Le 20 août dernier se tenait le premier tour des élections présidentielles afghanes. Quelques semaines plus tard, on connaissait les résultats du scrutin. Dans un cafouillage digne de la présidentielle américaine de 2000, le président sortant, Hamid Karzaï, avait d’abord été annoncé avec plus de 50% des suffrages. Des chiffres contestés par les opposants, convaincus que de nombreuses fraudes avaient eu lieu.
Après “enquête”, l’ONU devaient déterminer l’étendue des irrégularités. “Il est vrai que dans un certain nombre de bureaux de votes dans le sud et le sud-est, il y a eu des fraudes considérables, mais pas que là”, avait déclaré, Kai Eide, le représentant spécial des Nations Unies en Afghanistan. Impossible de noyer le poisson pour les pays occidentaux restées très discrètes jusque là.
Mais voilà, plutôt que d’invalider les élections (ce qui aurait été légitime vu l’ampleur de la mascarade), et probablement sous la pression des pays de l’OTAN -qui jouent leur crédibilité dans l’établissement de la démocratie en Afghanistan-, la Commission électorale a préféré proposer l’organisation d’un second tour entre les deux premiers candidats, Karzai, à qui l’essentiel des fraudes aurait profité, et Abdullah Abdullah. Elle avait alors établi qu’ils avaient en réalité obtenu respectivement 49,7% et 35,6% des voix. Des chiffres, au passage, probablement tout aussi imaginaires que les précédents.
Finalement, coup de théâtre -ou presque-, Abdullah Abdullah annonçait dimanche qu’il se retirait de la course, officiellement, devant l’impossibilité que les élections ne se tiennent de manière régulière. Mais étonnement, il ne donnait aucune consigne particulière à ses électeurs lors de sa conférence de presse et de façon beaucoup moins surprenante cette fois-ci, la Commission annonçait plus tard qu’en définitif qu’il n’y aurait pas de second tour. Qu’a donc reçu Abdullah pour qu’il se rétracte aussi docilement ?
Karzaï a donc été désigné vainqueur d’une farce qui aura duré 3 mois et qui se termine par un fameux désaveu pour les forces occidentales venues rétablir la démocratie et la liberté parmi les barbares.