Ariane Fornia, écrivain, révèle à l’Express qu’elle a été agressée par l’ancien ministre de François Mitterrand.
À l’époque, Ariane Fornia ne reconnaît pas le septuagénaire assis à côté d’elle parmi les VIP de l’Opéra Bastille, catégorie « Optima », première rangée du premier balcon. Elle a vingt ans, elle est la fille d’Éric Besson, ministre de Nicolas Sarkozy en charge de l’Immigration, de l’Intégration et de l’identité nationale. Elle a une passion pour l’art lyrique et elle adore Wagner. Ce soir du printemps 2010, son père est retenu au ministère, il n’arrivera qu’à l’entracte.
La suite, Ariane Fornia la raconte sur son blog, Itinera Magica, dans un post intitulé #moiaussi.
« Au bout de dix minutes, le vieux monsieur a sa main sur ma cuisse. Je me dis qu’il doit être très âgé, perturbé. Je le repousse gentiment. Il recommence. Rebelote. Une troisième fois. Il commence à remonter ma jupe. Il glisse sa main à l’intérieur de ma cuisse, remonte vers mon entrejambe. J’enlève sa main plus fermement et je pousse un cri d’indignation, étouffé, bouche fermée. Tout le monde me regarde. Il arrête. Dix minutes plus tard, il recommence. Je lui plante mes ongles dans la main. C’est un combat silencieux, grotesque, en plein opéra Bastille. »
« Je ne veux pas être la seule qui se taise par lâcheté »
Éric Besson arrive à l’entracte. La jeune fille connaît le tempérament méditerranéen de son père, d’autant plus stressé qu’il est très exposé médiatiquement par son portefeuille ministériel. « J’ai peur qu’il aille casser la gueule du type en plein opéra et qu’on ne puisse pas finir la représentation. » Ariane Fornia se tait aussi, dit-elle, « par respect » pour la femme de son harceleur, qui se tient à ses côtés. Mais elle demande à l’officier de sécurité de son père le nom de l’homme. Après vérification auprès du protocole, il s’agit, écrit-elle, d’un « ancien ministre de François Mitterrand, membre de plusieurs gouvernements, grande figure de la gauche, décoré de l’Ordre national du mérite et de plusieurs autres Ordres européens ».