie et la Chine avait libellé l’accord en dollars. Ce faisant, les deux nations admettaient que malgré leur souhait de se distancier du dollar, aucune alternative n’était encore disponible.
La situation a pourtant changé en juin, lorsque le CFO principal de Gazprom a annoncé que sa société était prête à encaisser les factures chinoises en yuans ou en roubles. Cette annonce avait coïncidé avec la réunion entre des haut responsables de la banque de Chine et de la banque de Russie, durant laquelle ils avaient discuté de la possibilité d’utiliser leur monnaie locale dans leurs échanges bilatéraux. Les sujets de la supervision financière, des cartes bancaires et des assurances avaient également été abordés.
Cependant, bien que tous les préparatifs soient en place afin de se passer complètement du dollar, on en était toujours aux préliminaires, tout en attendant que la première véritable flèche soit décochée en direction du pétrodollar.
Celle-ci vient d’être lancée.
D’après RIA Novosti, citant le journal Kommersant, Gazprom Neft vient de marquer son accord pour l’exportation de 80.000 t de brut en provenance de l’Arctique, qui seront payées en roubles. Le pétrole transitant par le pipeline ESPO (Sibérie orientale et océan Pacifique) vers la Chine sera quant à lui facturé en yuans. Ce qui signifie que la Russie exportera du pétrole soit vers l’Europe, soit vers la Chine, et recevra ses payements en roubles ou en yuans. Cela veut dire se passer totalement du dollar pour la première fois dans des transactions énergétiques majeures, et lancer le train de la dédollarisation de l’économie mondiale. (…)
Du côté de Gazprom, on n’avait de toute façon pas le choix, alors que 90 % de ses clients se sont déjà détournés du dollar (remplacé par l’euro ou le yuan) afin d’échapper aux sanctions américaines [1].
Tout ceci ne fait que confirmer l’analyse reproduite sur ces pages depuis quelques mois : le régime des sanctions contre la Russie ne va faire qu’accélérer la chute du dollar. Reste à savoir si c’est le fait de l’incompétence de l’administration américaine, ou de raisons plus obscures.