Beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneur, comme disait l’autre. À cette aune jugée, Marine Le Pen est une dame d’honneur. Explications.
Tout commence par une affiche, celle de l’UDC, mouvement nationaliste suisse, dirigé par Christophe Blocher, à quelques jours des élections législatives. Laquelle nous montre trois moutons blancs chassant un mouton noir du drapeau helvétique. Interrogée par le site Internet du Point, Marine Le Pen estime : « Tout cela relève de la pub, au même titre que les campagnes de Benetton, et que jamais son parti ne se lancerait dans ce type d’affichage. » Le problème est que ce journaliste – un jeune stagiaire, peut-être –, n’a que partiellement retranscrit les propos de la vice-présidente du Front national. Laquelle rectifie illico, dans un communiqué officiel, daté du 18 octobre dernier : « J’ai indiqué que cette affiche était un coup de pub efficace par l’impact qu’elle pouvait avoir en Suisse, mais que l’histoire de ce pays est différente de celle de la France. Le Point.fr omet de dire que, lorsque j’ai évoqué l’impossibilité pour le FN d’utiliser un tel message en raison de l’amalgame effectué entre immigration et couleur de peau, j’ai indiqué que c’était en raison du risque notamment pour nos compatriotes d’outre-mer de percevoir ce message comme un rejet. Rejet qui serait inadmissible puisqu’ils font partie intégrante de la nation française. » On ne saurait être plus clair et, surtout, se situer dans la droite ligne des fondamentaux du Front national, mouvement patriote, front rassemblant, depuis sa création, en 1972, des Français issus des horizons les plus divers, horizons religieux, ethniques, philosophiques et politiques.
Mais, dès le lendemain, Robert Spieler, président du mouvement Alsace d’abord, publie sur son blog (robert-spieler.net), une tribune intitulée : « Marine Le Pen, quelle conne ! » Quelle classe, Robert ! C’est plus du Bidochon que du Spieler… Même Charlie hebdo n’aurait pas fait mieux. Et notre galant homme de poursuivre : « Non contente d’avoir dramatiquement desservi les intérêts du camp national et identitaire, en insultant notamment les régionalistes, Marine Le Pen vient de signer son arrêt de mort politique en tant que représentante putative du camp identitaire. (…) J’accuse Marine Le Pen de trahir le combat identitaire, régionaliste ou nationaliste. J’accuse Marine Le Pen de trahir notre peuple et notre idéal. J’accuse Marine Le Pen de trahir honteusement les milliers de militants qui défendent avec dévouement leur région, leur patrie et leur civilisation européenne. J’accuse Marine Le Pen de se coucher lamentablement devant les lobbies du politiquement correct. Marine Le Pen a définitivement démontré qu’elle n’était pas des nôtres, et je la combattrai avec une détermination absolue. » Rien que ça… Mais, deux jours plus tard, le 21 octobre, le Bertrand Cantat alsacien – après les insultes, les coups ? –, se ravise : « J’ai utilisé à l’encontre de Marine Le Pen, dans le titre de mon article, un qualificatif malvenu que je retire bien volontiers en regrettant que ce mot ait pu la blesser. » Il est certes louable de promouvoir les patois locaux. Il le serait tout autant de maîtriser la langue de Molière. Laquelle, en l’occurrence, est formelle : « conne » est un mot blessant pour les femmes. Et « con » n’est pas un mot gentil, lorsque destiné aux hommes. Robert Spieler ignore ces choses, et n’entend manifestement rien au reste.
Puisque nous en sommes à l’explication de texte et au sens des mots, revenons sur cette mauvaise querelle relative aux régions. Là encore, Robert Spieler n’a pas compris, n’a pas voulu ou n’a pas pu comprendre. En effet, que dit Marine Le Pen ? Tout simplement ceci : « Alors que la nation française est attaquée à la tête, par la construction européenne, est-ce véritablement opportun de lui trancher les jarrets à son échelon régional ? » Rien de plus, rien de moins. Alors oui, Robert Spieler chérit son Alsace natale et c’est bien normal. Mais il est tout aussi légitime que Marine Le Pen en fasse de même de la Bretagne, province dans laquelle elle vient régulièrement se ressourcer, humant avec volupté l’odeur de son granit, de ses embruns, allant même parfois jusqu’à prétendre, avec une mauvaise fois toute celtique, qu’il ne bruine jamais en Bretagne : « Tu n’as rien compris, ce n’est pas de la pluie, juste de l’eau qui nous tombe du ciel… » Mais, à sa manière, Robert Spieler demeure cohérent. Et, tel que noté sur le site Internet voxnr.com, par Marc Georges, l’un des meilleurs chasseurs de signatures pour Jean-Marie Le Pen, en 2007 : « Monsieur Spieler a voté et appelé à voter oui au traité de Maastricht, ce qui du point de vue nationaliste est une trahison. Il ne fait pas mystère d’être hostile, et c’est son droit, à l’État-nation. Il est favorable à toute avancée institutionnelle vers une “Europe politique”, et a voté oui à la constitution européenne. Il est favorable au développement du bilinguisme franco-allemand en Alsace. Il s’est dit intéressé par le programme de François Bayrou pendant la présidentielle ! » Qui trahit là, les fondamentaux du Front national ? Marine la patriote ? Ou Robert l’européiste ? Dans la série, notre mal-comprenant, en regard de l’affiche de l’UDC, en met une autre en exergue, celle de la fameuse Beurette… Si ce turlupin avait deux ou trois notions de culture générale, il saurait que l’histoire suisse n’est pas celle de la France. Qu’une de ces nations fut colonisatrice et pas l’autre. Que nos compatriotes antillais ou réunionnais étaient Français avant les Savoyards, les Niçois et… les Alsaciens. S’il avait plus de culture politique, il saurait aussi que les fondamentaux du Front national consistent principalement, Le Pen dixit, à l’amour de la France, de toute la France. Le premier colistier de Jean-Marie Le Pen, le capitaine Sauvage, était Antillais et Noir de peau ; mais il s’agissait d’un héros de la Seconde guerre mondiale. Qui est Français, qui ne l’est pas ? Le sang versé est une assez bonne réponse. C’est cela, le Front national et la fameuse affiche de Marine Le Pen s’inscrit dans sa continuité doctrinale. Après, si cela ne plaît pas, loisir à chacun d’aller fonder son petit groupuscule, dans une cabine téléphonique et de chanter Les Lansquenets en faisant youp la boum autour d’un feu de camp, façon Castors junior en culotte de peau. De même, si Robert Spieler avait plus d’un livre dans sa bibliothèque, il saurait que toute l’histoire du mouvement national français, de Charles Maurras à Édouard Drumont, de Maurice Barrès à Gustave Le Bon, de Maurice Bardèche à Jacques Benoist-Méchin, a toujours été à la fois arabophile et islamophile et que le racisme lui a quasiment toujours été étranger. Pareillement, de René Guénon à Alain de Benoist tout en passant par Julius Evola, théoriciens plus militants européens que patriotes franco-français, cela devrait probablement mieux lui convenir, c’est plus l’axe euro-arabe ou l’Eurasie qui ont été mis à l’honneur que le petit repli sur le petit pré carré provincial. Mais, avec ce qu’ignore ce mufle – espérons qu’il ne parle pas à son épouse comme il s’adresse à Marine –, il y aurait sûrement de quoi emplir des encyclopédies entières.
Si les propos de Robert Spieler ont quasiment manqué de passer inaperçus, c’est aussi parce qu’un déferlement de haine sans précédent, qui dure maintenant depuis 2002, ont préparé les esprits faibles. Allez donc faire un tour sur Internet pour vous en convaincre. ras-le-bol-de-marine.blogspot.com, par exemple et pour ne citer que lui, site anonyme, tel qu’il se doit, mais dans lequel la benne à ordures fonctionne quotidiennement. Avec des attaques ignobles, contre la fille et le père. Attaques au-dessous de la ceinture. Relatives à la vie privée, aux orientations sexuelles présumées de leurs amis. Attaques naguère relayées par un journal courtois dont nous tairons le nom, histoire de ne pas flétrir la mémoire de son défunt fondateur, dans lequel il était assuré, noir sur blanc, que les amis de Marine Le Pen partouzaient au champagne avec des journalistes de Libération. Le tout avec allusions racialistes et considérations de chaisières à l’appui ; bref, l’inédite alliance du Christ-Roi et de la chambre à gaz. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui assuraient, il n’y a pas si longtemps, lors de la scission mégrétiste, que Le Pen n’était rien d’autre « qu’un vieux qui sentait la pisse… » C’est dire le niveau. Même Claude Askolovitch, journaliste du Nouvel Observateur et auteur d’un remarquable Voyage au bout de la France, brillant essai consacré au Front national, s’en était à l’époque indigné, assurant qu’il est des choses qu’on ne dit pas, même sur Jean-Marie Le Pen… D’autres objecteront “qu’en face”, ce n’est pas mieux. Faux. Si sur Internet, pullulent des sites tous plus nauséabonds les uns que les autres, fabriqués par des « militants historiques » autoproclamés, jamais Marine Le Pen et ses proches n’ont fait de même. En revanche, c’est celui de L’Esprit public, de Jacques Bompard, organisation ne brillant ni par son esprit ni par son public qui, des mois durant, a canonné Marine Le Pen, lui reprochant qu’elle trahissait, antienne éternelle, les « fondamentaux » du FN. Que fait aujourd’hui le maire d’Orange, si ce n’est relever les compteurs pour un Philippe de Villiers qui n’en finit plus de tapiner pour Nicolas Sarkozy ?
Une réflexion en appelant une autre, c’est sur celle-ci qu’il convient de conclure : il est quelque chose de commun à tous ces gens ayant fait profession de régulièrement cracher sur le Front national, c’est qu’ils n’en font pas, ou n’en font plus partie. Robert Spieler, comme tant d’autres, n’y est arrivé qu’à partir de 1985, soit quand la soupe y était enfin bonne. Avant, il n’y était pas. Depuis 1989, soit près de vingt ans, il n’y est plus. Les autres, ceux qui grenouillent en son orbite, leur parcours est tout aussi éloquent. Le Front national ? Ils l’ont quitté, y sont un temps revenu, l’on trahi, ont grassement bouffé à ses dépens, ont manqué de le détruire, durant la crise de 1998. Ont continué de le combattre depuis. De l’intérieur comme de l’extérieur. Et viennent, aujourd’hui, nous expliquer, de quelle manière Jean-Marie Le Pen devrait le diriger, nous donner des cours sur la manière dont il conviendrait de réussir, alors qu’eux, ont toujours tout raté. En d’autres termes, de quoi je me mêle ? Et depuis quand les boulets osent-ils se prendre pour des moteurs ? Mais comme l’écrivait le regretté Michel Audiard, ces gens-là osent tout et c’est même à cela qu’on les reconnaît.
Béatrice Péreire
Source : National Hebdo
Tout commence par une affiche, celle de l’UDC, mouvement nationaliste suisse, dirigé par Christophe Blocher, à quelques jours des élections législatives. Laquelle nous montre trois moutons blancs chassant un mouton noir du drapeau helvétique. Interrogée par le site Internet du Point, Marine Le Pen estime : « Tout cela relève de la pub, au même titre que les campagnes de Benetton, et que jamais son parti ne se lancerait dans ce type d’affichage. » Le problème est que ce journaliste – un jeune stagiaire, peut-être –, n’a que partiellement retranscrit les propos de la vice-présidente du Front national. Laquelle rectifie illico, dans un communiqué officiel, daté du 18 octobre dernier : « J’ai indiqué que cette affiche était un coup de pub efficace par l’impact qu’elle pouvait avoir en Suisse, mais que l’histoire de ce pays est différente de celle de la France. Le Point.fr omet de dire que, lorsque j’ai évoqué l’impossibilité pour le FN d’utiliser un tel message en raison de l’amalgame effectué entre immigration et couleur de peau, j’ai indiqué que c’était en raison du risque notamment pour nos compatriotes d’outre-mer de percevoir ce message comme un rejet. Rejet qui serait inadmissible puisqu’ils font partie intégrante de la nation française. » On ne saurait être plus clair et, surtout, se situer dans la droite ligne des fondamentaux du Front national, mouvement patriote, front rassemblant, depuis sa création, en 1972, des Français issus des horizons les plus divers, horizons religieux, ethniques, philosophiques et politiques.
Mais, dès le lendemain, Robert Spieler, président du mouvement Alsace d’abord, publie sur son blog (robert-spieler.net), une tribune intitulée : « Marine Le Pen, quelle conne ! » Quelle classe, Robert ! C’est plus du Bidochon que du Spieler… Même Charlie hebdo n’aurait pas fait mieux. Et notre galant homme de poursuivre : « Non contente d’avoir dramatiquement desservi les intérêts du camp national et identitaire, en insultant notamment les régionalistes, Marine Le Pen vient de signer son arrêt de mort politique en tant que représentante putative du camp identitaire. (…) J’accuse Marine Le Pen de trahir le combat identitaire, régionaliste ou nationaliste. J’accuse Marine Le Pen de trahir notre peuple et notre idéal. J’accuse Marine Le Pen de trahir honteusement les milliers de militants qui défendent avec dévouement leur région, leur patrie et leur civilisation européenne. J’accuse Marine Le Pen de se coucher lamentablement devant les lobbies du politiquement correct. Marine Le Pen a définitivement démontré qu’elle n’était pas des nôtres, et je la combattrai avec une détermination absolue. » Rien que ça… Mais, deux jours plus tard, le 21 octobre, le Bertrand Cantat alsacien – après les insultes, les coups ? –, se ravise : « J’ai utilisé à l’encontre de Marine Le Pen, dans le titre de mon article, un qualificatif malvenu que je retire bien volontiers en regrettant que ce mot ait pu la blesser. » Il est certes louable de promouvoir les patois locaux. Il le serait tout autant de maîtriser la langue de Molière. Laquelle, en l’occurrence, est formelle : « conne » est un mot blessant pour les femmes. Et « con » n’est pas un mot gentil, lorsque destiné aux hommes. Robert Spieler ignore ces choses, et n’entend manifestement rien au reste.
Puisque nous en sommes à l’explication de texte et au sens des mots, revenons sur cette mauvaise querelle relative aux régions. Là encore, Robert Spieler n’a pas compris, n’a pas voulu ou n’a pas pu comprendre. En effet, que dit Marine Le Pen ? Tout simplement ceci : « Alors que la nation française est attaquée à la tête, par la construction européenne, est-ce véritablement opportun de lui trancher les jarrets à son échelon régional ? » Rien de plus, rien de moins. Alors oui, Robert Spieler chérit son Alsace natale et c’est bien normal. Mais il est tout aussi légitime que Marine Le Pen en fasse de même de la Bretagne, province dans laquelle elle vient régulièrement se ressourcer, humant avec volupté l’odeur de son granit, de ses embruns, allant même parfois jusqu’à prétendre, avec une mauvaise fois toute celtique, qu’il ne bruine jamais en Bretagne : « Tu n’as rien compris, ce n’est pas de la pluie, juste de l’eau qui nous tombe du ciel… » Mais, à sa manière, Robert Spieler demeure cohérent. Et, tel que noté sur le site Internet voxnr.com, par Marc Georges, l’un des meilleurs chasseurs de signatures pour Jean-Marie Le Pen, en 2007 : « Monsieur Spieler a voté et appelé à voter oui au traité de Maastricht, ce qui du point de vue nationaliste est une trahison. Il ne fait pas mystère d’être hostile, et c’est son droit, à l’État-nation. Il est favorable à toute avancée institutionnelle vers une “Europe politique”, et a voté oui à la constitution européenne. Il est favorable au développement du bilinguisme franco-allemand en Alsace. Il s’est dit intéressé par le programme de François Bayrou pendant la présidentielle ! » Qui trahit là, les fondamentaux du Front national ? Marine la patriote ? Ou Robert l’européiste ? Dans la série, notre mal-comprenant, en regard de l’affiche de l’UDC, en met une autre en exergue, celle de la fameuse Beurette… Si ce turlupin avait deux ou trois notions de culture générale, il saurait que l’histoire suisse n’est pas celle de la France. Qu’une de ces nations fut colonisatrice et pas l’autre. Que nos compatriotes antillais ou réunionnais étaient Français avant les Savoyards, les Niçois et… les Alsaciens. S’il avait plus de culture politique, il saurait aussi que les fondamentaux du Front national consistent principalement, Le Pen dixit, à l’amour de la France, de toute la France. Le premier colistier de Jean-Marie Le Pen, le capitaine Sauvage, était Antillais et Noir de peau ; mais il s’agissait d’un héros de la Seconde guerre mondiale. Qui est Français, qui ne l’est pas ? Le sang versé est une assez bonne réponse. C’est cela, le Front national et la fameuse affiche de Marine Le Pen s’inscrit dans sa continuité doctrinale. Après, si cela ne plaît pas, loisir à chacun d’aller fonder son petit groupuscule, dans une cabine téléphonique et de chanter Les Lansquenets en faisant youp la boum autour d’un feu de camp, façon Castors junior en culotte de peau. De même, si Robert Spieler avait plus d’un livre dans sa bibliothèque, il saurait que toute l’histoire du mouvement national français, de Charles Maurras à Édouard Drumont, de Maurice Barrès à Gustave Le Bon, de Maurice Bardèche à Jacques Benoist-Méchin, a toujours été à la fois arabophile et islamophile et que le racisme lui a quasiment toujours été étranger. Pareillement, de René Guénon à Alain de Benoist tout en passant par Julius Evola, théoriciens plus militants européens que patriotes franco-français, cela devrait probablement mieux lui convenir, c’est plus l’axe euro-arabe ou l’Eurasie qui ont été mis à l’honneur que le petit repli sur le petit pré carré provincial. Mais, avec ce qu’ignore ce mufle – espérons qu’il ne parle pas à son épouse comme il s’adresse à Marine –, il y aurait sûrement de quoi emplir des encyclopédies entières.
Si les propos de Robert Spieler ont quasiment manqué de passer inaperçus, c’est aussi parce qu’un déferlement de haine sans précédent, qui dure maintenant depuis 2002, ont préparé les esprits faibles. Allez donc faire un tour sur Internet pour vous en convaincre. ras-le-bol-de-marine.blogspot.com, par exemple et pour ne citer que lui, site anonyme, tel qu’il se doit, mais dans lequel la benne à ordures fonctionne quotidiennement. Avec des attaques ignobles, contre la fille et le père. Attaques au-dessous de la ceinture. Relatives à la vie privée, aux orientations sexuelles présumées de leurs amis. Attaques naguère relayées par un journal courtois dont nous tairons le nom, histoire de ne pas flétrir la mémoire de son défunt fondateur, dans lequel il était assuré, noir sur blanc, que les amis de Marine Le Pen partouzaient au champagne avec des journalistes de Libération. Le tout avec allusions racialistes et considérations de chaisières à l’appui ; bref, l’inédite alliance du Christ-Roi et de la chambre à gaz. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui assuraient, il n’y a pas si longtemps, lors de la scission mégrétiste, que Le Pen n’était rien d’autre « qu’un vieux qui sentait la pisse… » C’est dire le niveau. Même Claude Askolovitch, journaliste du Nouvel Observateur et auteur d’un remarquable Voyage au bout de la France, brillant essai consacré au Front national, s’en était à l’époque indigné, assurant qu’il est des choses qu’on ne dit pas, même sur Jean-Marie Le Pen… D’autres objecteront “qu’en face”, ce n’est pas mieux. Faux. Si sur Internet, pullulent des sites tous plus nauséabonds les uns que les autres, fabriqués par des « militants historiques » autoproclamés, jamais Marine Le Pen et ses proches n’ont fait de même. En revanche, c’est celui de L’Esprit public, de Jacques Bompard, organisation ne brillant ni par son esprit ni par son public qui, des mois durant, a canonné Marine Le Pen, lui reprochant qu’elle trahissait, antienne éternelle, les « fondamentaux » du FN. Que fait aujourd’hui le maire d’Orange, si ce n’est relever les compteurs pour un Philippe de Villiers qui n’en finit plus de tapiner pour Nicolas Sarkozy ?
Une réflexion en appelant une autre, c’est sur celle-ci qu’il convient de conclure : il est quelque chose de commun à tous ces gens ayant fait profession de régulièrement cracher sur le Front national, c’est qu’ils n’en font pas, ou n’en font plus partie. Robert Spieler, comme tant d’autres, n’y est arrivé qu’à partir de 1985, soit quand la soupe y était enfin bonne. Avant, il n’y était pas. Depuis 1989, soit près de vingt ans, il n’y est plus. Les autres, ceux qui grenouillent en son orbite, leur parcours est tout aussi éloquent. Le Front national ? Ils l’ont quitté, y sont un temps revenu, l’on trahi, ont grassement bouffé à ses dépens, ont manqué de le détruire, durant la crise de 1998. Ont continué de le combattre depuis. De l’intérieur comme de l’extérieur. Et viennent, aujourd’hui, nous expliquer, de quelle manière Jean-Marie Le Pen devrait le diriger, nous donner des cours sur la manière dont il conviendrait de réussir, alors qu’eux, ont toujours tout raté. En d’autres termes, de quoi je me mêle ? Et depuis quand les boulets osent-ils se prendre pour des moteurs ? Mais comme l’écrivait le regretté Michel Audiard, ces gens-là osent tout et c’est même à cela qu’on les reconnaît.
Béatrice Péreire
Source : National Hebdo