A l’occasion du 95ème anniversaire de la bataille des Dardanelles, la France avait envoyé en Turquie – et à la demande d’Ankara – l’aviso Commandant Ducuing et la formation de musique militaire de la Région Terre Nord-Est (RTNE) afin de participer aux cérémonies commémoratives.
Pour l’ambassadeur de France à Ankara, Bernard Emié, cette présence militaire « importante » témoignait « des progrès accomplis depuis quelques années dans notre relation militaire bilatérale » et « de notre volonté de développer encore plus cette relation ».
Seulement, à l’Assemblée nationale, le 22 décembre, une proposition de loi visant à punir la négation des génocides, dont celui des Arméniens, commis en 1915, a été adoptée à main levée par une cinquantaine de députés, ce qui a effacé les efforts jusqu’ici accomplis.
Ce texte a en effet provoqué la colère d’Ankara, qui nie toute volonté d’extermination des Arméniens aux moments des faits, à l’égard de Paris.
Cette affaire, qui relève des historiens, est ainsi devenue une question politique. En attendant, elle n’est pas sans conséquence sur la relation bilatérale entre la Turquie et la France.
En effet, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a d’ores et déjà annoncé le gel de la coopération politique et militaire de son pays avec la France. Ce qui suppose que, pour le moment, les manoeuvres conjointes entres les forces turques et françaises sont annulées.
En outre, la Turquie rejettera « dorénavant toute demande française pour les bâtiments de guerre de visiter les ports turcs » et décidera « au cas par cas » d’autoriser le survol de son territoire par des avions militaires français.
Cette dernière mesure risque d’être gênante pour les rotations et le ravitaillement des troupes tricolores déployées en Afghanistan..
Cela dit, le 17 décembre dernier, et comme en avant-goût des décisions à venir en cas d’adoption par les députés français de la proposition de loi controversée, l’armée turque avait accusé un C-160 Transall de l’armée de l’Air d’avoir violé son espace aérien pendant quelques minutes.
Il reste maintenant à voir quelles seront les conséquences de ce coup de froid sur le programme de l’avion de transport A400-M, auquel Ankara participe, avec 10 exemplaires commandés ainsi que sur les rapports des armées françaises et turques sur différents théâtres d’opérations comme en Afghanistan et au Liban ou encore dans le cadre de l’Otan.
Au-délà des échanges commerciaux entre les deux pays, cette affaire arrive au plus mauvais moment étant donné que la Turquie joue un rôle important dans les crises actuelles, notamment en Syrie et le nucléaire iranien.
D’où la réserve qu’aurait exprimé Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, au sujet de cette proposition de loi votée par l’Assemblée nationale.