Deux banques françaises, Société Générale et Crédit Agricole, seraient impliquées comme HSBC et Deutsche Bank dans le scandale des manipulations des taux interbancaires Libor et Euribor, aux côtés de Barclays, a révélé le Financial Times mercredi.
Certains collaborateurs des quatre banques sont en effet soupçonnés de collusion avec Philippe Moryoussef, l’ancien trader de la Barclays de 2005 à 2007 accusé d’être au cœur des opérations. Selon les informations du quotidien britannique qui se réfère à un communiqué du régulateur américain de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), ce dernier aurait directement pris contact avec ses homologues qu’il connaissait personnellement ou grâce à ses précédents emplois.
La Barclays a déjà dû payer 290 millions de livres d’amende pour son implication dans l’affaire, ayant bénéficié d’une « remise » sur le montant en raison de sa participation à l’enquête. Bob Diamond, son directeur général, et Marc Agius, son président, ont récemment démissionné de leurs postes respectifs.
Le Libor (London interbank offered rate) - un taux de référence du coût auquel les banques se prêtent entre elles - et son équivalent européen l’Euribor ont été manipulés à grande échelle par les salariés des banques en question, pour masquer les difficultés du secteur. Cet indice sert de référence au prix de 350 000 milliards de dollars de produits financiers, du dérivé obscur au simple prêt au logement, puisqu’il est utilisé comme base de calcul de leurs prix.
La manipulation de ces taux remonte à 2006. Au printemps 2008, les analystes financiers estimaient alors qu’ils étaient valorisés de 20 à 30 points de base en dessous du coût réel de liquidité en dollars des banques. La pratique était utilisée lorsque les banques manquaient de liquidités et ne voulaient pas inquiéter leurs investisseurs. La sous-évaluation du Libor et de l’Euribor pénalisait en outre les autres banques.
Afin d’éviter une condamnation trop lourde, la Deutsche Bank a proposé aux autorités européennes de coopérer totalement avec les enquêteurs, a révélé dimanche l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. Quant à HSBC, elle est accusée d’avoir aidé certains de ses clients à blanchir des fonds en provenance de régions dangereuses. Elle risque une amende d’un milliard de dollars.