Les infortunes des Pays-Bas évoquent celles de l’Ajax d’Amsterdam, qui dominait autrefois le football européen, écrit Lex dans le Financial Times.
Dans les années 1970, sous la direction de Johan Cruyff, l’Ajax avait remporté la Coupe d’Europe 3 fois d’affilée. Aujourd’hui, le club, dont subsistent les reliques du faste passé - de nombreux fans qui espèrent toujours son retour, un stade énorme, une masse salariale impressionnante -, peine à se maintenir au niveau européen.
La perte vendredi de la notation AAA, retirée par l’agence de rating Standard & Poor’s (S&P), est sans aucun doute une mauvaise nouvelle pour les investisseurs qui ne jurent que pour la Hollande, et qui considèrent qu’elle est un des acteurs majeurs du cœur de la zone euro.
Les taux d’intérêt des obligations souveraines du pays, de près de 2 %, ne représentent toujours que la moitié de ceux que l’Italie et l’Espagne doivent payer sur les leurs. En dépit de cela, l’économie hollandaise ne parvient plus à tenir son rang parmi les plus fortes du cœur de la zone euro. Sur les 2 dernières années, elle a été celle qui a connu le plus de difficultés, et cet état de fait devrait se maintenir en 2014.
L’éclatement de la bulle immobilière n’en finit plus de faire des ravages, et les cours de l’immobilier se sont effondrés de 20 %. Du coup, les dettes des ménages se sont alourdies, et elles représentent désormais 110% du PIB, selon S&P.
En 2010, la dette des ménages représentait 240 % des revenus disponibles, le ratio le plus élevé de la zone euro. La loi hollandaise ne limite pas les prêts que les particuliers peuvent souscrire dans le cadre d’une acquisition immobilière. Du coup, il n’est pas rare que les ménages empruntent pour 125 % de la valeur de la maison, afin que le prêt permette également de couvrir les différents frais associés à l’acquisition, et parfois même, l’achat simultané d’un nouvelle voiture.
Le désendettement des ménages, combiné avec les mesures d’austérité drastiques engagées par le gouvernement, explique pourquoi l’économie hollandaise stagne.
Selon Deutsche Bank, en 2014, la Hollande devrait connaître un taux de croissance de 0,4%, le plus faible de la zone euro. Pourtant le pays peut compter sur ses forces : un excédent commercial important, et l’adhésion de son peuple aux réformes fiscales et sociales. Il est ironique que les économies les plus saines du cœur de la zone euro commencent à plonger dans les difficultés alors que celles de la périphérie commencent à s’en sortir, commente Lex.
Car de façon remarquable, la note des Pays-Bas a été dégradée au moment même où celles de Chypre et de la Grèce viennent d’être relevées, et tandis que les perspectives pour l’Espagne ont été améliorées. « Pour les Hollandais, peut-être que la crise de l’euro ne fait que commencer », conclut Lex.