Bagarres, plaintes et intimidations se multiplient autour du Vieux-Port et dans les quartiers Nord.
Samia Ghali, la maire socialiste des 15e-16e, peut garder sa boule de cristal. "Cela fait des mois que je vois la campagne législative mal tourner dans les quartiers Nord. Et que je ne vais plus aux réunions où je risque d’être assise entre les deux candidats et leurs surenchères." La sénatrice n’a cependant pas été la seule à hausser les épaules, désabusée, hier, en apprenant qu’une échauffourée avait opposé la veille à Bernabo (15e) des colleurs d’affiche du député socialiste Henri Jibrayel et du candidat écologiste Karim Zéribi.
Chacun a porté plainte, se rejettant la responsabilité des coups pendant que les militants soignaient leurs blessures, qui à l’hôpital qui chez le médecin. "Karim Zéribi ne fait que jeter l’anathème sur mon nom, s’insurge Henri Jibrayel. Par les affiches, les insultes, les tags et les coups, il met la République à terre. On est dans une dérive totale qui peut aller au drame." Réponse tout aussi fracassante de Karim Zéribi qui fustige "la stratégie de l’agresseur agressé. Henri Jibrayel se pose en victime alors qu’il est pyromane. Il a eu des problèmes avec de nombreux élus socialistes et n’existe que par les faits divers. Ce système clientéliste doit disparaître."
Des mots tranchés qui rappellent une législative 2007 déjà très tendue entre les deux hommes et leurs troupes. Et durcissent un climat délétère que le socialiste Eugène Caselli, venu soutenir Henri Jibrayel, et l’écologiste Sébastien Barles, au côté de Karim Zéribi hier, tentent d’adoucir. "Je condamne les violences d’où quelles viennent et ne stigmatise personne", dit le premier. "Il est fou que des candidats sérieux se disputent ainsi sur des questions d’affichage. Cela signifie qu’il y a à Marseille des rapports féodaux aux territoires. C’est l’autre revers du clientélisme", assène le second en déplorant "un climat malsain." Et pas seulement dans le nord de la ville.
Si la guerre des afficheurs fait rage un peu partout, elle est plus brûlante autour du Vieux-Port où la candidate Front national Marie-Claude Aucouturier a saisi le procureur de la République pour une question de "recouvrement d’affiches" par celles de l’UMP et du PS. La réglementation n’entrera toutefois en vigueur que lundi 9 sur ce sujet. "Il faut que chacun se maîtrise", souffle donc le socialiste Patrick Mennucci. Candidat dans cette 4e circonscription, où il a déjà porté plainte après une agression début février, il a déposé hier une main courante après des "intimidations au Panier". Autre plainte dans le secteur, celle déposée par la Front de gauche Marie Batoux contre l’indépendant Omar Djellil, proche du FN, pour une "gifle"...
Tout cela ne serait que du classique de campagne, si cette multiplication d’incidents avait lieu ailleurs que dans des secteurs où la gauche est divisée par les dissidences, sur fond d’affaires politico-judiciaires, de querelles de personnes et d’ambitions pour les municipales 2014. De là à dire qu’en coulisses s’agitent les manipulateurs...