L’Amérique revient au Proche-Orient de la pire des façons, comme toujours. Après avoir soutenu les forces anti-Assad pendant le conflit syrien, jusqu’à laisser des armes aux djihadistes, la Maison-Blanche, incarnée par Joe-la-tremblote, laisse libre cours à la folie du pouvoir israélien : pas de cessez-le-feu à Gaza parce que ça ne profiterait qu’au Hamas. En revanche, la démocratie américaine a obtenu des « pauses » pendant les bombardements massifs pour laisser passer un peu d’aide humanitaire. Une frappe, un pansement, puis une autre frappe : c’est le tarif pour les Palestiniens.
Au 18e jour de guerre, les Israéliens disent avoir perdu 1 500 personnes, mais le chiffre est, comme les victimes de l’hôpital palestinien, invérifiable. En revanche, ce sont bien 1 500 journalistes internationaux qui ont été invités à une séance de cinéma israélien, organisée par l’armée, pour découvrir les horreurs du Hamas.
Les films ont été récupérés en partie sur les GoPro et les mobiles des combattants du mouvement religieux qui dirige la bande de Gaza [1].
« ...et qui montrent la cruauté, la barbarie, l’horreur qu’ont vécues les Israéliens qui sont morts dans ces attaques le 7 octobre dernier... »
Des photos de cadavres installés dans des morgues improvisées dans des containers (réfrigérés) ont fuité tranquillement sur Twitter, sans qu’on puisse en découvrir la totalité. Il y a ce qu’on nous montre, et ce qu’on nous raconte. Entre les deux, un grand trou que l’imagination doit combler.
Le passage de Macron à Tel-Aviv n’a évidemment rien changé, et ce, pour deux raisons : le président français, incapable de trancher ici comme là-bas, dit tout et son contraire. De plus, il a perdu tout crédit à l’international, puisqu’il est massivement rejeté par son peuple, qui n’est d’ailleurs plus le sien depuis qu’il a fait tabasser les Gilets jaunes. Non, au Proche-Orient, c’est l’administration américaine, c’est-à-dire le Pentagone, qui décide. Et qui décide du degré de violence de la vengeance juive. C’est tout. Sur le fond, Américains et Israéliens sont d’accord : nous avons un 11 Septembre, soit le 7 Octobre, et nous avons carte blanche pour ratonner de l’Arabe.
Cependant, au sein du département d’État (leur ministère des Affaires étrangères), cette politique du pire, qui a pourtant retourné l’image de l’Amérique dans le monde, sous le régime Bush Jr – c’est-à-dire Rumsfeld-Cheney –, les avis sont partagés sur cette répression atroce ne visant que des civils. Le Hamas avec ses combattants n’est qu’un prétexte : c’est le peuple palestinien tout entier qui est visé : un massacre (déjà 5 000 à 7 000 morts côté palestinien) destiné à provoquer une déportation vers le sud. Cependant, cette épuration ethnique sous prétexte de « réponse », cet euphémisme pour vengeance repris sans sourciller par Braun-Pivet, dérange une partie du département d’État, qui n’est pas plus humaniste que ça, mais qui calcule les dégâts à long terme du soutien à un pouvoir israélien devenu fou, et qui rêve de Grand Israël à coups de bombardements définitifs.
RFI relaie une petite information passée inaperçue, surtout dans nos médias, qui n’ont d’yeux que pour le « génocide » israélien.
C’est la démission de John Paul qui a déclenché l’incendie. Ce diplomate de très haut niveau travaillait depuis plus de dix ans au prestigieux Bureau des affaires politiques et militaires, l’organe chargé d’organiser les livraisons d’armes américaines aux pays étrangers.
L’attaque du Hamas sur le sol israélien est une « monstruosité », dit-il dans son mot de départ, « mais je crois au plus profond de moi-même que la réplique d’Israël, soutenue par l’administration américaine, n’entraînera que plus de souffrances aussi bien du côté israélien que palestinien : livrer d’urgence de l’armement à l’un des belligérants ne peut qu’être injuste et destructeur ». […]
Sous couvert d’anonymat, des cadres du département d’État parlent dans la presse américaine de déprime, de honte, de résignation et même d’une mutinerie en train de se dessiner. Les fonctionnaires mécontents s’apprêtent à signer en interne ce que l’on appelle un câble de dissidence, afin que leurs doutes soient entendus au sommet de la pyramide diplomatique.
Partout où l’Amérique impose sa « démocratie », elle produit de l’anti-américanisme. Avec Israël, elle soutient le pire des régimes, donnant par contraste aux pays autoritaires comme la Chine et la Russie une image beaucoup plus positive. Rien d’étonnant à ce que la Chine ait pu réunir à Pékin le 18 octobre 2023 (pour le forum des nouvelles routes de la soie) les représentants de 140 pays pour un commerce bilatéral dans un avenir sans guerre ! La Chine, qui a freiné son extension vers l’Europe à cause du conflit ukrainien, et qui tarde à récupérer sa mise en Afrique, regarde désormais vers l’Amérique.
France Info évoque le mégaprojet chinois reliant Asie et Amérique du Sud, qui affaiblirait le canal de Panama, cher aux Américains... Un gigantesque coup de pied au cul à la doctrine Monroe.
Les médias français n’ont fait aucune vidéo sur ce sujet pourtant stratégique. L’ingénieur péruvien explique que grâce à ce port et à l’autoroute Panamericana Norte, les produits sudaméricains, notamment brésiliens, ne mettront que 3 ou 4 jours pour passer d’un océan à l’autre, au lieu de 22 jours actuellement.
L’axe israélo-américain, affaibli et isolé diplomatiquement, s’enfonce dans la répression aveugle et une crise durable. Ces deux entités agressives ne ressortiront pas indemnes de cette énième guerre contre les peuples. La démonstration de violence n’est pas une preuve de force, bien au contraire.