Le Parlement turc a adopté mercredi soir une série d’amendements controversés qui renforcent le contrôle de l’État sur Internet, dénoncés comme « liberticides » par l’opposition turque et de nombreuses ONG, ont rapporté les médias turcs.
Ce nouveau texte permet notamment à l’autorité gouvernementale des télécommunications (TIB) de bloquer sans décision de justice les sites Internet portant atteinte à la « vie privée » ou publiant des contenus jugés « discriminatoires ou insultants ». Il permet également à la même TIB de requérir auprès des fournisseurs d’accès et de conserver pendant deux ans des informations sur les sites visités par chaque internaute.
Présentés dans le cadre d’un projet de loi fourre-tout par un élu du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, ces nouvelles dispositions ont été votées après quelques heures d’un débat animé avec l’opposition. Plusieurs de ses députés sont montés à la tribune mercredi pour dénoncer la « censure » imposée à travers cette nouvelle loi par le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002.
L’AKP dispose d’une majorité absolue de 319 sièges sur 550 au Parlement. Dans un « rapport sur la transparence » publié en décembre, le géant de l’Internet Google avait déjà classé la Turquie, avec la Chine, au premier rang des censeurs du web. Ce vote intervient alors que le gouvernement de M. Erdogan est éclaboussé depuis la mi-décembre par un scandale de corruption sans précédent, à la veille des élections municipales du 30 mars et de la présidentielle d’août 2014.
Voir aussi, sur E&R :
« La France, numéro un mondial des demandes de suppression de tweets »
« Surveillance généralisée : entretien avec Benjamin Bayart »