Mardi, les députés ont adopté le TSCG par 477 voix pour et 70 voix contre. Ce faisant, ils renoncent à notre souveraineté budgétaire, héritée de la Révolution, et gravent dans le marbre une limite complètement absurde aux déficits. Heureusement que 70 résistants ont fait entendre leur voix.
Une trahison démocratique
Certes, le TSCG n’est qu’une des trois camisoles budgétaires que l’Union Européenne impose aux pays européens (outre le six pack et le two pack), mais cela montre que les technocrates bruxellois ont bien compris qu’il s’agit d’une étape absolument cruciale dans la mise sous tutelle et le démantèlement des Etats-nations. Comme le dit Nicolas Dupont-Aignan, il faut rappeler ici que la Révolution de 1789 a été provoquée par la question fondamentale des impôts.
Ce faisant, en se désaississant du contrôle du budget, les députés de la nation outrepassent leur mandat car ils devraient être les défenseurs de l’intégrité de notre démocratie, qu’ils bafouent par un tel vote. Comme toujours, ce sont trois organismes technocratiques qui seront les bénéficiaires de ce traité : la Commission, la Cour de Justice et un nouveau machin chargé de surveiller les budgets nationaux. Cette construction européenne n’aime décidemment pas la démocratie.
Une trahison économique
Mais ce traité n’est pas seulement un scandale démocratique. C’est aussi un scandale économique. Alors que deux « prix Nobel d’économie », Paul Krugman et Joseph Stiglitz, suivis par bien d’autres économistes, s’époumonnent à expliquer que l’austérité est contre-productive dans la période actuelle (ce que confirment les faits depuis plus de deux ans), les pays européens mettent en place un traité sanctifiant des politiques austéritaires délirantes qui vont aggraver la crise !
A ce titre, il est stupéfiant que des députés « de gauche » ou « socialistes » accordent leur suffrage à un tel traité, profondément antisocial. Tout ceci montre la bêtise de cette « gauche » qui vote absolument tout sur quoi il y a marqué « Europe ». On a l’impression que l’évocation de la divinité européenne provoque un arrêt total de leur capacité de réflexion. C’est à croire qu’ils accepteraient de rétablir le travail des enfants et le suffrage censitaire, du moment que cela viendrait de Bruxelles.
La résistance existe
Jacques Sapir, dans un très beau texte « Honneur au soixante-dix », rappelle que « l’ultime raison des peuples reste le pavé ». Car ces textes peuvent bien être votés, cette mauvaise europe est en sursis. Elle sera renversée par la colère légitime qu’elle suscite chez des peuples qu’elle torture économiquement. Ce n’est plus qu’une question de temps. L’Amérique du Sud a montré que les potions amères du FMI peuvent mener à une révolte démocratique, à la Lula ou Chavez.
Merci donc aux soixante-dix résistants qui ont sauvé l’honneur de l’Assemblée en s’opposant à ce texte. Ils sont à l’avant-garde de la recomposition de la vie politique française, préfigurée par l’excellente initiative du Forum Démocratique de lundi soir, qui avait rassemblé des opposants au traité. Logiquement, comme le montre Laurent de Boissieu, c’est plutôt la gauche qui a voté contre le TSCG, mais il faut noter qu’une quinzaine de députés UMP s’y sont également opposés.
Mais comment une majorité dite de gauche a pu faire passer à elle seule un tel traité ? Dans quelques années, les chercheurs politiques et le peuple regarderont avec incompréhension le choix de ces « socialistes ». Vivement que nous passions à autre chose.