Avec son incontestable talent, entre tribun du peuple et vendeur de bretelles au pays des camelots (certes pas du roi), Jean Luc Mélenchon a parfaitement expliqué, devant un public complaisant et des journalistes séduits, pourquoi il avait décidé d’aller terrasser, dans son antre, l’une des filles de la « bête dont le ventre est encore fécond. »
Mais il ne peut éviter, ce faisant, la boursouflure et l’image de la grenouille se faisant plus grosse que le bœuf car, si on comprend bien, la bataille de Henin-Beaumont s’inscrit dans la continuité de la victoire du 8 mai des alliés contre le nazisme. C’est peut être un peu trop, comme cette haine qu’il n’arrive plus à dissimuler, ce désir de vengeance après une humiliation. Car si, comme il le dit, elle n’a pas atteint ses objectifs (20% et présence au second tour), c’est encore pire pour lui. Il a trouvé, en tout cas, un bon moyen de rebondir et de ne pas être trop vite oublié.
Cette décision est finalement, comme par hasard, le seul parachutage que les médias jugent légitime et intéressant. Le leader du Front de Gauche, qui a bien compris comment fonctionnait le système médiatico-politique, s’en sert à merveille. Il prend le risque, cependant mortel, d’être considéré comme un histrion et, de moins en moins, comme un révolutionnaire. Risque certainement calculé, le but étant de disputer une petite finale, de transformer une législative en troisième tour pour le challenger de la présidentielle en accaparant l’attention des médias., forcément anti-Le Pen, donc les alliés objectifs de l’opération à double tranchant.
Pascal Perrineau, responsable du CEPIFOF explique : « Pendant la campagne présidentielle, Le Pen contre Mélenchon, c’était un affrontement haut en couleur, certes ! Mais il faut espérer que la « bataille homérique » ne va pas être réduite à un échange d’insultes comme on en a déjà connu. A-t-on vraiment besoin aujourd’hui d’un show de plus, d’un spectacle ? L’heure est grave. La société française a surtout besoin de réponses.
Le PS peut brouiller les pistes ! N’oublions pas que le député sortant est socialiste, que la jeune candidate d’Europe Ecologie-les Verts se maintient, et qu’il faudra aussi compter avec le candidat UMP-MoDem. Les feux médiatiques vont être rivés sur le Pas-de-Calais. Mais est-il prudent pour Mélenchon de remettre le Front national au cœur de l’actualité politique alors qu’on en parlait un peu moins, justement, depuis la victoire de François Hollande ? Attention aux effets pervers d’une telle candidature. »
La présidente du FN ironise et constate « que ce n’est plus de la rage, mais de l’amour et que décidément Jean Luc ne peut plus se passer d’elle ». Cela étant, la candidature de Mélenchon va considérablement gêner sa campagne. Elle va donc l’éviter et le banaliser le plus possible. Ne pas dévier du cap et surtout espérer que l’arrivée du nouveau venu va rendre les choses encore plus difficile à gauche, améliorer les chances d’une candidate qui n’est plus, depuis longtemps, une parachutée.
Puisque une fois de plus les Le Pen sont au centre de l’actualité, est arrivé un nouveau prénom dans la famille : Marion, encore une fille, étudiante et candidate dans le Vaucluse. Chaperonnée par son grand-père, qui présentait vendredi à Cavaillon les cinq candidats FN aux législatives, Marion Maréchal-Le Pen a lancé sa campagne.
Ce département, dont les quatre députés sortants sont UMP (une cinquième circonscription a été créée en 2010) est une terre fertile pour le parti populiste. Marine Le Pen y a réalisé son meilleur score départemental au premier tour avec 27,03 % des voix, très près de Nicolas Sarkozy (27,44 %) et nettement devant François Hollande (22,34 %). Dans la 3e circonscription incluant une partie de Carpentras et où se présente Marion, elle a battu son record, avec 31,50 % des votes, devant Nicolas Sarkozy (27,65 %).
L’ironie était forte chez les journalistes vis avis de la petite dernière. Pour les médias, y-aurait-il des dynasties plus acceptables que d’autres ? Et la lignée Le Pen, qui n’est pas décidément pas prête de s’éteindre semble leur donner autant de boutons que Marine à Jean Luc.