La Turquie a procédé lundi au contrôle de routine d’un avion de transport arménien à destination d’Alep, quelques jours après avoir intercepté un avion civil syrien accusé de convoyer du matériel militaire russe à destination du régime du président Bachar al-Assad.
Parti d’Arménie, l’avion cargo, chargé selon les autorités arméniennes d’aide humanitaire, s’est posé vers 08H00 GMT à Erzurum (est de la Turquie) pour une escale technique convenue à l’avance avec les autorités turques pour permettre l’inspection de sa cargaison.
L’appareil a été autorisé à repartir en début d’après-midi, a indiqué le vice-Premier Bülent Arinç, qui a souligné que la cargaison était conforme au manifeste présenté par les pilotes.
M. Arinç a souligné que ce contrôle montre que nous sommes très sérieux au sujet du respect des sanctions internationales visant le régime syrien, notamment sur les livraisons d’armes, rapporte l’agence de presse Anatolie.
Après la poussée de fièvre provoquée par l’escale imposée mercredi soir à un Airbus A320 de la Syrian Air qui reliait Moscou à Damas, le gouvernement turc s’est efforcé de dédramatiser l’opération effectuée lundi.
L’appareil arménien a effectué un atterrissage technique à Erzurum, a indiqué le ministre turc des Transports, Binali Yildirim, à Anatolie, cela veut dire que le pilote de l’appareil a demandé de son plein gré à se poser en Turquie.
Auparavant, une source diplomatique turque avait indiqué à l’AFP que les autorités d’Ankara avaient autorisé cet appareil à traverser leur espace aérien à condition que l’avion accepte de se soumettre à une escale technique pour permettre une inspection de sa cargaison.
De son côté, le ministère arménien des Affaires étrangères a précisé à l’AFP que l’avion cargo transportait de l’aide humanitaire à destination de la Syrie et que son atterrissage en Turquie était prévu. L’atterrissage en Turquie avait été convenu à l’avance avec la partie turque, a déclaré le porte-parole du ministère, Tigran Balaian.
L’assistance arménienne pour la Syrie, où vit une communauté arménienne estimée entre 60 000 et 100 000 personnes, surtout à Alep, est composée de denrées alimentaires, a indiqué à l’AFP l’un des organisateurs du vol, Vahan Hovannisian, qui est député d’un parti nationaliste, le Dachnaktsoutioun.
Ces produits ont été envoyés en Syrie, ravagée depuis vingt mois par un conflit qui a dégénéré en guerre civile, dans le cadre de la campagne humanitaire Aide un frère, a précisé M. Hovannisian.
L’inspection de lundi intervient après que des avions de chasse turcs eurent forcé le 10 octobre un avion de ligne syrien à se poser à Ankara pour une inspection de sa cargaison, jugée suspecte par Ankara, qui a rompu avec le régime de Damas.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que cet Airbus de la Syrian Air transportait des munitions et des équipements militaires fournis par la Russie à destination de la Syrie. Damas a démenti catégoriquement et Moscou concédé que l’avion convoyait du matériel pour des stations radar tout à fait légal.
Cet incident a exacerbé la tension entre les deux pays voisins, déjà à son comble depuis le bombardement syrien du village frontalier turc d’Akçakale le 3 octobre, qui a causé la mort de cinq civils turcs. L’armée turque a riposté depuis à plusieurs reprises à des tirs d’obus syriens qui ont touché son territoire.
La Turquie et l’Arménie n’entretiennent pas de relations diplomatiques en raison de leur profond différend sur le caractère génocidaire des déportations d’Arméniens sous l’empire ottoman, en 1915. Une démarche de réconciliation entre les deux pays lancée en 2009 est restée sans effet.