On pourrait s’arrêter là : tout est dit. Le RN, sous la plume élégante de son numéro 2 Louis Aliot, vient de condamner les prétendues exactions des Gilets jaunes qui auraient franchi la ligne de la même couleur lors de l’Acte VI. On a l’impression qu’une quenelle en public vaut mille vitrines brisées par des casseurs stipendiés par l’Intérieur ou ignorés superbement par les forces de l’ordre. Qui préfèrent frapper des retraités ou grenader des manifestants pacifiques. Rien de tel pour énerver le troupeau et l’accuser de « violences ».
« À Paris, aucune vitrines brisée, aucun feu déclaré, pas de casseurs...grâce au fait que les forces de l’ordre ignoraient ou se rassembleraient les gilets jaunes... Très révélateur !! » (Vu sur Facebook lors de l’Acte VI)
On parlait de shoatisation (on attend toujours que les académiciens enfournent ce mot essentiel dans le dico) : il a donc suffi de trois quenelles chantées [1] pour relancer la répression shoatique de tout un peuple. Par un pur hasard dont la presse française est coutumière, Le Progrès a proposé le 20 décembre de cette étonnante année 2018 un article intitulé :
« L’école joue mieux son rôle, mais un Français sur dix ignore encore ce qu’est la Shoah. »
C’est le résultat très inquiétant (90% des Français sont donc shoatisés) d’un sondage commandé par vous savez qui ? La Fondation Jean-Jaurès, de triste mémoire libérale sioniste ! Et qu’est-ce que nous propose cette « fondation », en première page, pendant la révolte des Gilets jaunes ? Un article sur « l’Europe et les génocides : le cas français » ! Hallucinant. Ils habitent sur quelle planète, les Jeanjauressiens ?
« En novembre 2018, CNN publiait un sondage selon lequel 21 % des Français de 18 à 24 ans n’avaient jamais entendu parler de la Shoah, un chiffre particulièrement élevé parmi les populations européennes sondées. Un mois plus tard, la Fondation Jean-Jaurès, en partenariat avec AJC Paris, la FEPS et la Dilcrah, mesure avec l’institut de sondage Ifop un niveau similaire de méconnaissance du génocide des juifs au sein de cette catégorie de la population française.
Malgré le devoir de mémoire, malgré l’enseignement de la Shoah à l’école, malgré les commémorations annuelles, près d’un quart des jeunes Français déclare ne pas avoir entendu parler du génocide des juifs. Même si le niveau de connaissance dans l’ensemble de la population est élevé (90 %), les résultats obtenus auprès des jeunes interrogent : comment expliquer ce déficit de connaissance ? Quelles conséquences cette lacune a-t-elle sur leurs perceptions des juifs en France aujourd’hui ? »
Le reste est de la même eau, un brouet propagandiste de la plus belle facture. Ou comment refourguer de la Shoah à des Français qui peinent en fin de mois. La solution des bas salaires et des hauts prélèvements c’est la mémoire de la Shoah, si on suit leur raisonnement. Envoyons ça aux paysans qui se pendent, étranglés par les crédits, par la dette, on verra si ça marche.
Et donc, bien obéissant, Le Progrès reprend cette étude avec une jolie photo du chef de la SS :
- Le Progrès a osé écrire « Le Progrès » en filigrane sur Heini ! Blasphème ! Profanation ! Ce journal est-il vraiment antinazi ?
Merde, quel rapport avec nos fins de mois ? Les fins de mois difficiles à Auschwitz ?
La meilleure restera l’histoire de ce valeureux journaliste de 20 Minutes, le gratuit dans tous les sens du terme, qui a vécu une scène digne des années 30 et ce, en plein mois de décembre 2018, dans le métro parisien et même pas à Berlin ! Espérons que pour cet acte de grand courage et de grand fayotage, Thibaut Chevillard sera décoré par la Grand Croix de Yad Vashem (cliquez sur la manchette pour la voir en grand).
Israël va-t-il nous bombarder comme de vulgaires Gazaouis en guise de représailles ? Tremblez, Parisiens !
Voici le déroulé de ces événements gravissimes :
« Les faits se sont déroulés samedi soir vers 23 heures dans une rame de la ligne 4 du métro parisien. Thibaut Chevillard, journaliste à 20 Minutes, a raconté dans un thread devenu viral sur Twitter une scène à caractère antisémite dont il a été témoin entre des “gilets jaunes” rentrant de la manifestation parisienne et une dame âgée. »
La suite de l’interminable article est là. Il y a 10 ans à peine, on aurait cru à une parodie. Aujourd’hui, la parodie est devenue une inquiétante réalité.
Mais ce qui nous intéresse est le caractère automatique, désormais, de la nazification de toute contestation, sociale ou politique : en un coup de cuillère à pot, celui qui conteste la politique présidentielle, la répression fiscale ou les programmes télé se trouve accusé de nazisme. La reductio ad hitlerum n’a jamais été aussi loin.
Grâce ou à cause des Gilets jaunes, l’antisémitisme est maintenant partout, dans un jeune qui ne laisse pas sa place à une mamie dans le métro, alors qu’elle est abonnée à Tribune juive, ou dans une question sociale posée au gouvernement, du genre « les banques, euh, vous êtes sûrs qu’elles sont nos amies ? » On nage en plein tribunal de Nuremberg.
De tout cela on peut tirer une conclusion : il n’y a plus beaucoup d’arguments en face, et c’est la bonne nouvelle de cette shoatisation outrancière. Dommage pour les vraies victimes de la persécution des juifs, qui doivent se retourner dans leur tombe en lisant la presse française qui n’ose plus faire un pet de travers sur la question et qui fait une surenchère qui bascule dans l’humour involontaire. Tout le contraire de ce qu’il faut ! Regardez, même les mômes à l’école répondent – ces petits malins – qu’ils ne savent rien de la Shoah. Uniquement pour faire chier les profs et les propagandistes, et pas les victimes juives d’il y a 80 ans.
La médaille 2018 de l’Indignation sélective est attribuée à... Simone
Autant de stéréotypes antisemites tiennent sur une pancarte. Et on laisse passer ?? #GiletsJaune pic.twitter.com/1WPl7grxmA
— Simone Rodan-Benzaqu (@srodan) 19 décembre 2018