Le rideau est tombé sur la scène de recueillement civique... avec l’accolade franco-israélienne ou encore, à parler franchement, la promesse de faire de la sécurité de l’entité sioniste « une cause nationale », bref, une cause commune !
Et la population musulmane fort nombreuse, tant en ville que dans les campagnes, de cette région, n’est nullement étonnée, seulement, chagrinée, pour les familles endeuillées, que l’on ait oublié de citer plus longuement les deux militaires parachutistes musulmans de la région, et le troisième antillais chrétien, qui auraient été assassinés par le jeune Merah avec le sang-froid et la précision du professionnel que chacun s’est surpris à découvrir : il s’agit là d’une négligence impudente, car le propre d’un acte présidentiel est, contrairement à l’esprit naturellement partisan d’un Premier ministre étranger, savoir d’un pays expansionniste parce qu’il se dit, conformément à la doctrine sioniste, ouvert aux « juifs » du monde entier, de représenter le corps national et de ne pas privilégier l’un des éléments ; et tout s’est passé comme si le crime commis contre cette école était la seule tuerie significative, cependant, que les deux autres attentats ne visaient que des extracommunautaires, ce qui n’ôte rien de la réalité, mais en diminue, apparemment, le degré. Il s’agit là d’une attitude irrespectueuse de l’égalité des hommes devant Dieu, tandis que notre égalité d’ici-bas, toute républicaine qu’elle se proclame, apparaît pour ce qu’elle est : l’identité des égoïsmes.
Le slogan révolutionnaire français de la Terreur était : « La liberté, l’égalité ou la mort », le terme de fraternité n’ayant été rattaché qu’en 1848 par le franc-maçon Louis Blanc à la devise qui est sur le fronton de nos édifices ! On a eu tenté d’y substituer liberté, égalité et propriété. Voilà ce qui pourrait être un objet de réflexion républicaine : les victimes sont-elles égales devant la mort ? Non, certains meurent plus vite, deviennent – à user d’un terme devenu emphatique – les secondes classes du train de la mémoire !
Il aurait été habile – et n’aurait rien coûté – au Premier ministre sioniste de s’adresser aux familles arabes et à l’antillaise endeuillées, qu’il a mentionnées sans plus ; mais l’instinct – surtout s’il vieillit, remarquait le philosophe Voltaire – s’aiguise et ne s’émousse pas. « Presque tous les quadrupèdes et les reptiles même perfectionnent, en vieillissant, leur instinct jusqu’aux bornes prescrites », écrit-il, en 1769 (Dialogue 29 sur les adorateurs ou les louanges de Dieu). Le routier de la politique qu’est M. Netanyahu, citoyen US – faut-il oublier de le dire ? – fait preuve, ainsi, d’un merveilleux instinct en sortant ses compatriotes victimes du terrorisme de la promiscuité d’autres personnages, auxquels il ne veut aucun mal mais qui troublent le foyer unique de l’attention à porter à cette formule : tout le monde peut être victime, mais Dieu veut que mes compatriotes, partout, dans le monde, soient considérés comme des victimes abattues à cause de leur nature, de leur être ! Mais les autres victimes arabes et antillaise – celles abattues, l’une, à Toulouse, les deux autres, à cinquante kilomètres, au sortir d’une caserne – ont été choisies, diriez-vous au Premier ministre, parce qu’elles étaient telles, tenues pour traîtresses, et le « Merah », ou celui qui tenait ce rôle, a voulu punir des mécréants qui avaient commis tel acte de collaboration !
Vous n’y êtes point, eût répondu le Premier ministre, si la démocratie formelle ne vous empêchait de vous adresser, directement, à lui, comme le fait le peuple, depuis plusieurs siècles, dans les cantons suisses : il y a autant de différence, répliquera le fanatique sioniste, qui veut attaquer préventivement l’Iran, non pour ce qu’il a fait, mais pourrait faire, entre ces trois là et les quatre autres, pour lesquels je me suis déplacé, dans une ville jumelée avec Tel-Aviv, depuis un demi-siècle, qu’il y en a entre le bon et le mauvais terrorisme : le bon est celui qui frappe les ennemis de mon État, et le mauvais celui qui touche la partie de l’humanité, sans qui le monde serait plongé dans les ténèbres de l’ignorance de la révélation divine !
Donc, il y aurait, bien sûr, une souffrance commune des familles franco-arabes, antillaise et israélienne, mais qui ne s’élève pas au niveau de l’orateur sacré, celui, surtout, de la religion de la république : les uns, tel est le nouveau catéchisme, sont simplement humains, et nous les respectons, par notre silence ou une parole du bout des lèvres, les autres témoignent de l’humanité comme telle ; sans eux, l’humanité n’aurait pas la même dignité – je sais que c’est difficile à admettre par ceux qui adoptent ce qui pour le fanatique sioniste est une hérésie chrétienne, musulmane ou même philosophique – et cette différence nécessite, pour être bien entendue, comme disait M. Sarkozy aux auditeurs de Dakar, d’être entré dans l’Histoire !
Combien d’autres, en effet, souffrent de n’être que des hommes, en premier, les Palestiniens, les Africains, que les marchands d’armes israéliens – ils ne sont pas les seuls, mais sont en tête de la classe – ont fournis en équipement militaire pour étendre la guerre civile et y inclure les enfants ; et maintenant les Syriens, qui sont certainement châtiés, pour leur soutien aux Palestiniens !
Depuis mon adolescence, je lis, avant même la guerre de 1956, l’existence de bombardements, soit des camps palestiniens au Liban, soit de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, et sous cette pluie de bombes, qui s’égrainent dans le temps, l’on entend une voix dont seuls les vrais habiles connaissent la nature, disant que la divinité, dont l’étincelle dans l’homme s’éveille, avec la morale, la discipline et l’obéissance, n’est pas ce que les prophètes nous disent, un Être plus haut que les passions humaines, indépendant de notre sensibilité, mais dont l’intelligence connaît notre sensibilité ! Cette nature est capricieuse, nous disent les faux prophètes, comme les statuettes, qui ne brillent qu’au passage du soleil, et il choisit, non en fonction de la justice, mais d’un accord par lequel il s’est lié les mains.
Il est forcé de reconnaître que cet Islam que l’on nous demande de considérer avec méfiance a, néanmoins, bien mis ce point en évidence, et qu’il serait temps, pour nous, de réclamer l’égalité non-fictive des privilèges malsains, mais réelle, qui est celle que, vu l’impuissance humaine, le guide du temps rétablira. Que Dieu hâte sa venue !