Vladimir Poutine veut faire de la Russie une grande puissance navale présente en Arctique, Atlantique et Méditerranée.
Six mois après avoir révisé sa stratégie militaire globale – désignant l’OTAN comme une menace pour la stabilité régionale – le président de la Fédération de Russie a fait du développement de la flotte militaire russe, sa priorité. La nouvelle doctrine navale remplace celle qui avait cours depuis 2001, prenant en compte le refroidissement des relations avec l’Ouest.
Pour la parade en mer organisée à l’occasion de la journée nationale de la marine, dimanche, le Kremlin avait choisi deux sites très symboliques : l’enclave de Kaliningrad – entre la Pologne et la Lituanie, deux pays membres de l’Alliance Atlantique – et la Crimée récemment annexée.
Dans le port de Baltiysk, sur la mer Baltique, le vice-premier ministre Dmitri Rogozine n’a pas fait mystère de la détermination du Kremlin. « Nous allons renforcer notre présence navale dans deux directions l’Arctique et l’océan Atlantique. La seconde priorité est bien évidemment liée au renforcement de l’OTAN à nos frontières. La Fédération de Russie devait y répondre », a-t-il notamment déclaré.
La nouvelle doctrine du Kremlin fait aussi de l’Arctique, la porte d’entrée des océans Indien et Pacifique. Moscou prévoit donc des coopérations renforcées avec l’Inde et la Chine. Moscou va acquérir de nouveaux brise-glace pour faire de l’Arctique « un accès sans restriction » et contrôler cette zone riche en ressources très convoitée. Elle prévoit aussi des investissements pour développer des infrastructures portuaires en Crimée, rattachée à la Russie à la faveur du conflit ukrainien en mars 2014. À Baltiysk, dans l’enclave russe de Kaliningrad, le président Poutine a aussi annoncé la création d’une nouvelle force de réservistes de marine.
Dans le port de Sébastopol en Crimée, où une parade avait également lieu, un tir de missile depuis une frégate a failli tourner au drame, l’engin échappant à tout contrôle pour exploser en mer, non loin des navires de guerre de la flotte et devant des milliers de spectateurs. Depuis la Crimée, la Russie va encore densifier sa présence en mer Noire, comme en Méditerranée (dix navires aujourd’hui). Ce qui reflète, déclarait Dmitri Rogozine, « les changements géopolitiques et l’ambition russe d’être une grande puissance navale ».
Concernant les deux bâtiments de projection et de commandement de type Mistral construits en France pour les Russes, mais qui ne seront pas livrées selon Paris, suite à l’annexion de la Crimée par la Russie, « la balle est entièrement dans le camp de la discussion politique », a déclaré Hervé Guillou, le PDG du chantier naval DCN, le 23 juillet. « Quand ces décisions seront prises, on verra à qui ils seront vendus. »